Fitch Ratings a confirmé les notes de défaut émetteur (Issuer Default Ratings - IDR) à long terme en devises et en monnaie locale attribuées au Royaume du Maroc à 'BBB-' et 'BBB' respectivement, avec une perspective stable. La note IDR à court terme en devises ‘F3' a été confirmée ainsi que la note du plafond souverain ‘BBB'. La confirmation des notes repose sur une gestion macroéconomique prudente qui s'est traduite par des années de faible inflation et de forte croissance, avec un taux de croissance moyen sur cinq ans de 5% comparé à un taux médian de 3,6% pour les pays notés ‘BBB'. Les investissements dans les infrastructures publiques et des efforts concertés visant à diversifier l'économie dans des secteurs à plus forte valeur ajoutée ont également stimulé la croissance et favorisé une réduction progressive du chômage. La politique de modération budgétaire a permis de faire baisser le niveau de la dette du Trésor (à 49% environ du PIB en 2010 contre près de 70% du PIB en 2000), grâce à quoi les autorités ont pu faire face à la crise financière mondiale par la mise en œuvre de diverses mesures de soutien à l'économie. En conséquence, et du fait également de la solidité de la demande intérieure résultant d'une saison agricole exceptionnelle, le Maroc est sorti relativement indemne de la crise financière. Le PIB a progressé de près de 5% en 2009, comparé à une baisse de 2,2% de la médiane ‘BBB' sur la même période. Fitch estime que le PIB 2010 a crû de 4,3%. Le secteur financier a également bien résisté à la crise financière mondiale, en particulier du fait de son exposition limitée aux marchés internationaux. Selon Fitch, les indicateurs socio-économiques restent le principal handicap du Maroc en ce qui concerne sa notation. Comme l'on montré les manifestations en Tunisie et en Egypte, les inégalités sociales et politiques peuvent alimenter les troubles et engendrer des incertitudes pour l'avenir économique et budgétaire d'un pays. Cependant, malgré les faiblesses du cadre socio-économique marocain par rapport aux autres pays notés ‘BBB', et alors que certains indicateurs sont plus faibles que ceux de la Tunisie et l'Egypte, Fitch estime peu probable, dans un proche avenir, une éventuelle contagion provenant de cette dernière. Dans le domaine politique, le Maroc abrite un système pluraliste où la société civile est organisée en réseaux relativement bien structurés. La légitimité du roi y est reconnue et son rôle de jeune réformateur et de « Commandeur des Croyants » est important pour la population, à majorité musulmane. Les autorités marocaines ont également mobilisé des ressources considérables afin de réduire les inégalités sociales au cours de la décennie écoulée, faisant ainsi reculer la pauvreté et le chômage. Compte tenu des événements récents dans la région, Fitch s'attend à ce que les autorités marocaines mettent au premier plan de leurs priorités l'égalité sociale, fût-ce à un coût budgétaire élevé du fait de l'accroissement des subventions. Selon les estimations de Fitch, le déficit consolidé de l'Etat, qui s'est accru en 2010 à 2,6% du PIB, devrait à présent dépasser les 3% du PIB, ce qui amène la dette consolidée de l'Etat à environ 35% du PIB en 2010. Le bilan du commerce extérieur s'est sensiblement affaibli en 2009, essentiellement en raison de la baisse des recettes provenant de l'UE et de la hausse des importations de marchandises. Fitch estime que le déficit courant s'est resserré en 2010 à quelque 3,5% du PIB mais l'agence n'attend désormais pas d'amélioration majeure à moyen terme et selon ses estimations, les déficits 2011 et 2012 devraient se maintenir à des niveaux similaires. Ceci résulte d'un certain nombre de facteurs, parmi lesquels la forte dépendance du Maroc à l'Europe pour son approvisionnement en marchandises et une grande partie de ses recettes extérieures. Le pays est ainsi exposé à une baisse de la demande alors que les perspectives de croissance européenne sont assombries par les pressions sur les dettes souveraines et, à plus long terme, par le vieillissement de la population. Malgré ces perspectives moins favorables, le Maroc bénéficie toujours d'un secteur extérieur globalement solide par rapport aux pays notés dans la même catégorie. Le déficit courant est essentiellement financé par des capitaux à long terme, la dette extérieure étant composée à plus de 80% d'engagements à moyen et long terme et 50% étant détenus par des investisseurs bilatéraux et multilatéraux offrant des conditions d'emprunt favorables. Selon les estimations de Fitch, la dette extérieure nette a atteint environ 1% du PIB en 2010 et les réserves de change se maintiennent à un niveau confortable (couvrant sept mois d'importations) et conforme à la moyenne ‘BBB'.