Cette année au programme du festival, les grandes absentes sont les petites starlettes « Rotanasques » avec leurs voix étouffées et leurs robes pailletées. Du monde musical oriental, on a retenu pour la soirée du Samedi, deux gentlemen, qui ont pour armes la voix, la qualité des textes et de la composition. Wael Jassar en première partie puis Marwan Khoury en deuxième. Les deux artistes libanais ont prouvé qu'on peut encore faire du commercial….avec classe et authenticité. Comme de coutume quand il s'agit de star libanaise les gradins étaient bondés. Le public majoritairement constitué de jeunes filles et de femmes, était particulièrement excité impatient, Wael Jassar, apparaît, en costard de crooner… et l' hystérie frappe le public. Dès les premières notes, les fans reconnaissent la chanson et tous en coeur accompagnent l'artiste. Les tubes de Wael Jassar sont des textes simples qui s'allient à des mélodies légères mais marquantes. Sobre, élégant et fidèle à la sensibilité qui le caractérise, il a mené une prestation correcte malgré le bruit et les cris du public. Parfois on n'arrivait pas à entendre distinctement la voix du chanteur à cause du chant du public. En plus de quelques chansons de son nouvel album notamment « gharib ennass », il a fait une reprise d'un classique. Dommage qu'on ne s'est pas régalé tout de même par une vraie performance comme dans les concerts privés où la voix de Wael Jassar parvient au spectateur sous tous ses tons et nuances. Wael Jassar est à écouter chanter et s'en régaler, le public a tendance à se soucier des tubes en tant que tels comme si on écoutait la radio. La qualité musicale des chansons de Wael Jassar est respectable mais le maître, demeure sans conteste Marwan Khoury. En deuxième partie de soirée, le gentleman auteur compositeur a montré tout sont talent et son élégance naturelle. La machine à tubes est connue pour ses nombreuses collaborations avec des artistes qui s'arrachent ses compositions. Il y a une vérité générale : chaque chanson de Marwen Khoury est un succès. Romantiques, tendres, simples et touchantes, ses œuvres sont des airs imparables. La poésie, la déclaration d'amour, qui se crée avec des mots modestes, devient une arme quand on l'allie à la musique qui accroche. Samedi, les tubes s'enchaînaient et l'euphorie emportait tout le monde. Un univers à part Sans répéter la sempiternelle spécialité orientale « le public tunisien est un connaisseur, la Tunisie est mon deuxième pays », il a confié dans un petit speech que « la vie est faite de petits moments de joie uniques, et le fait d'être ici fait partie de ces moments là ». Ce n'est pas le public qui dira le contraire. Marwen Khoury a un style à part, un univers qui le distingue des artistes libanais qui jouent sur la carte de la séduction et de la « beau gosse attitude ». Dans un costume très élégant, il faisait son rôle d'artiste et n'est pas tombé dans la facilité de laisser le public chanter à sa place. Tout allait bien jusqu'à ce que le chanteur ne reçoive plus le retour de sa voix. Il a signalé ce défaut en s'excusant auprès du public et s'est un peu vexé de l'incident technique qui gâche sa prestation parfaite jusque là. Le concert a continué quand même et le public en redemandait toujours plus. Des soirées orientales de cette qualité ne peuvent que ravir et donner envie de croire encore à l'art. Le côté commercial est présent bien sûr, mais aujourd'hui que peut on espérer d'une chanson sinon qu'elle ne soit pas une blague à durée limitée qui fait rire sur le moment mais plus demain ? Marwen Khoury a bien fait quand il a confié qu'il espère que le festival de Carthage sera toujours la scène des artistes authentiques.