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Béji Caïd Essebsi, le rajeunissement d'un côté, l'anachronisme de l'autre
Publié dans Business News le 15 - 05 - 2017

A l'actualité cette semaine, un discours de 55 minutes du président de la République, des démissions précédant un scandale de gestion à l'ISIE, des retournements de veste dans l'opposition qui est au pouvoir, de l'argent sale qui sent à plein nez et un chef du gouvernement qui ne sait plus quoi faire.
Le discours du 10 mai 2017 de Béji Caïd Essebsi n'a pas réussi son objectif, celui de réunir les Tunisiens autour d'un projet fédératif et d'un objectif commun. Est-ce à cause du fond de son discours, de sa forme, de son entourage qui n'a pas su le « teaser » comme il se doit ou est-ce à cause de la mauvaise foi d'un public imperméable à toute proposition du président de la République, quelle que soit sa justesse et sa noblesse ?

Sur la forme, un président de la République qui vous prononce, à 90 ans, un discours de 55 minutes sans tomber dans le rébarbatif de la lecture d'une sempiternelle feuille reflète une vigueur et une maitrise du sujet que beaucoup de jeunes politiques lui envient. Quand on est incapable d'aligner trois phrases et deux idées dans un plateau télé, il vaudrait mieux s'abstenir de donner des leçons et de dénigrer ceux qui vous ont battu à plate couture aux élections, en dépit de leur grand âge.
Il n'en demeure pas moins que, sur la forme toujours, le président de la République a raté le coche avec ses blagues, ses piques entre les lignes et ses messages que les moins de 50-60-70 ans ne peuvent pas comprendre. Ce style « bourguibien » peut marcher des fois quand on s'adresse à un public acquis de fans, mais il devient anachronique quand on s'adresse à un large public, majoritairement jeune, qui n'est pas du tout sensible à ce style. Le risque est de ne pas être compris et de ne pas pouvoir convaincre cette population qui ne vous est pas forcément hostile. Convaincre de la justesse de ses choix et fédérer un maximum de citoyens à son projet devraient être l'objectif premier de Béji Caïd Essebsi. Reste à trouver la manière, mais ni lui ni son entourage n'ont pu réussir l'exercice la semaine dernière.
La conséquence est fâcheuse, car ce public qu'il aurait pu et dû séduire se trouve éloigné de vos projets et en proie d'être rattrapé par une opposition dont la légitime mauvaise foi le dispute à la dangereuse bêtise.

Béji Caïd Essebsi a su, un an après son élection, qu'il se doit de séduire une population majoritairement jeune pour pouvoir continuer. Il a mis en place une stratégie de rajeunissement en nommant un jeune à la tête du cabinet présidentiel (Slim Azzabi, 38 ans) et un autre à la tête du gouvernement (Youssef Chahed, 42 ans). A charge pour eux de donner l'image de jeunesse du pouvoir tunisien post-révolutionnaire et postélectoral.
Sa stratégie a été moquée et ses poulains ont été qualifiés par l'opposition de « froukh tetragues » (des gamins qui dansent en langage tunisien péjoratif). Cette même opposition qui regarde avec admiration Emanuel Macron en comparant son âge de 39 ans à celui de Béji Caïd Essebsi. Incohérence quand tu nous tiens !
Quel est le résultat de cette stratégie ? Pas grand-chose ! Slim Azzabi s'est muré dans la citadelle de Carthage et s'est coupé du monde réel. Il laisse faire et hausse les épaules.
Quant à Youssef Chahed, sa bonne volonté, son dynamisme et son planning chargé de 18 heures de travail par jour, n'ont pas suffi à convaincre. Il se doit en même temps d'affronter les problèmes ordinaires du poste de chef du gouvernement, les coups tordus ordinaires et légitimes de l'opposition, la bureaucratie classique et légendaire de l'administration, mais aussi les peaux de banane et les poignards dans le dos de son parti et de ses partenaires au pouvoir.
On demande à Youssef Chahed de redresser l'économie, mais quand il pond des mesures pour ce faire, on le bloque ! Et qui c'est qui le bloque ? Son propre camp et ses propres partenaires ! Exemple parmi d'autres, le projet de loi 66/2016 relatif à l'urgence économique et à l'accélération des grands projets. Il traine encore pour être présenté au Conseil de l'ARP.
On demande à Youssef Chahed de combattre la corruption, mais son projet de loi relatif à l'origine des biens demeure bloqué.
On demande à Youssef Chahed de trouver le moyen d'en finir avec l'évasion fiscale, mais on se rappelle tous de la solidarité corporatiste observée quand certaines professions ont été sommées de montrer pate blanche.
On demande à Youssef Chahed d'en finir avec le commerce informel et les mafias qui le dirigent, mais on voit bien comment l'opposition soutient les manifestations et les sit-in (financés par ces mêmes barons) à chaque fois que l'on opère un semblant de tour de vis.

La stratégie de rajeunissement mise en place par Béji Caïd Essebsi est donc en train de capoter. La cause n'est pas l'opposition, comme il l'a sous-entendu dans son discours, car l'opposition est dans son rôle de s'opposer. Il est du rôle de Moncef Marzouki et de Samia Abbou de vous mettre des bâtons dans les roues, de dénigrer tout ce que vous faites et de dresser la population contre vous. Avant de s'attaquer à l'opposition, Béji Caïd Essebsi devrait balayer devant « sa » porte, car ceux qui bloquent vraiment Youssef Chahed sont Nidaa et Hafedh Caïd Essebsi (son parti et son propre fils !) et Ennahdha, son partenaire principal au pouvoir.
Béji Caïd Essebsi a préféré faire son discours en l'absence de personnalités comme Mehdi Jomâa et Mohsen Marzouk (dont la capacité de nuisance est très réduite et le capital sympathie assez important) alors qu'il a invité Hafedh Caïd Essebsi et Ons Hattab (coupables de l'implosion de Nidaa) ou encore Habib Essid (coupable d'avoir laissé une bombe à retardement à Youssef Chahed) !
Puisqu'il a choisi la stratégie de rajeunissement, et elle est fort louable, Béji Caïd Essebsi se doit de donner les moyens à ses poulains de travailler. Qu'il empêche au moins les peaux de banane lancées par son propre entourage. Tout comme la forme de son discours, ces méthodes de politique politicienne de tenir en laisse ses poulains sont totalement anachroniques !

En 2011, il disait lui-même, quand il était Premier ministre, que c'était lui qui gouvernait et qu'il voulait gouverner seul. Il a donc le devoir moral, par cohérence au moins, de laisser Youssef Chahed gouverner seul en levant les obstacles mis sur sa route par Nidaa. Faut-il rappeler que Nidaa est dirigé par son fils et son chef de cabinet ?
Emanuel Macron a été investi hier à l'Elysée. Sans François Hollande, pareille investiture n'aurait jamais pu avoir lieu. Grâce à ce coup de pouce, la France a un président de 39 ans et François Hollande a pu quitter la présidence par la grande porte.
Béji Caïd Essebsi a intérêt à faire pareil avec Youssef Chahed. La Tunisie a intérêt à ce qu'il fasse pareil !


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