Une conférence de presse, du comité de défense de Baghdadi Mahmoudi, s'est tenue aujourd'hui le 3 août 2015, à l'hôtel Novotel de Tunis, en la présence de Béchir Essid et Mabrouk Korchid, avocats tunisiens de Baghdadi Mahmoudi, Clémence Witt du comité de défense français, Karim Khan, avocat britannique de Mahmoudi ainsi que des membres de sa famille et nombre de défenseurs de droit de l'Homme. Une conversation « secrète » a été diffusée lors de la conférence. Conversation dans laquelle Béji Caïd Essebsi suggère à Hamadi Jebali de livrer Baghdadi Mahmoudi aux Libyens motivant sa demande par le fait que les tribunaux tunisiens avaient ordonné d'extrader Mahmoudi. Béji Caïd Essebssi y ajoute que Baghdadi Mahmoudi fait partie du régime de Kadhafi qui était contre la révolution tunisienne précisant que ce n'est pas à Foued Mebazâa de décider de l'extradition de Mahmoudi, lui reprochant ses déclarations où il disait qu'il ne livrerait pas Mahmoudi aux Libyens.
« Nous avons des enregistrements de conversations entre trois figures du pouvoir installé à Tripoli, à savoir Nouri Bousahmine, Abderrahmane Souilhi et Seddik Essour » a affirmé Mabrouk Korchid, « dans ces conversations, ils traitent le groupe pro-Kadhafi, comparant devant le tribunal de Tripoli, de chiens et affirment qu'ils seront condamnés à mort et que la sentence sera appliquée deux mois après la délibération » a-t-il ajouté. L'avocat tunisien de Baghdadi Mahmoudi a souligné que celui-ci était victime de racket et de torture quand il était incarcéré à Mornaguia et a même tenté de se suicider à cause de ces mauvais traitements. L'avocat Meher Amaid a déclaré, pour sa part, que les autorités officielles libyennes avaient renoncé à demander l'extradition de Mahmoudi et que malgré cela, le ministère de la justice tunisien a insisté et l'a livré à une partie non officielle.
Quant à la position de Moncef Marzouki, Karim Khan, a précisé qu'il a rencontré l'ancien président et que celui-ci lui avait confié qu'il avait honte de ce qui s'est passé et qu'il fera le nécessaire pour rectifier le tir. Clémence Witt, du comité de défense français, a dénoncé les conditions de jugement et de détention de Baghdadi Mahmoudi. « Il n'a pas été jugé par un tribunal mais par des factions militaires » a précisé l'avocate, « Baghdadi Mahmoudi est incarcéré dans un camp militaire, dans des conditions périlleuses et pensant 3 ans nous avons effectué toutes les démarches juridiques et diplomatiques pour empêcher que le procès de Mahmoudi ne ressemble à celui de Sadam Hussein » a-t-elle affirmé. Clémence Witt a souligné qu'aucun entretien, confidentiel, entre l'accusé et ses avocats n'a été possible, contrairement à ce que stipulent les traités internationaux et que toutes les visites s'effectuaient sous la surveillance du directeur de l'établissement pénitentiaire.
Un membre de la famille de Baghdadi Mahmoudi a déclaré que tous ceux qui sont tombés en martyrs et qui ont défendu la patrie contre les forces de l'OTAN sont dignes de respect, y compris Moamar Kadhafi. Il a ajouté qu'il faut juger le gouvernement de Morsi en Egypte et le gouvernement de Jebali en Tunisie. Mabrouk Korchid a appelé à poursuivre en justice Hamadi Jebali ainsi que Said Ferjani « la boite noire du ministère de la Justice », qu'il accuse de complicité avec les services de renseignement étrangers. Il a affirmé que Nouri Bousahmine, Abderrahmane Souilhi, Essedik Essour et Hamadi Jebali seront attaqués en justice et devront comparaitre devant des tribunaux tunisiens et aussi en Angleterre, appelant le président de la République, Béji Caïd Essebssi, le président de l'Assemblée des représentants du peuple, Mohamed Ennaceur, et le chef du gouvernement, Habib Essid, à intervenir pour empêcher l'exécution de Baghdadi Mahmoudi.