Zouheïr Makhlouf reintégrera son poste en tant que vice-président de l'Instance en application de la décision du Tribunal administratif annulant sa révocation. Seulement, ce retour annonce de nouvelles turbulences au sein de l'IVD Du nouveau du côté de l'Instance vérité et dignité à Montplaisir. Hier, Zouheïr Makhlouf, le vice-président révoqué en août dernier par le conseil de l'Instance à la suite de sa lettre adressée au président de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), Mohamed Ennaceur, s'est présenté devant la porte d'entrée de l'Instance demandant à réintégrer son poste à la suite de l'ordonnance prononcée par le Tribunal administratif annulant la décision de sa révocation. Malheureusement, il a été empêché d'accéder à l'Instance, les responsables avançant le prétexte qu'ils n'ont pas été informés de l'ordonnance émise par le Tribunal administratif. Zouheïr Makhlouf, en vieux routier des procédures à respecter, a réagi en dressant un procès-verbal de constat, par le biais d'un huissier de justice. Dans le procès-verbal en question, il est enregistré que Zouheïr Makhlouf n'a pas été autorisé à regagner son poste puisque «l'Instance n'a pas été informée de la décision rendue en sa faveur par le Tribunal administratif». Tergiversations inacceptables Contacté pour davantage d'éclaircissements, Zouheïr Makhlouf confie à La Presse : «L'Instance a été informée officiellement du jugement rendu en ma faveur. Quand je me suis présenté, hier, vers 9h22 précises pour rejoindre mon poste, j'ai rencontré le directeur administratif Abdelaziz Kraiem, qui m'a informé qu'il dispose d'une décision en date du mercredi 7 octobre prise par le Conseil de la direction de l'Instance. Selon cette décision, je ne pourrai reprendre mes activités qu'à la suite de la réunion du conseil de direction (devant se dérouler le jour même), qui prendra la décision idoine, sans me préciser qu'au bout de cette réunion, l'ordonnance du Tribunal administratif pourrait être refusée». Il ajoute : «Ce qui est inquiétant dans tout ça, c'est que le document qui m'a été remis me demandant d'attendre la décision de la réunion en question est en contradiction avec la loi dans la mesure où le conseil de direction de l'Instance n'avait pas à se réunir pour entériner le jugement rendu par le Tribunal administratif. C'est une décision qui me fait craindre que le jugement pourrait être rejeté par le conseil de direction». Du côté de l'IVD, on a appris que la réunion en question n'a pas été tenue. Anouar Moalla, directeur de la communication à l'IVD, précise à La Presse : «La réunion se tiendra aujourd'hui parce qu'il existe des procédures à respecter. Et en tout état de cause, l'Instance se conformera à la décision du Tribunal administratif». Dans une précédente déclaration à l'agence TAP, il a indiqué que l'Instance «va poursuivre Zouheïr Makhlouf pour ses déclarations portant atteinte à la crédibilité de l'Instance et l'accusant de corruption et de dilapidation des fonds publics». Il n'y a pas lieu de poursuivre Makhlouf devant la justice Mais qu'en pensent les associations de la société civile spécialisées dans le suivi de tout ce qui a trait à la justice transitionnelle ? Le Dr Kamel Gharbi, président du Réseau tunisien pour la justice transitionnelle (Rtjt), exprime son étonnement : «Je n'arrive pas à comprendre pourquoi l'Instance tergiverse pour appliquer l'ordonnance rendue par le Tribunal administratif. Quant aux poursuites judiciaires qu'on annonce à l'encontre de Zouheïr Makhlouf, je me pose la question : est-ce qu'elles seront intentées au nom de l'Instance ou au nom de Sihem Ben Sedrine ? Aujourd'hui et au moment où Zouheïr Makhlouf va réintégrer son poste en tant que vice-président de l'IVD et membre du conseil de direction, il va retrouver l'immunité que lui accorde la loi portant création de l'Instance. Normalement, il n'y a pas lieu de le poursuivre devant la justice. Je pense que cette annonce n'est qu'une tentative à laquelle Sihem Ben Sedrine se livre pour sauver la face. Reste à savoir maintenant comment les choses vont évoluer au sein de l'Instance avec le retour de Zouheïr Makhlouf, surtout que Mohamed Ayadi menace déjà de réactiver sa démission qu'il a gelée fin août dernier estimant qu'il ne peut travailler au sein d'une instance où se trouve Zouheïr Makhlouf. Notre crainte est réelle de voir les tiraillements se poursuivre au sein de l'Instance aux dépens de l'action qu'elle a à mener, surtout que l'IVD ne dispose pas jusqu'à maintenant d'un directeur exécutif et que Laroussi Amri, directeur démissionnaire des recherches, n'a pas été remplacé depuis son départ». «Au sein du Réseau tunisien pour la justice transitionnelle, conclut-il, nous appelons les membres de l'IVD à faire preuve de solidarité, de cohésion et à dépasser leurs différends personnels».