La première réunion de la commission nationale de dialogue sur la productivité s'est tenue, mardi après-midi, à Tunis, sous la présidence de M.Mohamed Ghannouchi, premier ministre.Le Président de la République avait ordonné le 13 janvier 2009, la création d'une commission technique nationale chargée de superviser l'actualisation des études sur l'évolution des facteurs de la productivité, en Tunisie, et l'élaboration d'études comparatives, avec les pays qui ont ancré des traditions, en matière de promotion de la productivité. Cette démarche est destinée à mettre en place une plate-forme objective pour organiser le dialogue et approfondir la recherche des moyens et mécanismes susceptibles de promouvoir la contribution de la productivité au processus de la croissance et du renforcement de la compétitivité de l'économie nationale. La commission regroupe des compétences nationales de l'université, de l'administration, des entreprises et des organisations nationales et professionnelles. M.Mohamed Ghannouchi a mis en exergue, à cette occasion, l'importance du défi de l'amélioration de la productivité pour la réalisation des objectifs de développement. La Tunisie a mis le cap sur l'amélioration de la productivité depuis la signature de l'accord d'Association avec l'union européenne, en 1995, et a réalisé, depuis, des gains de productivité, notamment, dans les industries manufacturières, a affirmé le premier ministre, relevant qu'au cours des dix dernières années, l'amélioration de la productivité a contribué à 44 % de la croissance. Le premier ministre a rappelé que face au démantèlement tarifaire, l'industrie tunisienne, a su, à contrario des pronostics de certains experts, non seulement résister mais également réagir à la faveur de réformes structurelles profondes qui ont accompagné l'instauration de la zone de libre échange avec l'Union Européenne. Il a ajouté que les résultats ont naturellement suivi: le nombre d'entreprises et des emplois s'est, ainsi, accru. La Tunisie compte, aujourd'hui, 900 entreprises certifiées conformes à la norme de qualité ISO et abrite 3 mille entreprises off shore. M.Ghannouchi a toutefois relevé que les résultats obtenus malgré leur importance, restent en deçà des aspirations et des moyens disponibles, notant que la productivité de l'industrie manufacturière nationale est inférieure de 25 % par rapport à celle qui prévaut en Europe, ce qui représente assez de marge pour l'améliorer. Pour ce qui est du secteur des services, la marge disponible pour accroître la productivité est de 40%. Le premier ministre a évoqué le cercle vertueux formé par le gain de productivité, son impact sur l'impulsion de la croissance et l'amélioration du pouvoir d'achat des citoyens. La seule condition exigée consiste à maîtriser l'inflation. L'ensemble de ces paramètres devront contribuer à l'amélioration de la compétitivité de l'économie nationale vis-à-vis de l'extérieur et de permettre à la Tunisie de se hisser aux rangs des pays développés. M. Ghannouchi a souligné, à ce niveau, qu'il existe une grande marge pour accroître la parité du pouvoir d'achat par rapport au revenu dans le pays. Il a fait remarquer que face à l'enjeu du gain de productivité il importe d'augmenter le taux d'encadrement de l'économie qui reste actuellement relativement faible (15%). Il a tenu à préciser que ce taux est de 10 % pour peu qu'on ne tienne pas compte de l'administration et des sociétés publiques. Il a mis en exergue, à ce propos, les atouts dont jouit la Tunisie et au nombre desquels il a cité la qualification des ressources humaines, la qualité des rapports économiques établies avec l'Union européenne et les pays voisins et les accords de libre échange bilatéraux et multilatéraux. L'objectif national, pour les dix prochaines années est d'atteindre, selon M.Ghannouchi, un taux de croissance de 7% et d'accroître, de 3,5% contre 2,5% actuellement, le nombre de la population active estimé aujourd'hui à 3,1 millions de personnes. Le premier ministre a déclaré que l'amélioration de la productivité relève de la responsabilité de toutes les parties intervenantes dans la production mais aussi du consommateur. En amont, a soutenu le premier ministre, l'Etat a déployé des efforts tous azimuts aux fins d'améliorer le niveau de l'enseignement et de la formation, de moderniser l'infrastructure routière et portuaire (construction d'autoroutes, réalisation d'un port en eaux profondes, zones logistiques), d'établir des relations de partenariat avec l'extérieur et de baisser le coût du transport. Quant aux secteurs porteurs à forte valeur ajoutée, la politique de l'Etat vise surtout la promotion du secteur des technologies de l'information et de la communication (TIC). Il a rappelé à ce sujet que des filières d'enseignement dans ce domaine sont désormais soumises à la certification de grands groupes internationaux tandis que la co-diplomation est en train d'être développée entre les universités tunisiennes et étrangères. Dans la même optique, le chef de l'Etat, a rappelé le premier ministre, a décidé la création de 3 nouvelles écoles d'ingénieurs pour accroître le nombre des promus de 4 mille actuellement à 7 mille en 2011-2012. Il a encore évoqué les efforts déployés pour améliorer les services de l'administration tunisienne et développer l'administration électronique et les services à distance. Le premier ministre a relevé, également l'importance de la mobilisation de toutes les parties pour réduire l'impact de la crise économique. Il a annoncé que cette commission technique nationale est chargée d'élaborer, d'ici le mois d'avril, des documents de travail devant servir de base à la consultation nationale sur l'amélioration de la productivité. La consultation se tiendra ensuite aux plans national et régional avec la participation de toutes les forces vives. Le ministère du développement et de la coopération internationale, l'institut d'économie quantitative et l'institut national des statistiques sont chargés d'apporter un appui logistique à cette commission. Les travaux de la commission vont aboutir à l'élaboration d'une charte de l'amélioration de la productivité.