«De La Purissima», un spectacle hors du temps, à l'espagnole, organisé par l'Institut Cervantès et présenté, samedi dernier, au Palais d'Ennejma Ezzahra. Les mélomanes qui sont venus, samedi dernier, au Palais d'Ennejma Ezzahra ont eu leur part de bonheur en découvrant sur scène, pour la première fois en Tunisie, une artiste charismatique d'une rare sensibilité, d'une fine élégance et puis, surtout, une voix sensuelle ensorcelante. Il s'agit «De La Purissima», un duo espagnol qui a été créé, en 2009, à l'occasion de la rencontre, durant une jam session, entre l'actrice et chanteuse Julia de Castro et le bassiste et compositeur Miguel Rodrigáñez. Un duo musical qui se distingue par l'innovation, le mélange des genres, une mise en scène minutieuse, de l'humour, de la provocation et l'interaction avec le public. C'est un duo qui a subi l'influence de plusieurs artistes, de Bill Evans à Lilian de Celis, en passant par le hard rock de Robert Gordon, sans oublier d'autres références comme Billie Holiday, Scott Lafaro, Raquel Meller, Eartha Kitt, Calle 13, Mina ou Keith Jarret. Selon Julia de Castro, «le rythme est inspiré du jazz, mais les paroles et la mise en scène sont influencées essentiellement des chanteuses du "couplet" du début du XXe, ce qui explique que ses chansons ont des paroles osées et traitent de thèmes tabous». Un après avoir entamé un premier morceau dit Cuplé, Julia de Castro, en belle tenue classique et les cheveux ornés par le magnifique peigne de mantille «signe d'identité de la femme espagnole qu'actuellement plus personne ne porte, mais je ne compte pas l'enlever. Car dès que les autres femmes me voient, elles ne s'arrêtent pas de jaser», ajoute-t-elle avec humour. Puis elle continue d'une voix douce : «J'avoue faire mes premiers pas en Afrique. Je suis la première chanteuse de copla venue sur ce continent. Quelle nouveauté ! Je me propose de vous faire comprendre ce qu'est une chanteuse de copla au XXIe siècle car je suis l'unique dans mon genre. "De La Purissima" est une bande exotique en Espagne parce que plus personne ne chante de musique populaire et surtout de Cuplé. De nos jours, ce qui plaît est de chanter en anglais et ceux qui chantent en espagnol imitent des mélodies en anglais», affirme-t-elle. Un menu des plus riches, donc, a été servi en seulement une heure durant laquelle le duo a pu séduire le public présent par une belle présence sur scène. Entre Copla et Cuplé, les morceaux s'enchaînent, livrant une musique dense et colorée où l'on relève les influences du jazz. «Madrid, Madrid», «Falda de percal» (jupe en percale), «El lindo Ramon», «Las tardes del Ritz» (les après-midis au Ritz), «El Relicario» (Le reliquaire), «No me digas que te marchas» (Ne me dis pas que tu t'en vas), «Suspiros de Espana» (Soupirs d'Espagne), etc. De petites perles mélodieuses s'enchaînent, interprétées par une voix forte, sensuelle et touchante, soutenue en cela par les cordes languissantes et enflammées d'un violoniste au jeu irréprochable. Un joli spectacle où la tradition espagnole était à l'honneur et affichait haut et clair son excellence aux côtés de la musique d'aujourd'hui.