Kamel Akrout, l'amiral et conseiller militaire auprès du président de la République était l'invité de Shems FM, ce jeudi 10 novembre 2016, pour annoncer la mise en place d'une nouvelle stratégie de lutte contre le terrorisme et la création d'une Agence nationale de renseignement qui sera encadrée par le Conseil de sûreté nationale. L'amiral est d'abord revenu sur la réunion du Conseil de sûreté nationale présidée par le chef de l'Etat, lundi 7 novembre 2016, au palais de Carthage, et qui a eu pour ordre du jour l'évaluation de la situation sécuritaire nationale et la mise en examen de la stratégie nationale de lutte contre le terrorisme et l'extrémisme.
Kamel Akrout a par la suite indiqué que la nouvelle stratégie dont il a été question prendra en compte trois grands principes fondamentaux, qui sont le respect des droits de l'homme, l'application de la loi et sa primauté ainsi que la prise en compte de l'aspect social et politique de cette stratégie. Selon ses dires « On ne peut pas se limiter au volet sécuritaire uniquement ». Cette stratégie aura une durée de vie de 5 ans et devra être impérativement révisée au fur et à mesure, selon M. Akrout.
Sur la genèse de la nouvelle stratégie, il a indiqué qu'une feuille de route a été élaborée et qu'elle a été signée par Béji Caïd Essebsi. Au niveau de la prévention du terrorisme, de la lutte contre l'embrigadement et de l'éradication des supports de propagandes des terroristes, l'amiral a expliqué que la nouvelle stratégie de l'Etat sera diffusée dans tous les ministères. Concernant les relations qu'entretiennent le commerce parallèle de contrebande et le terrorisme, l'amiral a déclaré « On peut en parler pendant des heures car ces relations sont ancrées et profondes».
L'amiral s'est également exprimé sur la future Agence nationale de renseignement et a déclaré « En novembre 2015, le chef de l'Etat en avait déjà parlé et nous pouvons dire qu'elle arrive aujourd'hui à point nommé. Ce qui est d'une importance primordiale c'est que cette nouvelle agence sera encadrée par le Conseil de sûreté nationale, il ne faut donc pas se précipiter lors de la création de ce monstre du renseignement ». Kamel Akrout a, par ailleurs, indiqué qu'en Tunisie il n'existait pas de loi régissant les renseignements intérieurs et qui permettrait de déterminer ce qui est secret et confidentiel de ce qui ne l'est pas.
A la question du journaliste : « Si nous n'avons pas de loi régissant les renseignements intérieurs, comment faisions nous depuis tout ce temps ? Etions-nous en conformité avec l'esprit du droit malgré ce vide juridique ? », L'amiral a répondu que le secteur était basé sur des circulaires et directives vu que la loi était inexistante. Il a précisé que malgré le vide juridique il n'y a pas eu de dépassements, ajoutant que la nouvelle stratégie de lutte contre le terrorisme viendra préciser les missions du ministère de l'Intérieur, de l'institution militaire, des renseignements extérieurs, de la douane et de la nouvelle Agence nationale de renseignements.
Concernant les dossiers des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, Kamel Akrout a indiqué que le chef de l'Etat a insisté sur la nécessité de déterminer les responsabilités de ceux qui sont impliqués dans ces assassinats et sur l'impératif de dévoiler les vérités sur cette question.
Enfin, l'amiral a également tenu à préciser que les informations dévoilées sur les plateaux de télévision à propos d'un coup d'Etat qui aurait été à l'origine du départ de Zine El Abidine Ben Ali est faux ajoutant que l'amour du drapeau tunisien est, pour lui, une religion à part entière.