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Faut-il payer pour les voleurs afin de pouvoir avancer ?
Publié dans Business News le 27 - 07 - 2015

Une campagne de dénigrement a commencé sur les réseaux sociaux, lancée notamment par les partis CPR et Attayar et par l'ONG I Watch. Objectif déclaré : s'opposer à la loi sur la réconciliation nationale. Ces parties ne veulent d'aucune réconciliation avec ceux qui se sont enrichis sous le régime Ben Ali, avant qu'il n'y ait d'abord un audit exhaustif sur leurs méfaits. La Tunisie a-t-elle besoin de cela ? La question prête à une double interprétation et la réponse n'est pas évidente.

L'ONG I Watch que dirige Achraf Aouadi a surpris les internautes lundi 27 juillet 2015 par une affiche montrant la photo de l'homme d'affaires et député Nidaa, Moncef Sellami, épinglé pour ne pas avoir remboursé des crédits de l'ordre de 41 milliards souscrits auprès de banques publiques, dixit l'affiche. Etonnant de la part d'une ONG qui a la réputation d'être crédible dans ses publications. Elle laisse entendre que l'homme d'affaires fait partie des insolvables qui s'enrichissent sur le dos du pauvre Tunisien, comme on le répète sans cesse ces derniers jours dans les différents forums proches des CPR-Attayar. Une idée qu'on tente de véhiculer dans l'esprit du Tunisien lambda, comme quoi le nouveau pouvoir est composé de leaders mafieux. Le mot « mafia » est d'ailleurs répété à longueur de journée par les leaders de l'opposition qui assimilent Nidaa au parti de l'arnaque et ses dirigeants à des mafieux.


Qu'en est-il au juste ? Pour le cas précis de Moncef Sellami, la manipulation d'I Watch saute au premier coup d'œil, avec le terme « milliards ». La devise tunisienne étant le dinar, l'utilisation du « milliard » ressemble plutôt au populisme qu'à la volonté de précision et de crédit, ce qui n'est pas le rôle d'une organisation prétendant chercher la transparence. La vérité étant que les crédits sont de l'ordre de milliers et millions de dinars en Tunisie, mais jamais de milliards de dinars. Et on dit bien jamais. La plus endettée des entreprises tunisiennes ne dépasse pas les 300 millions de dinars d'engagements.
Le cas de Moncef Sellami est le plus énigmatique du choix d'I Watch, car il colle à merveille à la transparence réclamée, justement, par I Watch et les différents partis. Ce député et homme d'affaires est à la tête de l'un des plus grands groupes en Tunisie, One Tech. Ce groupe est coté sur la Bourse de Tunis et ses comptes sont publiés chaque trimestre, à l'instar de l'ensemble des sociétés cotées. Il est contrôlé à la loupe par des commissaires aux comptes, par les actionnaires, par les analystes boursiers, par le CMF et par n'importe quel observateur, puisque ces comptes sont publics et en accès libre sur le web.
A la lecture des comptes de One Tech, on ne voit aucune réserve des commissaires aux comptes et on découvre un bénéfice net de 16,1 millions de dinars généré par les dividendes des entreprises du groupe de l'ordre de 17,652 MDT. Difficile de croire qu'une entreprise peut générer et distribuer des dividendes, après son introduction récente en bourse, alors qu'elle a des créances classées auprès de banques publiques.
Pourquoi parle-t-on donc de Moncef Sellami et non de Chafik Jarraya, de Nasr Ali Chakroun ou d'autres hommes d'affaires réputés proches des CPR et des islamistes ?

Aussitôt l'affiche d'I Watch mise en ligne, les différentes pages FB des islamistes et des CPR se sont donnés un plaisir de la relayer en masse. Y compris par les leaders d'opinion réputés proches des américains et des islamistes, à l'instar de Radwan Masmoudi ou Tarek Kahlaoui qui a posté un des commentaires les plus odieux et truffé de contrevérités. Coïncidence, I Watch a également cette réputation d'être à la fois proche des islamistes et des américains, tout comme Masmoudi ou Kahlaoui, mais on ne saurait trop répondre vu que l'ONG elle-même ne brille pas par une grande transparence sur les origines de ses fonds et les objectifs réels de sa mission.
Idem pour les personnes et les partis prônant la transparence à tout va, et s'opposant à toute réconciliation immédiate avec les « voleurs ». Huit mois après les élections, ni le CPR, ni Attayar et encore moins Ennahdha n'ont encore publié leurs comptes de campagne. Si Attayar a publié trimestriellement ses comptes dans un premier temps, et il était quasiment le seul à le faire, il a fini par rejoindre le club des partis aux chiffres opaques, puisque son bilan 2014 et ses chiffres 2015 n'ont toujours pas été rendus publics.
Autant d'éléments qui laissent entendre que la campagne entamée ne cherche pas plus la vérité et la transparence qu'un vulgaire règlement de comptes avec des figures bien déterminées. Ce qu'il faut savoir est que Moncef Sellami est aussi le patron du quotidien arabophone Le Maghreb, un des supports qui a dérangé le plus l'ancienne troïka et qui continue à dénoncer les manipulations politiques de Moncef Marzouki and co.

Ces différentes voix déclarent, à ceux qui veulent bien les entendre, qu'ils ne sont pas contre la réconciliation, mais que celle-ci doit être dirigée sous la bannière de l'Instance Vérité et Dignité. Or cette instance pose problème pour plusieurs observateurs politiques et pour le pouvoir actuel et ce pour différentes raisons.
La loi qui la régit souffre de plusieurs manquements, comme l'ont déclaré du reste certains parmi ses membres démissionnaires. Réformer cette loi, votée à l'époque dans l'urgence suite à la publication du Livre noir de la présidence de la République, ou proposer une autre loi, Béji Caïd Essebsi a choisi la deuxième option.
Le deuxième boulet de l'IVD est dans sa composition. Certains parmi ses membres actuels sont dans l'embarras et veulent rejoindre leurs collègues démissionnaires.
Sa présidente, Sihem Ben Sedrine, est une figure à problèmes qui est loin d'être connue pour son sens de la vérité et de la justice et encore moins de la dignité et du respect du sens de l'Etat. Ce ne sont pas les exemples qui manquent, entre les prébendes qu'elle recevait de l'étranger, à l'époque de Ben Ali, les violations des droits des journalistes de Kalima, les contrevérités à propos de son statut dans cette radio et des légendaires barbes artificielles, les plaintes déposées contre les syndicats des forces de l'ordre, les camions de déménagement de meubles mobilisés pour charger les archives de la présidence de la République à la veille de la passation de pouvoirs…
Bien qu'elle ait été officiellement élue, Sihem Ben Sedrine est connue pour sa grande proximité et son amitié personnelle avec les trois principales figures de la troïka, Rached Ghannouchi, Mustapha Ben Jaâfar et Moncef Marzouki, ce qui jette un très sérieux doute sur son équité dans le traitement des dossiers.

L'autre argument brandi par les opposants à cette loi est d'ordre idéologique. On refuse que des personnes ayant enfreint la loi y échappent, juste parce qu'ils vont passer par la caisse.
De ce prisme idéologique, l'argument tient debout. Reste que cette amnistie n'a rien d'extraordinaire. Il y a bien eu des amnisties fiscales en Tunisie aussi bien sous Ben Ali qu'après son départ. Il y en a eu dernièrement dans plusieurs pays occidentaux, après la guerre menée contre le blanchiment d'argent et l'évasion fiscale. Pour tous ces Etats, démocratiques et où règne théoriquement une véritable justice, il fallait aller de l'avant en amnistiant les évadés fiscaux, contre le paiement de pénalités faisant office de soldes de tous comptes et l'entame d'une nouvelle page. Ce type d'amnistie renfloue les caisses de l'Etat avec de la trésorerie immédiate et fait rentrer de nouveau dans le circuit de nouvelles ressources qui étaient versées dans des paradis fiscaux.

Politiquement, l'amnistie n'a rien de nouveau en Tunisie de l'après révolution et c'est la première chose qu'a faite l'ancien Premier ministre Mohamed Ghannouchi. Sans passer par la case justice, des personnes comme Imed Daïmi, Slim Ben Hmidène ou Rached Ghannouchi ont vu leurs antécédents judiciaires effacés d'un coup de stylo, sous prétexte de réconciliation nationale. A l'époque, en janvier 2011, la volonté était de tourner la page et d'aller de l'avant pour que le pays puisse avancer.
A l'exception de quelques voix discordantes, totalement inaudibles, on n'a pas vraiment contesté cette amnistie, ni penché de trop près dans les dossiers des personnes incriminées en se suffisant de dire qu'elles étaient « victimes de Ben Ali » et qu'il s'agissait de « militants ».
C'est le même principe appliqué, en 2011, par Mohamed Ghannouchi qu'applique, en 2015, Béji Caïd Essebsi. Seuls les bénéficiaires ont changé.
Si la révolution a permis de tourner la page à des personnes accusées de terrorisme ou réputées pour leur extrémisme, pourquoi ne ferait-elle pas de même pour des personnes ayant des malversations financières ou des évasions fiscales ?
Est-il frustrant de voir des voleurs échapper à la case justice ? C'est évident que c'est frustrant, mais c'est le prix à payer pour permettre au pays d'avancer et à l'Etat de renflouer ses caisses. Ceux qui ne veulent pas de cette réconciliation peuvent toujours revenir à la case départ, ouvrir tous les dossiers et exiger que tout le monde rende des comptes, aussi bien les voleurs que les terroristes.


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