Le médecin personnel et fidèle compagnon d'Habib Bourguiba, Amor Chadli, est décédé le 8 novembre à 94 ans. Il faisait partie, avec Allala Laouiti et Mahmoud Belhassine, du trio des fidèles du combattant suprême, ses confidents et ses amis de toujours. Avec le départ d'Amor Chadli, une page de l'histoire se tourne. Histoire que l'acolyte de Bourguiba a tenu à consigner, par devoir de mémoire et pour la postérité, dans deux ouvrages dédiés à son illustre patient et ami… Il est né le 14 mai 1925 à Tunis et il est originaire de Monastir, ville natale de Habib Bourguiba. Amor Chadli figurait parmi les premiers médecins qui ont édifié le secteur de la médecine en Tunisie. Il a été sollicité par Habib Bourguiba pour une consultation médicale en 1960 et sera médecin personnel du président jusqu'en 1987 et l'avènement de Ben Ali au pouvoir.
Amor Chadli est nommé en 1957 chef du service d'anatomie pathologique de l'Institut Pasteur de Tunis, étant l'unique médecin à l'époque à pratiquer cette spécialité. Il devient directeur de l'Institut Pasteur entre 1963 et 1988, années durant lesquelles il entreprend des mesures exceptionnelles pour interrompre la progression de la poliomyélite infantile, pour généraliser le vaccin anticholérique et éradiquer le paludisme en 1979.
En 1964, Amor Chadli fonde la faculté de médecine de Tunis. Il en est le premier doyen jusqu'en 1975. Pendant 20 ans, il y dispensera le cours de l'anatomopathologie en troisième et quatrième années. Quatre années plus tard, l'arrêté du 13 juillet 1968, vient accorder aux étudiants tunisiens l'homologation des années d'études en faculté de médecine de Tunis avec les années correspondantes dans les facultés françaises. Amor Chadli sera celui qui aura la charge de préparer les premiers concours d'agrégation nationaux. Il sera également celui qui est à l'origine de la décentralisation de l'Université de Tunis, lorsqu'il occupa le poste de recteur en 1986.
Amor Chadli a occupé les postes de ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et de ministre de l'Education entre 1986 et 1987 (dans les gouvernements de Mohamed Mzali et de Rachid Sfar). Le 16 mai 1987, il est nommé ministre-directeur du cabinet présidentiel, succédant à Mansour Skhiri. Il occupera ce poste jusqu'au 7 novembre 1987, date à laquelle il se retirera définitivement de la vie politique.
Amor Chadli a ainsi vécu, 27 années durant, auprès du combattant suprême. Une complicité et une amitié sincère avait uni les deux hommes. Il fût ainsi témoin des événements qui ont marqué à jamais l'histoire de la Tunisie, les ayant vécus de très près. En 2013, Amor Chadli écrit un premier ouvrage intitulé « Bourguiba, tel que je l'ai connu. La transition Bourguiba - Ben Ali ». Dans ce livre, il relate la vie à l'intérieur du palais de Carthage, des intrigues, de l'état de santé du président Bourguiba jusqu'à sa destitution par Ben Ali. Dans cet ouvrage, l'écrivain Amor Chadli, à travers une biographie de Bourguiba, retrace également l'histoire de la lutte pour l'indépendance de la Tunisie et son édification en un État moderne.
En 2018, alors que depuis la révolution, la mémoire de Bourguiba ne cesse d'être bafouée par des pseudo-révolutionnaires en mal de reconnaissance, Amor Chadli revient à la charge. Estimant de son devoir de rétablir la vérité sur le combattant suprême, il publie en mars son deuxième ouvrage dédié à Habib Bourguiba, intitulé « La Vérité dévoilée ». L'auteur s'emploie dans une première partie à répondre aux calomnies dont fait objet Habib Bourguiba, rendant justice au père de la nation. Le livre se poursuit avec des récits relatant la maladie du combattant suprême pour finir avec les dessous du putsch de Ben Ali.
Amor Chadli aura ainsi contribué avec tant d'autres illustres compagnons, chacun dans son domaine, à l'édification d'un Etat moderne et éclairé. Il était le dernier membre du cercle très rapproché d'Habib Bourguiba à le rejoindre dans l'éternité. Avec son décès, la Tunisie perd un autre de ses valeureux bâtisseurs, elle qui subit aujourd'hui les assauts des semeurs de désolation…