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« Opération Carthage » : Les explications de Lotfi Bel Hadj
Publié dans Business News le 11 - 06 - 2020

Le 5 juin 2020, l'Atlantic Council's Digital Forensic Research Lab (DFRLab), a publié un rapport intitulé « Opération Carthage » dans lequel il affirme qu'une société tunisienne a mené des campagnes d'influence lors d'élections africaines et notamment la présidentielle en Tunisie. Ce rapport basé sur une enquête menée depuis septembre 2019 relate point par point comment la société de communication digitale UReputation aurait adopté la désinformation, les fake-news et l'influence en ligne en tant que services à vendre aux dirigeants africains. Dans un document exclusif remis à Business News, UReputation remet en cause l'enquête et dément avoir usé d'un quelconque moyen illégal dans le cadre de ses activités.

Qu'est-ce l'Atlantic Council's Digital Forensic Research Lab (DFRLab) ?

L'Atlantic Council est un think-tank américain spécialisé dans les relations internationales. Il constitue un forum pour des leaders internationaux dans les domaines politiques, d'affaires et intellectuels. Le Digital Forensic Research Lab (DFRLab) rattaché à l'Atlantic Council est un lab qui œuvre à opérationnaliser l'étude de la désinformation en révélant les informations mensongères et les fake news, documentant les violations des droits de l'Homme et renforçant ainsi la résilience numérique dans le monde entier.

Enquête, point de départ

Atlantic Council affirme avant de présenter les détails de son enquête qu'une entreprise basée en Tunisie a mené une campagne digitale très sophistiquée impliquant plusieurs plateformes de réseaux sociaux et sites Web dans le but d'influencer l'élection présidentielle de 2019. L'enquête précise le think tank a permis de mettre à jour des dizaines de comptes connectés à la société tunisienne de communication numérique UReputation.

Atlantic Council s'appuye, entre autre, sur le communiqué publié par Facebook (FB) à la date du 5 juin. Dans ledit communiqué, le réseau social annonce avoir supprimé 446 pages, 182 comptes Facebook, 96 groupes, 60 événements et 209 comptes Instagram dans le cadre des mesures visant à stopper les campagnes d'influence non éthiques qui concernent notamment des élections démocratiques majeures. Cette activité est née en Tunisie et s'est concentrée sur les pays francophones d'Afrique subsaharienne. Facebook a souligné que la société UReputation a utilisé de faux comptes pour faire passer ses employés pour des locaux dans les pays qu'ils ciblaient, publier et aimer leur propre contenu, conduire les gens vers des sites hors plate-forme et gérer des groupes et des pages se présentant comme des entités de presse indépendantes. « Certaines pages se sont engagées dans des tactiques trompeuses de développement d'audience, changeant leur orientation de thèmes non politiques à des thèmes politiques, y compris des changements substantiels de nom et d'admins au fil du temps. Nous avons trouvé ce réseau dans le cadre de notre enquête interne qui a lié cette activité à une société de relations publiques basée en Tunisie, Ureputation » affirme FB.
DFRLab a souligné de son côté qu'il ne s'agit pas de la première boite de communication digitale qui est épinglée pour avoir recouru à de telles pratiques. Le Lab a notamment rappelé le Groupe Archimedes, la société israélienne bannie de FB pour avoir mené ce type de campagne dans treize pays et notamment en Tunisie, ajoutant que ce genre d'entreprises qui monnaient la désinformation à des buts politiques prolifère sur le web.

« Ces entreprises ne font plus la distinction entre une firme de communication stratégique, dont l'intérêt est de répondre aux besoins d'un client, et le journalisme, où la transparence, la responsabilité et les faits sont primordiaux. En ne faisant pas cette distinction, d'innombrables électeurs de plusieurs pays africains ont pu prendre leurs décisions électorales en partie sur la base d'informations trompeuses provenant de sources non authentiques, pouvant influencer le cours des élections » rappelle le Lab.

Les élections tunisiennes visées par des pages suspectes

Plusieurs mois après le démantèlement du groupe Archimedes, le DFRLab a découvert une autre page Facebook nommée « Fake News Checking ». À première vue, les histoires présentées par «Fake News Checking» semblaient présenter les choses de façon directe, discutant de rumeurs concernant divers candidats à la présidentielle, et les déclarant réelles ou erronées.

Lors de la première phase de l'élection présidentielle, qui a eu lieu en septembre 2019, la «Fake News Checking» a comporté plusieurs vérifications factuelles peu flatteuses pour le candidat à la présidence et chef du gouvernement à l'époque, Youssef Chahed, tout en exprimant une couverture plus positive du magnat des médias tunisien Nabil Karoui, qui au départ ne faisait pas partie des candidats attendus pour se qualifier pour le tour final. Karoui a finalement réussi à disputer le deuxième tour, perdant face Kaïs Saïed.

Un examen open source de «Fake News Checking» et sa présence en ligne ont soulevé des questions supplémentaires. Son compte Twitter, @FakeCheckingTN, proposait des tweets datant au plus d'août 2019, malgré le fait que le compte ait été créé en février 2015. Utilisant la fonction de recherche avancée de Twitter pour identifier les tweets d'autres utilisateurs qui avaient répondu à des messages désormais supprimés du compte écrit avant août 2019, le DFRLab a déterminé que @FakeCheckingTN était auparavant un service de presse tunisien connu sous le nom de @ 360_tn. Après le changement de nom, @ 360_tn a été rétabli sur un compte Twitter entièrement nouveau, qui, au moment de la publication, n'avait pas de tweets et un seul abonné.

Selon une recherche sur LinkedIn du site Web, le Lab dit avoir découvert qu'il a été officiellement édité par le journaliste Frédéric Geldhof, aujourd'hui rédacteur en chef d'un autre site, Le Muslim Post, qui selon des médias francophones est financièrement soutenu par un homme d'affaires tuniso-français basé à Barcelone nommé Lotfi Bel Hadj, nom qui est apparu à plusieurs reprises durant l'enquête. Il a ensuite souligné que le co-fondateur de la page «Fake News Checking», Moez Bhar, a caché la vérité en se disant neutre et indépendant alors qu'il était bien employé de la société UReputation depuis 2014 et sympathisant de Nabil Karoui. M. Bhar aurait aussi travaillé dans un journal panafricain francophone dont les contenus auraient été publiés sur d'autres supports avec des signatures différentes.

Une campagne pro-Nabil Karoui

« Comme indiqué précédemment, Moez Bhar et Lotfi Bel Hadj ont proclamé publiquement leur soutien à Karoui, malgré l'implication de Moez Bhar dans la page Facebook et le site Web tunisien ostensiblement indépendants « Fake News Checking ». Alors que la campagne électorale approchait de son apogée, Moez Bhar a tweeté sur l'incarcération de Nabil Karoui, avec un lien vers un autre site d'informations suspect, Maghreb-Info.com » poursuit DFRLab. Il a ajouté que la conception du site en question est similaire à d'autres médias partagés par la même personne. La page présentant les journalistes du Maghreb Info regorge de profils non identifiables avec des comptes Twitter suspendus. Le site a également présenté des histoires positives sur Nabil Karoui selon le rapport.


DFRLab conclut son rapport en soulignant que la communication politique en tant que profession est probablement aussi ancienne que la politique elle-même précisant que les chefs de gouvernement et leurs rivaux se sont toujours appuyés sur les conseils et l'assistance de professionnels qui comprennent l'art de la manipulation politique. Il a toutefois condamné le recours aux tromperies pour influencer sans scrupules le cours d'élections censées être démocratiques. Pratique de surcroît de plus en plus répandue.


UReputation contre-attaque

UReputation, société spécialisée dans la veille, la cyberinfluence, l'intelligence digitale et l'analyse de big data a tenu à répondre aux accusations lancées par l'Atlantic Council, pointant, de son côté, la désinformation la ciblant dans le rapport du DFRLab. Point par point la société de communication répond aux violations énoncées dans le rapport, mettant ainsi plus de nuance sur les faits.

Vendredi 5 juin, le think-tank Atlantic Council, qui affirme avoir pour mission de « façonner » l'avenir du monde et d'asseoir « le leadership et l'engagement des Etats-Unis dans le monde », a publié un rapport mettant en cause la société UReputation. Ce rapport est truffé de fausses informations, affirme UReputation qui a tenu à répondre à chaque accusation lancée par DFRLab.



UReputation aurait « utilisé de faux comptes »

Selon un porte-parole de Facebook, « les individus derrière cette activité ont utilisé de faux comptes pour se faire passer pour des locaux dans les pays qu'ils ciblaient, publier et faire aimer leur propre contenu ». Là où Facebook parle de faux profils, il s'agirait en réalité de comptes professionnels, selon UReputation. Comme dans toutes les agences, les employés d'UReputation, lorsqu'ils gèrent des pages, n'utilisent pas leurs comptes personnels, le code du travail de n'importe quel pays pouvant l'interdire. Par ailleurs, avoir un compte avec un pseudo ou des prénoms et noms qui ne correspondent pas à ceux inscrits sur une carte d'identité est-il interdit ? proetste l'agence. Non, il y a d'ailleurs de nombreux exemples de profils qui ont pignon sur rue sans jamais être inquiétés par Facebook. Par ailleurs, les employés d'UReputation ne se font pas « passer pour des locaux » mais font appel, dans chaque pays, à des agences locales. Atlantic Council ne semble pas connaître le mode de fonctionnement d'une quelconque élection et ne sait pas que les agences étrangères s'appuient sur des agences locales ayant déjà des pages en place, toujours selon UReputation.

Comment fonctionnent les pages Facebook ?
Sur un compte personnel, le nombre de followers est limité à 5 000 et Facebook ne permet pas de toucher plus de 5 à 7 % des followers. Pour ce faire, il donne la possibilité de créer des pages qui, elles, touchent autant de gens que les montants déboursés à Facebook.

UReputation aurait tenté de cacher ses activités

« Bien que les personnes derrière cette activité aient tenté de cacher leur identité et leurs liens, notre enquête a trouvé des liens avec une société d'affaires publiques basée en Tunisie, UReputation», écrit Facebook. « Jamais la société n'a tenté de cacher l'identité de ses salariés, qui n'utilisaient d'ailleurs pas de VPN —réseau privé virtuel qui permet de cacher de l'où on se connecte géographiquement— pour se connecter », rétorque l'agence.

UReputation aurait généré plus de 900 comptes, pages et événements

« Facebook a annoncé avoir supprimé plus de 900 actifs affiliés à l'opération UReputation, dont 182 comptes d'utilisateurs, 446 pages et 96 groupes, ainsi que 209 comptes Instagram ». Des chiffres qui n'ont rien à voir avec la réalité. Dans le but de pouvoir lancer un débat contradictoire, UReputation demande à Facebook de fournir la liste de ces 900 actifs, ce qui permettra de démontrer que la suppression des comptes Facebook a ciblé de nombreux actifs qui n'avaient rien à voir avec UReputation : des familles et proches de ses salariés, des pages liées à ces mêmes salariés et leur entourage.

UReputation aurait dépensé plus de 330 000 dollars en publicité

« Selon Facebook l'opérateur a investi l'équivalent d'environ 331 000 $ sous forme de publicités Facebook, principalement payés en euros et en dollars américains ». Un chiffre faux, puisqu'il prend en compte un nombre de comptes et de pages biaisé, selon UReputation. Cette dernière demande d'ailleurs que Facebook livre la liste complète et les factures liées au sponsoring, pour avoir un aperçu des sommes dépensées page par page et de la période.

UReputation a basé sa stratégie sur les fakenews

« ‘Fake News Checking' a publié plusieurs fact-checking peu flatteurs pour le candidat à la présidence et le Premier ministre de l'époque, Youssef Chahed, tout en faisant une couverture plus positive du magnat des médias tunisien Nabil Karoui, qui au départ ne faisait pas partie des candidats attendus pour se qualifier pour le tour final ». UReputation s'en défend en disant que Nabil Karoui était en tête de la plupart des sondages avant le début de la campagne présidentielle tunisienne. Atlantic Council relève d'ailleurs la « sincérité » du site « Fake News Checking » qui, sur 41 articles de fact-checking, a fait une erreur qui a été rapidement corrigée. Toutes les fake-news sur les différents candidats à la présidentielle ont été traitées de façon objective, notamment concernant Kaïs Saïed. Par ailleurs, le site était identifiable, son directeur ayant témoigné, à visage découvert, sur BBC Arabic. « Y a-t-il donc un monopole sur l'activité de factchecking ? Le fact-checking dépend-il de la personne ou du contenu délivré ?», s'interroge l'entreprise.

UReputation a créé des médias pour diffuser des informations

Les médias appartiennent à une entité légale différente d'UReputation. Le rapport d'Atlantic Council comporte de nombreuses inexactitudes sur les dates de création des médias. Si conflit d'intérêt il y a, celui-ci n'est pas clairement défini par Atlantic Council, souligne UReputation. Pour rappel, la plupart des médias, en Tunisie et dans le monde, appartiennent à des industriels ou ont des agences de communication.

UReputation a réservé des noms de domaine

« Information incroyable de la part d'Atlantic Council : la société UReputation a réservé des noms de domaine. Oui, et la société l'a fait en toute transparence. Une société peut enregistrer n'importe quel nom de domaine en .com. Peut-elle également réserver des noms de la concurrence ? Oui, cela s'appelle le « cybersquatting », et ce n'est pas illégal. Nous avons d'ailleurs réservé de nombreux autres noms de domaine d'autres personnalités politiques qui ont permis de les protéger et à qui nous les avons donnés, gratuitement », répond UReputation.

UReputation a violé les règles de Facebook

Voici la réponse de UReputation à cette accusation : « En créant des pages ? Oui, nous avons créé des communautés comme le font toutes les marques ou n'importe quel parti politique. En sponsorisant des publications ? UReputation a effectivement sponsorisé des publications conformément à la charte de Facebook, qui a été rémunéré pour cela. Ce sponsoring est, pour chaque publication, validé ou non par Facebook, et prend parfois jusqu'à 24 heures pour savoir si les publications répondent aux critères de Facebook. Aujourd'hui, la seule interdiction sur Facebook qui peut donner lieu, de la part du réseau social, à une action post-publication qui concerne le sponsoring, est le « clocking », c'est-à-dire une publicité qui renvoie sur une autre page que celle initialement publiée. Ce qui n'a jamais été pratiqué par UReputation. Facebook a validé toutes nos publications et semble avoir changé les règles en cours de route ».

UReputation a fait de l'« ingérence »

UReputation a été contactée par des clients, avec qui elle a contractualisé sa relation. La société a noué des partenariats avec des agences locales et les termes « ingérence » et « interférence » sont diffamatoires, d'après la société.

UReputation a influé sur l'élection tunisienne

UReputation aurait donc influé sur la présidentielle tunisienne. « Mais Atlantic Council manque, une nouvelle fois, de préciser combien de points nous aurions fait gagner à Nabil Karoui. Facebook, qui a été l'un des points centraux de l'affaire Cambridge Analytica, pourrait peut-être éclaircir ce point en délivrant des chiffres et statistiques précis. Quelques partis, balayés au premier tour, tentent de rebondir sur cette affaire, pour laquelle aucune mesure réelle n'a été faite par Atlantic Council».


UReputation a enfin estimé que la plupart des « informations » contenues dans ce rapport sont erronées ou inexactes, ajoutant qu'Atlantic Council a sorti son rapport sans demander à interroger les dirigeants d'UReputation, faisant de ce rapport un document à charge, ni même contacté qui que ce soit en Tunisie. « Atlantic Council fait un procès d'intention en évoquant une volonté de faire de l'influence sur certaines thématiques. Nous avons, lors de la campagne présidentielle tunisienne, alerté plusieurs fois Facebook en signalant des pages diffamatoires. Des requêtes restées lettre-morte. Le contexte n'a, enfin, jamais été pris en compte par Atlantic Council : une campagne est une véritable bataille. Sur internet mais aussi dans la vie réelle. Quand Nabil Karoui ou n'importe quel candidat fait distribuer des tracts, s'intéresse-t-on à l'identité des personnes qui les distribuent ? Atlantic Council a fait là un véritable procès d'intention et a emmené le débat sur des personnes et non sur les idées » conclut-elle.

« Pourquoi les chercheurs s'intéressent-ils à moi ? Où sont les comptes et pages que Facebook est censé avoir supprimé ? Si j'ai fait quelque chose d'illégal je l'avouerai, je suis éthique et légaliste malgré les apparences » nous a enfin confié Lotfi Belhaj propriétaire de la société UReputation.

Les manipulations politiques ayant pour objectif d'influencer les électeurs sont de plus en plus courantes et concernant de très nombreux pays. Ces pratiques qui trouvent dans les réseaux sociaux un terrain favorable se généralisent. Elles restent toutefois qualifiées d'inacceptables par des organismes qui veillent à l'intégrité du processus électoral et au respect de l'éthique car elles se caractérisent par la tromperie et jouent sur la abondance d'informations pour y glisser du contenu erroné et parfois diffamatoire. La position des réseaux sociaux, qui sont la principale plateforme sur laquelle œuvrent ces sociétés, reste ambigüe. L'affaire Cambridge analytica a bien démontré les limites du contrôle sur ces réseaux voire une certaine complicité avec les sociétés de communication politique. Comment interdire un contenu « médiatique » qui reste somme toute acceptable sur la forme, comment faire le tri dans une telle profusion de données, comment définir le légal de l'illégal sur des supports qui ouvrent la porte à toutes les opinions et qui sont désormais le lieu de tous les débats ? Les arguments des uns et des autres s'entrechoquent et encore une fois, démêler le vrai du faux et saisir toutes les nuances reste chose difficile. En fin de compte il faudra sans doute compter sur le bon sens des internautes et leur vigilance pour qu'ils ne soient plus dupés, entre temps les médias sérieux restent la seule référence crédible.


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