A caractère social, les projets gagnants peuvent accéder à des financements et des opportunités d'exportation. C'est le cas de l'équipe de l'Ihec Carthage avec ses deux projets de 2014 et 2015, dont le premier vise la femme rurale et le second les étudiantes et femmes dans les régions intérieures défavorisées Championne nationale 2015 du Programme Enactus, en sa sixième édition, qui est organisée par Enactus Tunisie avec la collaboration de la Fondation Konrad-Adenauer, l'équipe des étudiants de l'Ihec Carthage vient de partir prétendre au titre international du programme à Johannesburg en Afrique du Sud. Le Pogramme Enactus est présent dans 36 pays avec plus de 70.500 étudiants participant annuellement et qui représentent plus de 1.700 universités. Le programme consiste à promouvoir l'entrepreneuriat dans le social et le communautaire chez les étudiants en les connectant aux entreprises et institutions qui financent les actions sociales avec l'apport pédagogique des établissements universitaires dans la conception de leurs projets. Selon Khaoula Khedimy Boussema, présidente et CEO Programme Enactus Tunisie, le programme a été lancé en Tunisie depuis 2009 par le Centre des jeunes dirigeants d'entreprises (CJD) de l'Utica. «Enactus est très spécifique comme programme, ajoute-t-elle. D'abord les étudiants s'engagent bénévolement pour créer ou développer des projets avec l'accompagnement d'universitaires sur le plan pédagogique. Et les chefs d'entreprise, de tout secteur d'activité et qui sont des partenaires d'Enactus Tunisie, sont les mentors de leurs projets et s'engagent eux aussi bénévolement. Les participants ne peuvent accéder au concours national que lorsque le projet a été lancé ayant eu des résultats concrets sur les bénéficiaires sur les plans économique, social et environnemental». Pour l'Ihec Carthage, qui a gagné deux fois la compétition nationale, leur projet de l'année dernière c'était le développement d'une coopérative pour les femmes rurales démunies à Aïn Draham spécialisées dans l'extraction des huiles essentielles à partir de plantes médicinales pharmaceutiques et parapharmaceutiques. Leur deuxième projet, qui a été réalisé cette année avec l'apport de «Génération Liberté» , c'est la confection de lingettes lavables. Ils sont partis d'un besoin des filles de l'internat à Makther qui utilisaient de la mousse pour en faire des serviettes hygiéniques, ce qui était dégradant pour elles. Les étudiants ont pu répondre à ce besoin qui est le même pour les femmes démunies des régions intérieures défavorisées. «Ce sont des projets très communautaires et partent toujours d'un besoin social pour en faire des projets qui peuvent toucher même une entreprise en difficulté. Les étudiants font des constats des états des lieux pour développer la capacité et la performance de l'entreprise et la faire sortir de ses difficultés. Ce qu'on essaie de faire c'est de sauvegarder les postes d'emploi et il y a le volet social aussi en cela», explique Mme Khadimy. Pour sa part, le représentant résident de la Fondation Konrad-Adenauer, M. Hardy Ostry, affirme que les projets entrant sous le Programme Enactus Tunisie ont démontré leur rentabilité économique et sociale. «Ce sont des projets déjà réalisés à micro-échelle et qui ont prouvé leur durabilité et efficacité. Maintenant, il faut voir s'il y a d'autres parties prenantes qui vont s'engager pour soit élargir le projet ou et financer. Il y a des projets qui ont été mis sur le marché tunisien et particulièrement dans les domaines écologique et social qui ont déjà montré leur valeur ajoutée dans les communautés cibles. Ce qui est important c'est que les jeunes réalisent des résultats rapides ce qui les motive dans leur carrière en passant à l'action au lieu d'attendre que certains facteurs se réunissent dans une période de crise ou de difficultés. Ça c'est très important», souligne le représentant de la Konrad-Adenauer Stiftung en Tunisie. Opportunités de financements et d'export L'équipe de l'Ihec, champion national d'Enactus Tunisie pour la deuxième fois consécutive, vient de partir à Johannesburg pour participer à la compétition internationale qui est organisée pour la première fois en Afrique. D'ailleurs, la présidente du programme Enactus Tunisie espère que le titre restera africain. En ce qui concerne les motivations pour l'équipe participante, elle a expliqué qu'il y a la représentation du pays et la notoriété de l'école, outre le fait de se mesurer aux autres écoles participantes. Et d'ajouter : «Aussi, il y a l'opportunité de présenter le projet devant un parterre de chefs d'entreprise et Business Angels, ce qui peut aider les étudiants à accéder à d'autres financements et d'autres perspectives d'exportation. D'ailleurs, cette équipe de l'Ihec Carthage est en train de négocier des partenariats pour leurs deux projets avec des pays africains comme la Côte d'Ivoire et le Mali. J'espère que ça se concrétisera de manière efficace l'année prochaine». Pour ce qui est du soutien financier, le Programme Enactus Tunisie a d'abord des partenaires institutionnels dont la Konrad-Adenauer Stiftung, l'ambassade des Etats-Unis, l'ambassade de Chine, le ministère de l'Enseignement supérieur. Aussi, il a des partenaires du secteur privé tunisien dont vient la grande partie du financement. «Parmi nos partenaires nous avons Attijari, Ooreedo, Samsung, le groupe El Badr, le groupe Chaibi, Gat Assurances, Monoprix, etc. Leur intérêt est de préparer ces jeunes à l'entrepreneuriat et contribuer à l'émergence d'une nouvelle génération de leaders économiques qui vont travailler dans une grande partie chez ces partenaires. De même, ces derniers financent les projets à caractère social. C'est là l'action citoyenne des entreprises, en fait », explique la présidente d'Enactus Tunisie. Selon le représentant de la Konrad-Adenauer Stiftung en Tunisie, la fondation a un partenariat qui date depuis longtemps avec le CJD et le focus actuellement est sur la formation professionnelle. «Dans ce sens, la semaine prochaine, il y aura une importante conférence sur l'internationalisation de la formation professionnelle à l'occasion de la visite de Mme Annegret Kramp-Karrenbauer, Ministre-President, ministre de la Science, de la Recherche et de la Technologie et du Sarre. A part cela , le Programme Enactus est très cher à nous parce qu'il touche les jeunes qui sont l'avenir de la Tunisie», conclut-il.