La loi de la réconciliation devient un excellent outil de propagande pour différentes personnalités politiques représentant des organisations elles mêmes impliquées dans des scandales politico-financiers. Brandissant la bannière « Lui, il vole, toi tu paies », ces personnalités s'autoproclament toutes révolutionnaires, intègres et au-dessus de tout soupçon et réclament, de ce fait, le retrait de la loi qui devrait être présentée à l'ARP dans les prochains jours. Plutôt que de répondre pour leurs propres scandales, ces personnalités jouent la fuite en avant en tentant de salir l'adversaire politique, en l'accusant de corruption. Ainsi, Imed Daïmi chantre de la transparence et de l'intégrité, ne daigne toujours pas présenter au public les comptes de son parti CPR épinglé pour divers abus, financiers et politiques, par les trois rapports relatifs aux élections (l'un émanant de l'ISIE et les deux autres de la Cour des comptes). Idem pour Attayar de Mohamed Abbou qui n'a toujours pas présenté au public ses comptes 2014, ni ses comptes de campagne des législatives. Un parti fort impliqué dans la campagne de Moncef Marzouki, lui-même épinglé par la Cour des comptes.
Du côté de l'Instance de Vérité, et alors qu'on s'attendait à une réponse quant au nouveau et énième scandale qu'a fait éclater ce matin, mardi 25 août 2015, Akher Khabar, son directeur de la communication a préféré jouer la diversion en parlant de la loi de la réconciliation. Quant au public qui s'interroge comment se fait-il que dix millions de dinars aient été alloués à l'examen de deux dossiers uniquement (alors que la présidente jurait qu'elle est en train de traiter 250 dossiers), eh bien ce public se contentera de la réponse : « Nous sommes intègres, Sihem Ben Sedrine est militante, les ‘'mauves'' leur cherchent des noises, et la loi de la réconciliation est mauvaise ! ».
S'il est évident qu'un débat autour de cette loi ne peut être qu'une bonne chose dans une vie démocratique, il est également évident que ceux qui parlent d'intégrité et de transparence se doivent de donner l'exemple, en premier. Quand Daïmi and co traitent des hommes d'affaires de voleurs, il devient légitime pour ces mêmes hommes d'affaires de traiter Daïmi, Abbou and co de voleurs, en retour. Surtout que ces derniers sont des « voleurs » de fraiche date et attrapés la main dans le sac, si l'on se tient aux rapports officiels de l'ISIE et de la Cour des comptes. Une chose est sûre, c'est que les manœuvres de diversion n'ont pas trouvé un véritable écho, comme en rêveraient ses instigateurs.