Le cinéma dresse un pont entre la culture et l'univers carcéral Depuis le 1er septembre, l'événement «Joussour» (Les ponts), organisé par Actif (Association culturelle tunisienne pour l'insertion et la Formation), gagne du terrain dans plusieurs villes du pays. Il s'agit d'un programme culturel qui, à travers le cinéma, vise à créer un pont virtuel entre deux univers très différents: l'univers carcéral et l'univers culturel. Actif est une association tunisienne apolitique à but non lucratif dont l'objet essentiel est d'organiser, former, promouvoir, soutenir et assister des programmes culturels et artistiques novateurs en Tunisie. «Joussour» aura parcouru, ainsi, jusqu'au 22 septembre, 14 gouvernorats du nord jusqu'au sud de la Tunisie en proposant des projections, en parallèle, dans des centres culturels et des centres de détention. Toutes les projections sont suivies de débats animés par un cinéaste, un psychologue et un sociologue. «Lors de chaque projection, les détenus seront informés que le même film sera projeté en parallèle dans un centre culturel avoisinant. L'idée étant de créer une connexion avec l'extérieur», notent les organisateurs. Joussour vise à créer un pont entre l'enfermement des prisonniers et leur ouverture sur le monde extérieur et aider à leur réinsertion dans la vie sociale. Le programme s'adresse, également, aux jeunes des régions visitées en les éveillant sur la culture et sur les droits de l'homme. «Actif sera aussi en contact avec les différents ciné-clubs et mettra également en place un système de réseaux et de collaboration avec les clubs de cinéma régionaux», notent encore les organisateurs. Les films programmés, entre courts, longs et documentaires, ont été sélectionnés selon des critères portant sur les besoins socioculturels, l'immigration clandestine, l'exil, la réinsertion sociale et les droits de l'homme. L'on cite «Queens of Syria», un documentaire réalisé par la Syrienne Yasmin Fedda. Le film présente les témoignages de 50 femmes, des deux côtés de la guerre, qui ont été contraintes à l'exil en Jordanie. Ces femmes se réunissent pendant l'automne de 2013 pour créer et jouer leur propre version de femme troyenne, l'ancienne tragédie grecque d'Euripide, sur le sort des femmes en temps de guerre et «12 Libanais en colère», réalisé par Zeina Daccache. Le documentaire suit un groupe entièrement constitué d'hommes emprisonnés à Roumieh et qui ont expérimenté la thérapie par le théâtre menée par une thérapeute dramaturge en 2008/2009. Pendant 15 mois, les détenus répètent la pièce «12 Libanais en colère», adaptée des «12 hommes en colère» de Reginald Rose, et présentent cette pièce en prison à la fin du projet. Le film, en montrant les sessions de thérapie par le théâtre, les entretiens avec les détenus, et l'interaction avec le réalisateur et le public, transmet un message d'espoir, de pardon et de changement. Côté fiction, il est question de comédies, entre autres, de «Talvza jet» (La télé arrive) de Moncef Dhouib, «Bastardo» de Néjib Belkadhi et les courts métrages «Pot de colle» de Kaouther Ben Hnia, «Linge sale» de Malik Amara, «Sabbat el Aid» de Anis Lassoued et «Alech ena» (Pourquoi moi) de Amine Chiboub.