Le Conseil des ministres, tenu lundi, sous la présidence du Président Zine El Abidine Ben Ali, a examiné un projet de loi fixant le montant du capital exigé pour la création d'un établissement privé d'enseignement supérieur. Cette mesure vise à renforcer l'investissement dans ce secteur de manière à permettre la mise en place d'une infrastructure à même de conforter sa compétitivité et à lui garantir plus de chances de succès. Le projet qui s'insère dans le cadre de la promotion et de la modernisation de l'enseignement supérieur privé, vise à en renforcer la qualité et à améliorer davantage le rendement de ses institutions. Il s'inscrit également dans le cadre de l'appel, lancé par le chef de l'Etat le 11 juillet, à l'occasion de la journée nationale du savoir, aux promoteurs et aux investisseurs pour mobiliser les capacités financières nécessaires à la création des institutions dotées de ressources suffisantes afin de faire face aux impératifs de la concurrence attendue, du fait de l'ouverture du secteur des services aux investisseurs étrangers. Ce projet qui sera soumis à la chambre des députés et à la chambre des conseillers, répond à la nécessité de développer et promouvoir l'enseignement supérieur, le moderniser, renforcer la qualité de ses services et améliorer son rendement en prévision du nombre croissant d'étudiants qui rejoindront l'université au cours du prochain quinquennat. Ce secteur est actuellement régi par la loi N°73 de l'année 2000 relative à l'enseignement supérieur privé, portant sur les dispositions relatives aux critères de qualité de l'enseignement et sur les droits des différentes parties dans le cadre de la politique éducative du pays et ses orientations économiques et sociales. Malgré les incitations financières et fiscales mises en place par l'Etat dans ce domaine en faveur des promoteurs dont, notamment, les subventions spécifiques à l'investissement et au recrutement des enseignants et qui atteignent 25 pc du montant de l'investissement, l'intérêt pour l'enseignement supérieur reste en deçà des espérances. Les sources de financement sont plut »t d'origine familiales ou personnelles, ce qui nécessite davantage d'incitations aux opérateurs tunisiens et étrangers pour investir dans ce secteur afin de lui garantir un haut niveau de qualité et une crédibilité susceptibles de lui assurer une meilleure compétitivité. Le secteur de l'enseignement supérieur privé, bénéficie d'un intérêt constant en Tunisie compte tenu de sa contribution à l'effort de l'Etat, au moment où les universités tunisiennes connaissent un grand flux d'étudiants dont le nombre atteindra les 500 mille à l'horizon de 2009 conformément aux objectifs du programme présidentiel pour la Tunisie de demain. L'intérêt accordé à l'enseignement supérieur est perceptible également à travers la création de nouvelles branches d'enseignement et la mise en place de filières professionnelles correspondant aux besoins des étudiants dans le domaine de l'orientation universitaire, et aux spécificités du marché de l'emploi. L'intérêt pour l'enseignement supérieur privé se justifie, dans ce contexte, par les opportunités qu'il offre en matière de formation, notamment, dans les nouveaux métiers au moment où le pays s'apprête à mettre en oeuvre des méga-projets qui nécessitent des compétences spécialisées. Selon les statistiques du ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la technologie, la Tunisie compte 32 établissements privés d'enseignement supérieur qui accueillent 6000 étudiants dont le quart de nationalité étrangère. Seuls les titulaires du baccalauréat peuvent s'y inscrire. Les établissements privés d'enseignement supérieur relèvent de la tutelle administrative du ministère ainsi que d'autres ministères concernés. Les établissements privés d'enseignement supérieur décernent quelques 428 diplômes dans 67 filières couvrant plusieurs domaines scientifiques et techniques à l'exception des études en médecine et en pharmacie. Sur l'ensemble des diplômes délivrés, 120 sont des mastères professionnels. Le décret 2124 de l'année 2000 définit les critères et mesures de l'équivalence des diplômes délivrés par les établissements privés de l'enseignement supérieur sur demande des étudiants concernés. Selon les mêmes sources, le secteur ne s'est pas développé au rythme souhaité puisque neuf établissements comptent chacun moins de 100 étudiants. Le coût relativement onéreux des inscriptions en comparaison à la gratuité des universités publiques constitue la raison principale de ce déficit. En outre, les établissements privés d'enseignement supérieur n'ont pas toujours la capacité d'innover et de lancer de nouvelles filières de manière à pouvoir attirer davantage d'étudiants et ne parviennent pas à assurer la stabilité pédagogique en l'absence d'un personnel enseignant régulier. Soucieux de parer à ces insuffisances, l'Etat s'emploie à réexaminer les modalités de collaboration avec les enseignants du secteur public à travers la multiplication des domaines de partenariat avec les établissements universitaires publics tout en activant l'intégration des établissements privés dans le système pédagogique national et aux programmes d'évaluation. Les établissements privés d'enseignement supérieur se sont d'ailleurs inscrits dans le système des diplômes avec l'introduction du système Licence Mastère Doctorat (LMD)depuis septembre 2006, ce qui constitue un véritable bond qualitatif réalisé au sein du système national de l'enseignement supérieur tant au niveau du secteur privé que public et qui permettra d'initier un modèle de formation souple adapté aux critères internationaux dans le domaine. La Tunisie œuvre à améliorer la qualité de l'enseignement et de la formation à différents niveaux et à maîtriser les liens entre les circuits d'enseignement et de formation. L'Etat s'emploie également à développer le partenariat entre l'université et la recherche scientifique et les secteurs économiques et à renforcer l'employabilité des diplômes. Ils'agit d'une responsabilité commune des deux secteurs public et privé. Rappelons que le dernier forum de Davos a classé la Tunisie à la tête des pays arabes et africains et au 12ème rang mondial de part la qualité de son système éducatif et sa bonne conformité aux critères internationaux.