L'agence de notation américaine « Moody's » a abaissé, mardi 24 juillet 2012, la note souveraine crédit de la Tunisie de Baa3 stable à Baa3 négatif, la notation la plus basse de la catégorie d'investissement. La notation la plus élevée de la catégorie spéculative est Ba1. C'est du moins ce que rapporte Shems FM. Il s'agit d'une réaction critique vis-à-vis de la décision de l'Assemblée nationale constituante, ANC, de démettre le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, BCT, Mustapha Kamel Nabli. Dans une mise au point qu'elle vient de publier dimanche 22 juillet, l'agence affirme que cette décision a un impact négatif sur la notation de la Tunisie, déjà classée BBB- et porte également, atteinte à la crédibilité de la BCT, en tant que facteur clé dans la notation souveraine de la Tunisie. Cette décision va encore, ébranler les investisseurs, déjà nerveux à la suite de la Révolution : « A un moment de fragilité économique et de transition politique vers la démocratie, le remplacement du gouverneur de la BCT après des semaines de tensions politiques au sein de la troïka, donne un mauvais signal aux partenaires de la Tunisie. Il crée aussi, une incertitude quant à l'avenir de la politique monétaire de la Tunisie ». Moody's considère, également, que le nouveau gouverneur Chedly Ayari va avoir besoin de temps pour se familiariser avec les principaux problèmes auxquels est confrontée la BCT. L'agence interprète par ailleurs le limogeage de M.K. Nabli comme un moyen pour le gouvernement d'intervenir dans le domaine financier et bancaire et potentiellement compromettre l'indépendance de la BCT. Cette nouvelle nomination pourrait être à l'origine de nouveaux retards dans la réalisation des réformes nécessaires dans le secteur bancaire. Bien qu'à la suite de la destitution de M. Nabli, l'ANC ait exprimé le soutien à l'indépendance de la BCT, Moody's estime que cela ne suffit pas à rassurer les opérateurs économiques aux plans interne et externe. « Cette procrastination n'était pas compatible avec la notation de la Tunisie qui se situe 2 rangs en-dessous de la catégorie « Investment grade », car les fondamentaux du crédit du pays n'ont cessé de se détériorer au cours des derniers 18 mois. La manière dont les autorités réagissent dans cet environnement fragile, était la clé de l'évaluation de la Tunisie », ajoute l'agence américaine.