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Coronavirus-19. Jusqu'à quand… ?
Publié dans Business News le 16 - 03 - 2020

Le chef du gouvernement vient d'annoncer une série de mesures en vue de limiter la vitesse de propagation du virus. Des mesures qui restreignent en partie la liberté de mouvement des citoyens et qui auront un impact douloureux sur l'économie et la société tunisiennes.

Mais un Etat affaibli ne pourra pas maintenir tout un pays en apnée pendant très longtemps.

Des scénarios d'évolution du stade 3 doivent être construits, et ces scénarios ne devraient pas se limiter à une simple reproduction des consignes de l'OMS, ni de ce qui se fait ailleurs. D'une part, parce que les recommandations de l'OMS doivent être adaptées aux spécificités de chaque contexte national, d'autre part, parce que nous sommes dans une situation inédite où même l'OMS semble ne pas tout à fait maitriser les événements.
Certes, il s'agit du même virus – tant qu'il n'a pas muté - et d'une pandémie mondiale, mais les pays, les sociétés, les économies et les réactions des acteurs différent. Les détails, comptent autant que les grandes décisions qui peuvent rassurer le peuple, mais qui n'auront pas une grande efficacité si elles ne prennent pas en compte les spécificités du contexte et les petites différences qui, face à un phénomène exponentiel, deviennent d'une grande importance.

Se confiner et résister oui… mais pour combien de temps ?


Conventionnellement, la gestion d'une épidémie se fait autour de trois stades ou phases. Le stade 3, dont les décisions du Chef du gouvernement sont basées, correspond à une situation où « le virus circule sur l'ensemble du territoire ». Il s'agit alors de passer d'une « logique de détection et de prise en charge individuelle à une logique d'action collective ». Ceci implique notamment d'arrêter « la surveillance individuelle des cas, de limiter la contagion par des mesures barrières et de réduire la charge sur le système de santé ». Selon le « Plan Français de prévention et de lutte "pandémie grippale", le stade 3 d'une épidémie peut durer 8 à 12 semaines. Après, on pourrait graduellement passer au stade 4, qui coinciderait avec le fait qu'« on repasse en-dessous du seuil épidémique critique » et qu'il y aurait un retour progressif à une situation normale.

Si nous employons le conditionnel, c'est parce que tout cela reste hypothètique.

Sans être spécialiste en épidémiologie, nous avançons l'hypothèse que les trois mois peuvent se révéler insuffisants. Si la grippe saisonnière revient tous les ans, qu'elle relève du risque calculable et donc probabilisable, le coronavirus nous plonge dans l'inconnu et dans l'incertain, qui marque une rupture dans nos modèles – et habitudes - de pensée.

Une extrapolation des tendances passées et un prolongement des modélisations et des schémas de pensée – valables pour les autres formes d'épidémies de grippe - pourraient nous rassurer. Ils ne diront pas et ne changeront pas forcément la réalité jusqu'ici ignorée. C'est d'ailleurs ces schémas de pensée (ou ces paradigmes) qui empêchent de voir et de gérer les signaux faibles qui ont préparé la radicalité du changement (souvent qualifié expost de catastrophe ou de choc pour les citoyens (dans les termes de Naomi Klein). Les simulations et les modélisations les plus précises ou les plus alarmantes n'auraient servi qu'à infléchir les comportements de ceux qui y croient. Mais face à l'incertain, face à la complexité réelle du vivant, nous sommes simplement confrontés non pas à un risque calculable, mais aux risques d'un calcul sur fond de déni ou de dissimulation de l'essentiel : notre ignorance.
Autrement dit, l'action de la Chine n'étant pas envisageale sous d'autres cieux, et s'agissant d'un virus jusqu'ici inconnu, il n'est pas du tout absurde de penser que le stade 3 durera beaucoup plus longtemps que prévu et que, de toute façon, cette durée dépendra du système de santé en question et de la réaction des populations. L'hypothèse d'un hibernage de plus longue durée ne doit absolument pas être négligée.

C'est probablement cette incertitude radicale qui a conduit certains à proposer de baisser les armes et à laisser faire la « nature ». Dans cet esprit, la « stratégie » prônée par certains chercheurs anglais semble avoir des relents eugénistes. La thèse est tout aussi simple qu'effrayante : puisque la majorité des malades semble se rétablir, il ne servirait pas à grand chose – et il coûterait trop cher - de résister. Il faudrait laisser faire la sélection naturelle, pour atteindre une « immunité collective » (à partir d'un taux de contamination estimé à 60 à 70% de la population) et passer rapidement à autre chose. Plutôt que de s'éterniser dans des tentatives de « containment », d'applatissement des courbes des malades et de mise en quarantaine, il serait « rationnel » de limiter et de diriger l'usage des moyens pour in fine, ne « garder » que ceux qui seront contaminés par le virus mais pourront s'y adapter. Au passage, et au bout de ce processus, on ne manquera pas de vous rappeler qu'il s'agit là d'une majorité. Et donc, que la sélection naturelle c'est aussi la loi de la majorité. La structure du discours abdiquant est toujours la même. Face aux inconues et aux incertitudes de la résistance, on préfère les fausses certitudes de la résignation. Cette attitude peut se comprendre autrement : dans une civilisation de la vitesse (Paul Virilio), tout ralentissement est un risque d'effondrement et les « accidents globaux » se traitent par un passage en force. C'est ce qui se joue pour plusieurs économies occidentales aujourd'hui.


Les scénarios du pire : Les risques pour la Tunisie d'une crise qui durerait trop longtemps


Dans la stupeur, le monde tremble et les économies mondiales vacillent. Mais contrairement à la Chine, à l'Europe ou aux Etats-Unis, la Tunisie n'a pas les moyens nécessaires pour amortir le choc sanitaire, économique et social de cette crise. Les conséquences politiques sur une démocratie naissante et fragile ne se feront pas attendre. Ceux qui « calculent » le coût économique de cette crise et prédisent des points de croissance en moins, de l'inflation, de la stagflation ou même de la décroissance « as usual », risquent de se tromper lourdement. Non pas tellement parce qu'ils n'ont rien vu venir et qu'ils devraient donc faire preuve d'un peu plus d'humilité avant d'asséner les mêmes leçons à partir des mêmes hypothèses, mais parce que la crise sera multidimensionnelle et qu'elle frappera non seulement l'économie, mais la société et un Etat qui risque tout simplement et assez rapidement, d'être défaillant. Les experts des projections tendancielles et des prévisions basées sur un « modèle d'équilibre général », devraient faire preuve de discrétion face à un déséquilibre mondial lié à ce qui est sans aucun doute, un cygne noir (Nassim Nicholas Taleb). Cette situation, où on fait face à un événement imprévisible, ayant une faible probabilité de se dérouler, mais dont les conséquences sont d'une portée exceptionnelle, c'est, par exemple, la crise de 1929 et de 2008. C'est également un Bouazizi qui s'immole, ou une « erreur humaine » conduisant à Tchernobyl. Bref, l'essentiel des crises et des événements qui ont fait notre histoire et que les économistes s'évertuent à modéliser après coup.


Dans cette situation, un Etat qui imposerait l'immobilité et l'apnée à son peuple risque tout simplement de l'étouffer. A moyen et long terme (dans quelques mois voire dans quelques semaines), si le virus n'est pas arrêté, et si des scénarios adaptés ne sont pas imaginés, cela risque de nourrir soit à une dérive autoritaire, soit un glissement vers l'anarchie. En effet, nous pensons que pour peu que cette situation se prolonge, notre Etat aura de plus en plus de mal à contenir les remous de la société, à lui imposer l'ordre et la discipline nécessaires alors qu'il sera incapable de répondre à ses urgences et à ses demandes. Il risque alors d'être débordé et tenté soit d'user de la force, soit de laisser aller.


S'inscrivant dans une pente autoritaire, la première tentation sera d'autant plus forte qu'une partie de la société exigera qu'on impose un ordre intenable à un pays affaibli et à des franges sociales récalcitrantes parce que les plus précarisées.


L'anarchie, également nous guette. Parce que la société perdra confiance en son Etat et qu'en y voyant la source de ses problèmes, elle risque d'en faire un bouc émissaire et de choisir l'informalité, l'illégalité voire même des formes plus ou moins ouvertes de désobéissance civile.


Des scénarios alarmistes ou catastrophiques, diraient certains. Des scénarios amusants ou farfelus diraient d'autres. Nous pensons que les pires des scénarios devraient être envisagés. Des scénarios qui pourraient comporter non seulement un risque de crise, mais un risque d'effondrement. Si le stade 3 s'allonge, l'Etat et notre jeune démocratie ne tiendront pas et ne réussiront pas sans une conscience sociale capable de s'élever et de s'organiser pour devennir une intelligence sociale. Les égoïsmes devront être bannis. La légèreté également. Qui le fera ?

Si nous construisons ces scénarios pessimistes c'est parce que - faut-il le rappeler ? - l'état psychologique, social et économique de notre pays est mauvais.


Sur un plan psychologique et social, les tunisiens ont été malmenés. Leur confiance envers leurs gouvernants et leur optimisme sont exsangues et ont, depuis longtemps, reçu de nombreux coups. Le confinement pèsera sur la psychologie et le moral des gens. La solitude des plus vieux ; la peur de ceux qui ne comprennent pas ; la tristesse de ceux qui perdront des proches ; la colère de ceux qui se sentiront impuissants, ou plus simplement la fatigue de ceux qui devront trouver des solutions pour garder leurs enfants ou pour rassurer et accompagner les plus agés et les frustrations de ceux qui auront du mal à brimer leurs habitudes de vie, tout cela devra être géré. Tout cela finira par user les nerfs, et pousser vers une forme plus ou moins grave d'anomie voire de dépression collective.


Sur un plan économique, l'année 2019 s'est terminée avec une croissance médiocre (pour ne pas dire nulle), nos politiciens ont perdu un temps fou à tergiverser et à faire des petits calculs d'apothicaires qui ont nuit à notre économie et paralysé l'investisssement. S'ils durent dans le temps, les évenements actuels risquent d'apporter le coup de grâce à cette économie chancellante depuis 2011. Des centaines de milliers d'emploi seront directement ou indirectement affectés voire perdus, les ressorts de la croissance seraient durablement cassés et les défauts de paiement se succéderont comme dans un jeu de dominos.


Que faire ?


Au-delà des aspects « techniques » pris en charge par les épidémiologues, les biologistes et les généticiens, cette pandémie nous met face à un dilemme ou à un paradoxe fondamental : l'éthique de la responsabilité envers soi-même et la morale de la responsabilité envers les autres, nous dictent de préserver le corps social en limitant ce qui fait son essence : les interactions sociales. Pour faire vivre et faire corps social, il faudrait donc accepter de renoncer ne serait-ce que partiellement, à la vie sociale.


Faute d'une véritable stratégie tunisienne de gestion des risques, nous proposons cinq pistes d'actions à explorer d'urgence pour gérer la crise :


- 1- Séparer l'immédiat, le quotidien, du moyen terme (2 mois, 6 mois et un an) : Malgré l'urgence, la bataille à mener suppose de prendre un moment pour bien organiser toutes les troupes. La gestion de crise, du très court terme et du quotidien, devrait être confiée à une équipe d'experts en épidémiologie. Cette équipe devra aller dans le détail. Inventer des solutions locales à partir des perecepts et des recommandations générales de l'OMS. La construction de scénarios de moyen terme (sur deux mois, 6 mois et un an) devrait être confiée à une autre équipe beaucoup plus pluridisciplinaire et avec une composante sécurité globale forte. Pour l'efficacité et pour ne pas surcharger la barque de ceux qui doivent être sur le terrain, cette séparation des structures et des fonctions est nécessaire. Elle exigera des compétences et de la coordination. Elle exigera également d'impliquer des stratèges de différents horizons qui peuvent être des économistes, des sociologues, des spécialistes en sécurité, des psychologues, des statisticiens, des prospectivistes, des activistes ou plus simplement des intellectuels. S'il en a les moyens, l'ITES, notre institut des études stratégiques, pourrait y être associé, voire en prendre le leadership pour réunir et fédérer les compétences nécessaires. De façon globale et secteur par secteur, des scénarios devront être construits, les risques et les solutions devront être analysés dans un esprit ouvert et ancré dans les réalités tunisiennes. Chaque département ministériel sera invité à évaluer ses risques et à esquisser une stratégie d'actions à un horizon de 2 à 6 mois, en prenant pour hypothèse un prolongement et une aggravation de la crise actuelle.


- 2- Exploiter le potentiel des technologies de l'information : nous proposons de développer rapidement le recours aux civictechs afin d'informer, coordonner et mobiliser tous les acteurs. Les technologies civiques représentent « l'ensemble des procédés, outils et technologies qui permettent d'améliorer le fonctionnement démocratique des sociétés et des communautés, en renforçant le rôle joué par les citoyens dans les débats et prises de décision » (Wikipedia). Ces technologies devraient notamment permettre d'aider les personnes non infectées, celles en quarantaine ou malades ainsi que leurs familles. Ces technologies seraient également utilisées pour aménager l'organisation et le temps de transport et de travail. Sur un plan politique, elles peuvent apporter des ressources à la démocratie, permettre aux élus d'être plus proches de leurs électeurs, d'échanger sur leurs expériences respectives et d'éviter la rupture du lien avec les citoyens au moment où ceux-ci ont le plus besoin d'être écoutés, orientés et aidés. Enfin, des civictechs tunisiennes permettraient de diminuer l'influence et parfois la dépendance de certains réseaux sociaux (notamment facebook), dont les algorithmes sont faits pour créer de la polarisation sociale et du sensationnel. Là aussi, un groupe d'experts et de chercheurs chargé d'imaginer et de formuler rapidement des solutions efficaces devrait être mis en place et nos « Start-uppeurs » devraient être mis à contribution.


- 3- Annoncer des mesures pour un accompagnement économique, financier et fiscal des entreprises qui préserveront l'emploi et la confiance des différents intervenants. Ces engagements financiers de l'Etat permettront de rassurer les petits commerçants et de préserver les sources de revenus de milliers de personnes qui risquent d'être en détresse médicale et économique. Ces mesures seraient notamment basées sur un fond financé par les économies liées à la chute du prix du baril de pétrole et à des donations. En parallèle, le secteur privé devra s'engager à éviter toute forme de spéculation et à ne pas licencier des travailleurs. Si comme cela a été annoncé dans plusieurs pays, nous entrons dans une économie de guerre, le privé devra être assisté mais à condition qu'il assume sa part dans l'effort national en toute responsabilité.


- 4- Impliquer les jeunes et la société civile : La société civile, nos jeunes médecins, informaticiens, étudiants etc. doivent être mis à contribution. En les rappelant à leurs devoirs envers la patrie, leurs associations devront jouer un rôle de fermentation des idées et d'innovation. Ils doivent également jouer un rôle d'information et d'orientation pour aider ceux qui en ont besoin et pour mettre fin très rapidement à la nonchalance des uns, et à l'égoïsme irresponsable et nombriliste des autres.


- 5- Activer la coopération et la solidarité internationale : face à l'ampleur de la crise, le premier réflexe de plusieurs pays a été de fermer leurs frontières avec d'autres pays. Mais une pandemie exige de la coopération internationale. Là aussi, notre diplomatie devra bouger rapidement et efficacement. Il ne faudrait pas hésiter à demander tout de suite de l'aide et à échanger des informations. Il faudrait également garder à l'esprit que, ce qui pourrait se jouer à la sortie de cette crise, c'est tout simplement une remise en cause de l'ordre mondial du vingtième siècle. Les grandes puissances en sont conscientes.


Face à une situation inédite où la crise risque tout simplement de se transformer en un effondrement, plusieurs attitudes restent possibles. Cela sera soit le déni des niais qui jouent à l'autruche ; soit la paralysie de la peur qui terrorise ; soit l'imitation de ceux qui manquent d'imagination ; soit l'improvisation liée à la panique et à la désorganisation soit enfin, l'innovation qui suppose une attitude proactive, de l'anticipation et de la coopération. Seule cette dernière alternative nous semble viable.


Pour un pays comme la Tunisie, agir rapidement pour fermer les frontières, limiter les déplacements, confiner des personnes à risque ou des populations, est nécessaire. Mais, en se prolongeant dans le temps, ces mesures pourraient « soigner le malade qui mourra guéri ». Mettre le pays à l'arrêt pour empêcher la circulation du virus, risque de casser les fonctions vitales de ce pays déjà affaibli et de déboucher sur une remise en cause de sa démocratie. Mais pour peu qu'on puisse s'organiser, pour tirer le meilleur de nos intelligences individuelles et collectives, anticiper, innover et canaliser les libertés vers la responsabilité, cette épreuve pourrait également constituer une opportunité pour notre Etat et pour notre jeune démocratie. Une réflexion profonde sur la gestion de ce paradoxe ou de ce dilemme s'impose. Des actions urgentes également.


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