Par les temps qui courent, où le pays couve maintes craintes, où l'économie s'essouffle, la politique trébuche, le peuple en désarroi ; la démocratie peine à s'installer, la colère gronde. Vous êtes chef de l'Etat, chef des institutions, chef des armées, chef formel d'une Tunisie formelle ; Plus chargé de symbole, vous êtes le président de tous les Tunisiens, nantis et moins nantis, lettrés et moins lettrés, surtout vous êtes le président des enfants oubliés des dieux, les sans-logis, les sans-santé, les sans salaires. José Saramargo, rappelle : « La démocratie, lorsque le pouvoir est entre les mains de la majorité pauvre qui tolère les riches. » En cette fin de législature parlementaire mouvementée qui laisse un pays exsangue, un pouvoir gouvernemental brinquebalant, minoritaire, loin du cœur, et hélas, en bas des sondages ; une loi scélérate vise à exclure des courants populaires ancrés dans la réalité.
Monsieur le président, Du haut de mon désarroi, je vous interpelle : ne signez pas cette loi que la Tunisie formelle a décidé d'imposer à la Tunisie profonde, cette Tunisie qui remet en cause la rente politique. Jamais une loi, dans un pays en devenir démocratique, n'a exclu autant de citoyens ! Aucun vote parlementaire, aucune décision institutionnelle ne peut remettre en cause l'existence de cette réalité H…énorme. Vous ne pouvez pas permettre ce forfait, ni livrer le pays à la perdition et à la désolation. Ces césarions, aux pleins pouvoirs, ont une peur bleue de cette Tunisie qui ne leur ressemble pas, une Tunisie qui fait fi du statu quo. Une nomenklatura en fin de mandat et sans représentation populaire aucune, a décidé de bâtir le mur de la honte pour contenir la « horde » des laissés-pour-compte. Vous avez pu vérifier, monsieur le Président, tout au long de votre carrière de serviteur de l'Etat et d'homme d'Etat, à quel point, le courage, les souffrances, les sacrifices, le sang versé ont façonné la belle Histoire de ce pays. Signer cette loi, c'est trahir votre peuple et conforter une clique de goujats. Ne signez pas cette loi, faites confiance à votre peuple, renvoyez-là au suffrage populaire. La constitution vous y autorise, la morale l'impose !