Le patron d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, est un hyperactif, et il tient à le faire savoir. De Davos à Alger en passant par les visites régionales en Tunisie, Rached Ghannouchi fait ce que tous les partis devraient faire, des visites de terrain et du lobbying pour son parti. Le président d'Ennahdha explose son compteur de kilomètres pendant que ses adversaires politiques jalonnent les plateaux télé et radio. L'agenda de Rached Ghannouchi a de quoi faire pâlir tous les responsables politiques de Tunisie. C'est un hyperactif qui ne cesse d'arpenter le pays en long et en large outre ses déplacements à l'étranger et ses rencontres avec des dignitaires étrangers. Un coup d'œil sur ses activités durant le mois de janvier 2017 suffit pour s'en rendre compte.
Après une année 2016 chargée et clôturée le 31 décembre par une rencontre avec les membres des structures d'Ennahdha du gouvernorat de Ben Arous. Rached Ghannouchi prend une petite pause durant laquelle il se suffit de signer des communiqués dont celui qui prend la défense de l'élu Mohamed Frikha. Par la suite, son rythme effréné reprend le dessus à partir du 6 janvier, jour où il remet un prix à l'élue Ennahdha Hayet Omri et où il rencontre la gouverneure de l'Ariana ainsi que les membres du parti dans cette région. Le 7 janvier, Rached Ghannouchi participe à une conférence à l'Institut arabe des chefs d'entreprise (IACE) sous le thème de l'exception tunisienne et de l'unité nationale. Ensuite, il aura une rencontre avec les jeunes d'Ennahdha dans les régions du Nord et du Nord-Ouest. Le 8 janvier, Rached Ghannouchi enchaine avec une visite dans les gouvernorats de Sousse et de Monastir, l'occasion pour lui de reparler du choix du consensus fait par le parti, dans un dialogue avec les militants de ces régions. Il rentrera à Tunis juste à temps pour assister, à Tunis, au mariage de la membre du bureau exécutif du parti, Fatma Toumi.
Le 13 janvier, Rached Ghannouchi fait un passage télé chez Wataniya 1 à l'occasion de la commémoration de la révolution tunisienne, une apparition médiatique assez rare pour être signalée. Le lendemain, Rached Ghannouchi a participé à une conférence intitulée « Six ans dans le cheminement de la révolution tunisienne », organisée par le Centre des études stratégiques et diplomatiques en compagnie de personnalités comme Hichem Djaït ou Faycel Derbel.
Le 16 janvier, Rached Ghannouchi a effectué une visite à l'ambassade du Soudan en Tunisie à l'occasion de la journée nationale de ce pays. Il a été reçu par l'ambassadeur Abid Ahmed Mrawah. Il est à rappeler que les liens de Rached Ghannouchi avec le Soudan remontent à plusieurs décennies. Le jour même, le président d'Ennahdha a reçu une délégation de parlementaires canadiens en visite en Tunisie. En effet, le bureau de M. Ghannouchi à Montplaisir est devenu un passage obligé pour tous les visiteurs étrangers du pays. Le 17 janvier, Rached Ghannouchi est reçu par le président de la République, Béji Caïd Essebsi pour évoquer la situation générale du pays. Le soir, le chef d'Ennahdha assiste à la réception organisée à l'occasion du 70ème anniversaire de l'UTICA. Le lendemain, il s'envolera pour Davos pour assister aux travaux du forum économique mondial pendant lesquels il fera un certain nombre de rencontres de haut niveau. Le 21 janvier, Rached Ghannouchi entame une visite au gouvernorat de Mahdia. Il en profitera pour rendre visite aux familles des pêcheurs disparus en mer le 16 décembre 2016. Ce sera également l'occasion de rencontrer le gouverneur de la région, Mohamed Bouden, ainsi que les membres d'Ennahdha. Le 22 janvier, Rached Ghannouchi s'envole vers Alger sur invitation du président algérien, Abdelaziz Bouteflika, à bord du jet de la présidence algérienne. La rencontre a porté sur l'initiative diplomatique de règlement de la situation en Libye.
L'agenda effréné de Rached Ghannouchi est de loin plus chargé que celui de ses adversaires politiques. Le seul qui peut relativement s'en rapprocher est Mohsen Marzouk qui multiplie les visites de terrain dans différentes régions de Tunisie. Le président d'Ennahdha est extrêmement actif en comparaison avec la léthargie d'autres chefs de partis dits progressistes. Influencé par la situation internationale et les changements qui s'y opèrent, Rached Ghannouchi fait son lobbying et conforte sa position d'acteur incontournable des enjeux tunisiens. Dans ses différentes rencontres, il ne cesse de vanter « l'exception tunisienne » en présentant son parti, Ennahdha, comme un facteur stabilisateur et comme une garantie pour le maintien de cette stabilité.
Il faut également noter un conséquent travail de communication autour de Rached Ghannouchi, particulièrement via sa page Facebook. Cette page donne, au jour le jour, l'activité de Rached Ghannouchi mais y ajoute des extraits de discours, des apparitions médiatiques, particulièrement dans les médias étrangers, ainsi que des présentations de livres écrits par le chef d'Ennahdha. Une communication « positive » qui brosse le portrait d'un leader politique au dessus de la mêlée et qui ne se soucie que de l'intérêt du pays pendant que ses adversaires s'affrontent entre eux. Cette communication fait également la part belle aux relations internationales de Rached Ghannouchi et fait de lui un leader consulté et écouté par les plus hauts dirigeants.
Au-delà de l'aspect Com', Rached Ghannouchi a su se placer sur l'échiquier politique tunisien. Ennahdha paraît aujourd'hui comme le parti politique le plus stable et donc le plus fiable aux yeux des Tunisiens. La signature d'un contrat avec la firme américaine de relations publiques Burston-Marsteller en septembre 2014 est certainement pour beaucoup dans le virage opéré par Rached Ghannouchi et Ennahdha. Ces derniers continuent à se positionner sur la scène politique et dans l'esprit des Tunisiens pendant que les autres se chamaillent sur les plateaux ou font des déclarations pour le moins…stupides.