En juin, les mouvements sociaux ont nettement baissé par rapport au mois précédent Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (Ftdes) a tenu, hier matin, à son siège à Tunis une conférence de presse au cours de laquelle il a mis en clair sa position à l'égard de l'ensemble des dispositions récemment prises par le gouvernement Essid. De l'avis de M. Abdelmajid Bedoui, économiste et membre du bureau du Ftdes, les mesures avantageuses dont profitent exceptionnellement les hôteliers ont fini par décevoir les acteurs de la profession. Qualifiées d'arbitraires et irréfléchies, ces mesures aussi conjoncturelles soient-elles ne peuvent que creuser les conflits d'intérêts économiques, sans pour autant venir à bout des vrais problèmes. D'autant que certaines entreprises touristiques, semble-t-il, ne les méritent pas et encore moins habilitées à savoir gérer leurs propres recettes. Certaines d'elles, juge-t-il, n'en ont même pas besoin, faute de professionnalisme et de management économique dans le domaine. Faut-il rationnaliser ces mesures de subvention et les généraliser, à bon escient, à d'autres secteurs dérivés ? M. Bedoui a proposé de les orienter judicieusement vers les secteurs déjà en difficulté, dans la perspective de promouvoir la qualité du produit touristique et améliorer sa compétitivité. C'est ainsi qu'on pourrait réformer, sans tomber dans le superflu, a-t-il estimé. En attendant ce que va apporter l'initiative de l'Utica d'ici septembre prochain sur la résolution de la crise économique. Confisquer l'élan des libertés Par ailleurs, l'état d'urgence décrété par le président Caïd Essebsi, suite à l'attaque terroriste de Sousse, a donné lieu à moult critiques. Le président du Ftdes, M. Abderrahman Hedhili, l'a considéré comme fausse note, sous prétexte de guerre acharnée contre le terrorisme. Et de justifier que les argumentaires avancés par Caïd Essebsi n'ont rien à voir avec le caractère sécuritaire. Mais des préjugés qui visent particulièrement à réprimer les mouvements sociaux et étouffer la voix des ayants droit. Ce qui, dit-il, ne conduit qu'à confisquer l'élan des libertés, seul acquis de la révolution. Pour conclure, il a annoncé qu'un collectif associatif devait, dans la journée d'hier, trancher la position commune à prendre à l'égard de l'état d'urgence qui va durer jusqu'à la fin de ce mois. Autre volet de la conférence, bilan des mouvements sociaux survenus au cours du mois écoulé. Le Ftdes a présenté un rapport mensuel sur un phénomène si récurrent, à savoir la vague de protestations tous azimuts. A ce propos, M. Abdessattar Sahbani, chargé de l'observatoire social au sein dudit forum a fait état d'une tendance à la baisse de ces mouvements sociaux. Ceux-ci, chiffres à l'appui, se sont réduits au nombre de 287 au cours du mois du juin, soit nettement inférieurs à ceux observés en mai dernier et encore moins fréquents par rapport au mois d'avril (474 mouvements signalés). Et de souligner que le gouvernorat de Sidi Bouzid (36) a été le théâtre du plus important nombre de mouvements de protestation enregistrés durant le mois écoulé, suivi de Kairouan (33), Gafsa (32) et Tunis (29). Parallèlement, un certain recul de ce flux revendicatif fut ressenti dans les autres régions du pays. Cette accalmie s'est expliquée, en partie, par ces temps de grande chaleur et l'avènement de la saison des congés et des vacances scolaires. De même, le nombre de suicides et tentatives de suicide a, aussi, baissé de façon remarquable. L'on a recensé que 42 cas seulement contre 52 durant le mois précédent.