Hier, les agents de la santé ont débrayé dans la majorité des hôpitaux du pays. Certains grévistes ont sauté le pas en agressant des patients et leurs accompagnateurs Mercredi 10 juin, Saïd Aïdi, ministre de la Santé, annonçait devant les députés au palais du Bardo que son département avait un ambitieux programme à mettre en œuvre en vue de résoudre l'épineuse affaire des médecins spécialistes qui boudaient jusqu'ici les régions intérieures du pays en dépit des diverses incitations instaurées en leur faveur par les gouvernements de la Troïka I et II et celui des compétences nationales dirigé par Mehdi Jomâa. Devant les députés, Saïdi Aïdi a, en effet, souligné que «26 MD seront consacrés, dans le cadre de la loi de finances complémentaire de 2015, au déploiement de médecins spécialistes dans les régions 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. La liste des médecins spécialistes qui exerceront dans les régions de l'intérieur est déjà en cours de concertation avec les parties concernées». Hier, jeudi 11 juin, les agents de la santé ont opposé leur réponse au ministre en maintenant leur grève générale de deux journées (jeudi et vendredi 11 et 12 juin) décidée à l'issue de la commission administrative sectorielle en date du 29 mai dernier. Hier, ils étaient plus de 82% parmi les agents de la santé (médecins et auxiliaires de la santé) à avoir répondu par l'affirmative à l'appel de la Fédération générale de la santé. Motif de la grève : la non-satisfaction des revendications du secteur en dépit des procès-verbaux signés par la présidence du gouvernement le 15 mars 2011, le 6 février 2012 et le 12 juillet 2013. La violence triomphe du dialogue Malheureusement, les agents de la santé n'en ont fait qu'à leur tête aussi bien à l'hôpital Charles-Nicolle qu'à celui d'Ibn El Jazzar à Kairouan où les patients et leurs parents ont vécu une journée particulière marquée notamment par des actes de violence commis à leur encontre par ceux et celles auprès desquels ils étaient venus chercher réconfort. A l'hôpital Charles-Nicolle, à la capitale, les agents de sécurité ont perdu leur sang-froid, agressant purement et simplement des citoyens qui n'arrivaient pas à comprendre comment l'hôpital était ouvert mais les infirmiers et les médecins refusaient de fournir les soins qu'il faut aux patients dont plusieurs avaient attendu des mois et des mois pour arracher un rendez-vous avec un médecin spécialiste. Idem à Kairouan, à l'hôpital Ibn El Jazar où même le service des urgences a été mis hors service par les agents grévistes qui ont défié même les responsables de la fédération générale de la santé. Ces derniers ont indiqué : «La grève ne touchera pas les services des urgences et d'hospitalisation». Quant aux journalistes, ils ont été de nouveau molestés et agressés comme ce fut le cas lors du sit-in observé par les instituteurs devant le ministère de l'Education. A défaut d'agresser les responsables du ministère de la Santé, on a préféré humilier les journalistes venus tendre leurs micros aux grévistes, recueillir les témoignages des patients et de leurs parents et informer l'opinion publique sur les causes de la grève des blouses blanches. A l'hôpital Charles-Nicolle, c'est notre confrère Mourad Dridi de Mosaïque FM qui a vu les vigiles chargés de la sécurité lui confisquer son portable pour effacer les images montrant les agressions subies par les patients et leurs accompagnateurs. Le correspondant à Kairouan de la radio «Saraha FM» a reçu le même traitement de la part des grévistes à l'hôpital Ibn El Jazzar. Manifestement, les instituteurs et les agents de la santé se sont passé le moment et ont décidé que les journalistes sont désormais leurs ennemis. La cause est simple : ces journalistes font leur travail d'informer le citoyen et oublient de demander aux grévistes de les orienter et ils commettent aussi le sacrilège de dire que les grèves sont de trop sans avoir l'aval et la bénédiction des syndicalistes. Il est à relever que la grève d'hier et d'aujourd'hui sera suivie par la tenue, mardi prochain, de la réunion de la commission administrative du secteur de la santé. Au programme, la définition des prochaines formes de protestation. En attendant, le ministère de la Santé se contente de faire les comptes : une journée de grève coûte au pays 500.000 dinars, sans prendre en considération les rentrées d'argent dont ont été privés nos hôpitaux lors de la dernière grève quand les agents des guichets ont refusé d'encaisser les montants des soins servis aux patients.