En marge du congrès du « Défi » du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), une rencontre avec la presse a eu lieu, jeudi matin, au palais des expositions du Kram, sur « le processus de réforme politique dans la Tunisie du Changement ». La rencontre a été animée par MM. Béchir Tekkari, membre du comité central du RCD et ministre de la Justice et des Droits de l'Homme, et Zouheir M'dhaffar, membre du comité central du Rassemblement et ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de la Fonction publique et du Développement administratif. Deux principaux volets, à savoir les réformes politiques et l'évolution du dispositif des droits de l'Homme en Tunisie ont été examinés lors de cette rencontre à laquelle ont assisté des journalistes de la presse nationale et internationale. M. Zouheir M'dhaffar a indiqué que les réformes politiques, en Tunisie, sont spécifiques dès lors qu'ils se fondent sur un référentiel réformateur et intellectuel qui a des racines historiques, faisant observer que la Tunisie a été le premier pays arabe à adopter une déclaration des droits de l'Homme, sous la forme d'un Pacte fondamental qui avait accordé des droits aux Tunisiens comme aux étrangers. La Tunisie, a-t-il ajouté, a été aussi le premier pays à promulguer une Constitution écrite, en 1961, qui a décidé la séparation entre les pouvoirs, et à abolir l'esclavage. Il a, dans ce sens, affirmé que le mouvement de réforme s'est poursuivi, en Tunisie, au cours même de la période de l'occupation du pays, rappelant, à cet égard, les martyrs des « événements des 8 et 9 avril 1938″ qui revendiquaient alors une Constitution pour le pays et un parlement élu. Ce mouvement s'est, également, poursuivie avec l'élection d'une assemblée constituante, cinq jours seulement après l'indépendance et la promulgation de la Constitution, le 1er juin 1959, qui définit les fondements du régime républicain et garantit les droits de l'Homme. Le ministre a, par ailleurs, indiqué que le Changement du 7 novembre 1987 est venu sauver le pays de la crise dans laquelle il se débattait, durant la première moitié des années 80, et qu'il a réhabilité le régime républicain et la souveraineté du peuple. Après avoir mis en exergue la globalité de ce processus réformateur et la perception qu'a le président Zine El Abidine Ben Ali de la réforme politique, une réforme fondée sur la complémentarité entre le développement politique, économique et social, et la progression par étapes, le ministre a insisté sur le souci du chef de l'Etat de faire en sorte que le processus de réforme aille de pair avec l'évolution de la société, soulignant son rejet de toute réforme susceptible de mener le pays vers l'inconnu et sa volonté de prendre en considération les spécificités nationales dans l'engagement d'une quelconque réforme, tout en s'ouvrant, en même temps, sur les valeurs universelles. Il a, d'autre part, fait remarquer que la Tunisie refuse les modèles préétablis dans la démarche qu'elle adopte, dans ce domaine. M. Zouheir M'dhaffar a, par ailleurs, rappelé la promulgation de la loi du 3 mai 1988 relative à l'organisation des partis politiques nationaux, ainsi que la suppression de la Cour de sereté de l'Etat et de la fonction de procureur général de la République. Il a ajouté, dans ce contexte, que les fondements de la République de demain ont été instaurés, grâce à la réforme constitutionnelle du 1er juin 2002 qui a permis d'asseoir les bases du régime républicain et de l'Etat de droit et des institutions, et de renforcer le dispositif des droits de l'Homme dans le pays. Dans sa réponse à une question relative à la relation du pouvoir exécutif avec le parlement, le ministre a précisé que le régime politique en Tunisie est un régime présidentiel dans lequel le Président de la République est élu et nomme les membres du gouvernement qui sont responsables devant le Chef de l'Etat et le parlement, à travers la présentation et l'adoption des projets de loi et de la loi de finances, outre les questions écrites et orales adressées au gouvernement par le parlement, et les séances-débat sur les politiques sectorielles. S'agissant de la neutralité de l'administration, le ministre a souligné que l'administration tunisienne observe une neutralité à l'égard de tous les partis politiques nationaux avec lesquels elle entretient des relations sur un même pied d'égalité, ce que démontre, notamment, la loi relative au financement public des partis.