Avec un tiers de la surface de la Tunisie fait de déserts, le pays dispose d'une richesse forestière faible estimée à 1 million d'hectares. En ces mois caniculaires d'été et en raison d'une haute inflammabilité des surfaces végétales, les feux de forêts font chaque année des ravages. Cet été 2017 n'échappe pas à la règle. Depuis les derniers jours de juillet, plusieurs régions du nord-ouest tunisien font face à d'énormes incendies dont la cause ne semble pas totalement naturelle.
D'après le recoupement des différentes interventions sur les radios et médias, faites par des éléments de l'armée dont le Colonel Mounir Riabi, on apprend que pour le seul gouvernorat de Jendouba, 23 habitations ont été ravagées par les flammes. Suite à ces importants dégâts, de nombreuses familles ont été déplacées vers les écoles primaires des gouvernorats touchés.
A ce jour, plusieurs foyers ont été enregistrés. Une centaine d'hectares aurait brûlé dans la localité d'Elhamra à Ain Drahem. Trois autres foyers à la Khmeiriya, à la Mouasiya et à la Brahmeya près de la ville d'Ain Drahem sont sur le point d'être maîtrisés, selon un communiqué de l'armée publié ce mardi 1er août 2017. Près de la ville côtière de Tabarka, le vent aurait favorisé trois autres départs de feux dans les localités d'Abdallah, de Aïn Sobh et d'Aouled Hlel.
Face à la catastrophe, le chef du gouvernement, Youssef Chahed a ordonné au ministre de la Défense, Farhat Horchani, et au ministre de l'Intérieur, Hédi Majdoub, de se rendre sur place et de faire « tout ce qui est en leur pouvoir pour mettre fin à ces incendies mais également de prendre en charge les personnes lésées ». En terme de matériel, on apprend que dès le déclenchement du premier feu, 2 avions militaires équipés pour éteindre des feux de forêts ont été dépêchés sur place. Plusieurs dizaines de camions de la protection civile sont également présents sur les lieux des différents foyers. En plus des militaires, agents de la protection civile et gardes forestiers, qui se sont déployés sur les différents lieux, des renforts humains et matériels ont été dépêchés de la part des unités régionales de Bizerte, Zaghouan, Le Kef, Siliana, Ben Arous et La Manouba.
En plus d'importants moyens matériels, le gouvernement a informé, dans son communiqué du 29 juillet, de la mise en place d'une cellule de coordination, composée de représentants des ministères de la Défense, de l'Intérieur, de la Santé, de l'Agriculture et de l'Equipement et de l'Habitat.
Le secrétaire général de Machrouû Tounes (MPT), Mohsen Marzouk, a été l'un des premiers hommes politiques à réagir face à l'ampleur de la catastrophe. Dans son communiqué publié ce mardi 1er août, M. Marzouk a pointé du doigt le manque de matériel et a appelé le gouvernement à demander l'aide des états européens afin de venir à bout des nombreux foyers qui ravagent le nord-ouest.
Le bilan dressé par le chef du gouvernement ce mardi 1 août 2017, lors d'un point de presse exceptionnel, fait état de : 37 incendies, dont une vingtaine se seraient déclenchés à Jendouba, 7 à Béja, 7 à Bizerte et 1 au Kef. Le nombre impressionnant de foyers et la simultanéité de leur déclenchement ne seraient pas anodins selon Youssef Chahed, qui a déclaré : « Nous suivons de très près la situation depuis maintenant 48 heures. Dans le gouvernorat de Jendouba, près de 80% des foyers ont été maîtrisés. A Béja la situation a également été contrôlée, tandis qu'à Sejnane nous y sommes presque. Tous les moyens de l'Etat ont été déployés ». Le chef du gouvernement, a rappelé dans la foulée de sa déclaration que ce phénomène survient dans tous les pays du monde mais qu'à titre préventif, plusieurs unités sécuritaires ont été déployées pour relever tout mouvement suspect.
La question de l'origine de ces incendies s'est vite posée. Dans un premier temps, l'explication était la vague de chaleur couplée à des vents relativement puissants. Toutefois, le doute sur cette explication s'est vite installé. Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a déclaré aujourd'hui, depuis la salle des opérations centrale de l'office national de la protection civile, que certains incendies pourraient avoir une origine criminelle. D'autres observateurs vont même jusqu'à dire que les incendies pourraient avoir une origine terroriste et qu'ils serviraient à desserrer l'étau autour des terroristes retranchés dans les hauteurs, un peu plus au sud. Quoi qu'il en soit, l'enquête devra déterminer les origines de ces incendies qui ont provoqué des dégâts matériels considérables.