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Houssem Aoudi : Nous représentons la nouvelle Tunisie qui fait, qui crée et qui innove !
Publié dans Business News le 12 - 11 - 2017

L'université de Stanford l'a sélectionné pour un fellowship en 2016, il a été fellow de BMW foundation et du National Endowment for Democracy (NED), c'est lui qui a lancé l'évènement annuel devenu incontournable, TEDx Carthage. Le co-fondateur de Cogite, Houssem Aoudi est un jeune geek de 33 ans, qui nous a reçus dans ses bureaux aux Berges du Lac à Tunis, au milieu d'une ruche de jeunes workers dans un espace plein de vie, de jeux, de couleurs, de rêves et d'espoirs.

Houssem Aoudi a fait ses études au lycée à Djerba avant d'intégrer une faculté de lettres à Sousse pour y décrocher une licence en Marketing en 2007. Il a été recruté en tant que directeur marketing, avant d'avoir fini ses études, dans une agence d'évènementiel à Tunis. « J'organisais à la fac des concerts de rock, des compétitions de jeux vidéos et d'autres évènements. On m'a remarqué, j'ai été recruté et je suis resté quelques mois au sein de cette agence. Cela m'a permis de mettre le pied à l'étrier dans l'évènementiel, une activité que j'adorais » nous a confié Houssem.
« Sinon je suis un Apple fan depuis toujours et je fais partie de la génération des premiers forums, de mirc et des early adopters tunisiens. Je suis un geek et cela m'a permis de construire un réseau à l'époque au lycée et à la fac. Des gens qui sont restés des amis et avec qui j'entretiens encore des relations aussi professionnelles » a-t-il poursuivi.

De istore à Tunivisions
« Plus tard, un ami qui voulait lancer une chaîne de magasins Apple en Tunisie a fait appel à moi pour travailler sur le projet, c'était à l'époque iStore. J'ai ensuite quitté après l'ouverture des magasins pour rejoindre l'équipe Vision+, une régie qui souhaitait lancer un bras digital. Après Vision+ j'ai rejoint l'équipe de Tunivisions magazine, alors récemment acquis par Nizar Chaâri. A l'époque j'étais dans une période où les choses n'avançaient pas comme je le voulais, l'expérience Vision + je l'avais vécue comme un échec parce que ça pataugeait et qu'on ne mettait pas assez de moyens pour développer le truc » a continué Houssem Aoudi, expliquant qu'en 2009, Nizar Châari lui confiait sa volonté de monter un site web pour le magazine, sans en avoir les moyens.
« Je lui ai dit que je verrai sur mon réseau s'il y a moyen de lancer le site gratuitement. J'ai fait cela, j'ai fait part de ce plan à Ali Boulila et Kais Ezzine, qui lançaient alors l'agence Web Carré et qui avaient lancé le site resto-tunisie. Je leur ai proposé de promouvoir le site sur le magazine papier Tunivisions, en échange de l'élaboration du site web et cela a été fait, le site a été lancé en 2010. Nous avons, à l'occasion, organisé un dîner à Tabarka dans lequel nous avons réuni le gotha du monde du digital dans le pays, les bloggeurs influents et les gens de twitter qui, à l'époque, était un phénomène » nous a-t-il révélé.
« A Tunivisions, j'ai connu les gens des médias et j'avais recruté des jeunes de ma génération dont Haythem El Mekki, qui était à Access to eBusiness et qui ne se voyait pas du tout journaliste, qui est devenu rédac chef de Tunivisions et Akram Ben Yedder en tant que commercial. Nous avions peu de moyens mais une équipe qui déchire, et c'est grâce à ces deux personnes que Tunivisions a réellement décollé et grâce aussi à la vision de Nizar Chaâri et son aide conséquente pour nous permettre alors de contourner la censure alors qu'on était en pleine dictature et que lui était « proche du pouvoir » » a continué Houssem.

L'aventure TEDx

Homme à ne pas se contenter d'un seul travail, Houssem a toujours enchaîné les activités. En 2010, avec l'aide de ses amis, il lance la première édition de TEDx Carthage.
« En 2010, il y avait peu d'évènements dédiés aux jeunes en Tunisie, à l'époque il y avait le Barcamp qu'a organisé Mehdi Lamloum et le Tedx que j'ai organisé avec la bande de geeks de toujours » nous a précisé Houssem. « Nous avions un hashtag #CouscousFriday et nous nous retrouvions tous les vendredis pour manger un couscous à 3dt dans une gargote à Kheireddine Bacha. Tous les bloggeurs influents, les youtubeurs, les twitters se réunissaient là avant de nous retrouver après autour d'un café dans le quartier. Un jour Khaled Koubâa, qui a été chez Google et qui est aujourd'hui à ICANN, nous avait parlé de TED et de TEDx nous disant qu'il avait demandé la licence pour TEDx Tunis. Nous avons rejoint le projet, que Khaled a quitté entre temps, et nous avons organisé, avec d'autres amis de la bande dont la plupart a quitté la Tunisie depuis, le TEDx Carthage. Farès Mabrouk et Slah Kôoli ont été nos bons samaritains et c'est grâce à eux que nous avons pu lancer TEDx en Tunisie. Deux hommes qui sont depuis devenus des amis et qui ont eu une grande influence sur le cours de ma carrière » a-t-il ajouté.
« A la première édition de TEDx Carthage, l'évènement était d'une importance telle que j'en ai pleuré, longtemps. Il y avait eu 400 personnes dans le public pour une quinzaine de speakers. C'était une des premières scènes de Nour Harakati, et d'ailleurs cela s'est reproduit, TEDx Carthage a été la première scène de nombreux artistes tunisiens » a poursuivi Houssem.

La révolution, un soulagement et un choc

« La révolution de 2011, pour moi était un soulagement et un choc. Avant la révolution, toute la communauté dans laquelle j'évoluais se battait pour la liberté d'expression et l'accès à l'information, on convergeait tous dans ça. Pour moi, que Ben Ali parte ou reste, ce n'était pas le problème, pour d'autres son départ était la première revendication. Après la révolution, cette communauté a éclaté. Beaucoup ont montré leur vrai visage, un que l'on ne leur connaissait pas, beaucoup se sont tournés vers la politique ou encore vers la société civile et moi je n'avais pas encore trouvé ma place » raconte Houssem Aoudi.
Le co-fondateur de Cogite Coworking space, a précisé qu'il avait alors visité le siège de TED à Edimbourg et saisi l'opportunité de prendre part à un projet à Doha. « On devait alors organiser un évènement à Doha, on m'a proposé de travailler sur le projet et je suis parti au Qatar. Entre temps nous avons aussi organisé le deuxième TEDx Carthage et le troisième, qui ont eu un succès phénoménal. A Doha je suis resté un peu plus d'un an je suis rentré en Tunisie en 2013 » a-t-il affirmé.

La naissance de Cogite, et de Wasabi
« Quand je suis rentré en Tunisie, avec des amis, nous avons réfléchi à l'idée du coworking space en Tunisie. Entre temps j'avais aussi lancé ma première boite, Wasabi, afin de rassembler sous la même structure, toutes mes activités. Alors le Coworking space c'est simple, c'est un espace dédié au travail, où les free lancers et ceux qui ne veulent pas investir dans un bureau avec toutes les charges que cela engage, se réunissent pour travailler. Nous sommes placés dans le quartier le plus huppé de la ville, dans un cadre agréable avec une riche mixité et nous offrons des abonnements peu onéreux. En fin de compte cela revient nettement moins cher que de louer son propre bureau, avec des charges en moins et des opportunités de rencontres et d'échanges en plus » a expliqué Houssem.
« A Cogite, nous avons commencé, avec Rim Baouendi et Zied Mhirsi, avec 3000dt de capital. Nous avons occupé un bureau de 80mcarré au lac et nous avions à peine de quoi payer le loyer. J'avais recruté un ami américain, Kevin, qui avait rejoint Wasabi et à qui j'avais montré Cogite quand il n'y avait même pas de chaises. Il est resté avec moi, on s'est débrouilés jusqu'à ce que la situation soit maintenue à l'équilibre » a-t-il continué.
« Une ONG hollandaise, Hivos, nous a alors contacté et nous a fourni de l'argent, soit 30.000 euros, pour nous développer. Il y avait alors un écosystème de start-up qui commençait à prendre forme en Tunisie et Cogite en était la Mecque. Nous organisions des évènements quotidiens et en 2015 nous avons signé avec Drosos qui nous ont financés et nous avons déménagé là où nous sommes aujourd'hui » a précisé Houssem.
« Aujourd'hui, près de 170 personnes travaillent à Cogite tous les jours et nous organisons 150 évènements par an, nous sommes aussi cités dans quasiment tous les articles étrangers qui parlent de la Tunisie « en positif ». Durant ces deux dernières années, 3 startup sur 5 qui ont levé plus d'un million sont sorties de Cogite. Nous y avons une douzaine de nationalités qui se côtoient tous les jours, c'est devenu un écosystème et un network fort utile. Si, dehors, les freins sont multiples et les obstacles infranchissables, au sein de Cogite tout devient possible. Un entrepreneur peut trouver ici des personnes issues de domaines divers et variés et bénéficier de leur aide ou de leur expérience sans avoir à frapper inutilement à des portes à l'extérieur, c'est même un réseau international ! » a-t-il poursuivi avec entrain.

De l'entreprenariat et de la responsabilité sociale

A l'origine du concept, Cogite a ouvert la voie à de nombreux autres coworking spaces en Tunisie. Des espaces, que Houssem Aoudi ne voit pas comme des concurrents mais à la limite comme des partenaires pour « élever » le pays.
« Aujourd'hui, il y a une dizaine de coworking spaces à Tunis et près d'une trentaine en Tunisie, et j'en suis très content. Nous avons d'ailleurs levé de l'argent à l'étranger pour le distribuer en tant que dons, sur des espaces dans les régions intérieures. Nous avons notamment soutenu Cirta au Kef, Cozy à Djerba, Passenger à Sousse, Langar à Mahdia et d'autres » a précisé Houssem.
« Durant ces trois années 2016, 2017, 2018, nous financerons en tout 15 coworking spaces sur tout le territoire. Nous essayons aussi de lancer d'autres initiatives, nous faisons aussi de la diplomatie économique, d'ailleurs je serai au siège de l'ONU à New York le 15 novembre où je représentai l'Afrique dans un panel dédié à l'entrepreneuriat. Nous représentons la nouvelle Tunisie « qui fait, qui crée et qui innove » partout dans le monde. Cela donne une autre image de la Tunisie et pourrait contribuer à encourager les investisseurs à venir s'installer ici » a-t-il souligné.
Houssem est aussi à la tête de Wasabi, une boite qui gère de l'évènementiel et des programmes pour le compte d'entreprises mais aussi de gouvernements partout dans le monde et qui a un modèle assez particulier car 30% du temps de ses employés est alloué aux activités sociales non lucratives. « Nous avons à Wasabi lancé beaucoup de plateformes, dont « Afkar » et « Moubadirat », dédiée aux femmes entrepreneures Tunisiennes, Libyennes, Algériennes et Egyptiennes. Nous essayons de prendre très au sérieux notre rôle de responsabilité sociale et cela me tient particulièrement à cœur » a enfin confié Houssem Aoudi, avant de nous faire part de ses espoirs pour la Tunisie et de son souhait de voir enfin consacrées les libertés individuelles « dans un pays où on peut être condamnés d'aimer ». Peut-être un autre combat que le geek au grand cœur pourra mener maintenant qu'il a gagné la liberté de s'exprimer.

Myriam Ben Zineb
Copyright photo : Bryan Jones


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