L'INRIC, Instance indépendante chargée de réformer l'information et la communication, a annoncé, mercredi 4 juillet, lors d'une conférence de presse, mettre fin à son travail. Cette décision résulte de l'absence d'une volonté politique concrète de prendre en compte ses recommandations visant à réformer le secteur des médias. Kamel Laabidi, président de l'instance, a estimé que la situation du secteur médiatique, qu'il a qualifiée de « grave », ne permettait pas à son organe de poursuivre sa mission. Il a accusé le gouvernement de recourir à « la censure ». M. Laabidi a passé en revue les principales activités de l'instance depuis sa création au mois de mars 2011, et les recommandations formulées dans son rapport général du 30 avril 2012 en vue de faire avancer le processus de réforme du secteur. Il s'agit notamment de la nécessité d'inscrire la liberté d'expression et de presse et l'accès à l'information dans la nouvelle Constitution, et de conférer à l'instance de régulation dans le secteur des médias, de l'audiovisuel et de la presse électronique un aspect constitutionnel. M. Laabidi a critiqué la position du gouvernement de ne pas prendre en considération le contenu du rapport général de l'instance et l'absence de toute initiative réelle en vue de garantir l'application des recommandations de l'INRIC, s'agissant particulièrement de la mise en œuvre des décrets-lois 115 et 116. L'INRIC regrette le refus persistant du gouvernement de respecter et de mettre en œuvre ces décrets-lois. Le président de l'INRIC a fait remarquer que ce refus a provoqué un vide juridique qui a laissé le champ libre à l'immixtion dans le paysage audio-visuel tunisien de parties qui ne sont pas prêtes à respecter la loi, ni les cahiers des charges, en vigueur dans les pays démocratiques : « La décision du gouvernement de ne pas appliquer le décret-loi 116 qui stipule dans son article 19 que l'INRIC doit être consultée dans la nomination de présidents directeurs généraux des établissements audio-visuels publics est une preuve du recours aux mêmes méthodes de nominations et de limogeages pratiquées au cours des dernières décennies ».