Boussole de Mathias Enard vient de remporter le Goncourt 2015. Pour les connaisseurs et les critiques, cette distinction n'a rien de surprenant vu que le lauréat de cette année est un serial vainqueur des Prix littéraires d'expression française. Avant ce sacre, cet écrivain et traducteur français de 43 ans compte déjà dans sa vitrine de trophées six distinctions: Prix des cinq continents de la francophonie 2004, Prix Edmée-de-La-Rochefoucauld 2004, Prix décembre 2008, Prix candide 2008, Prix du livre inter 2009 et Prix Goncourt des lycéens 2010. Certes, le talent de Mathias Enard ne laisse personne indifférent, mais les critères de sélection des romans finalistes par l'Académie Goncourt sèment un peu le doute. En effet, si on comparait le palmarès du Grand Prix du roman de l'Académie française de ces dernières années avec celui du Goncourt, on remarque que le doyen des prix littéraires a perdu beaucoup de sa superbe et surtout de sa diversité culturelle. D'ailleurs, le premier a récompensé, jeudi 29 octobre 2015, ex aequo, l'Algérien, Boualem Sansal et le Franco-Tunisien, Hédi Kaddour. Depuis le sacre de l'Afghan, Atiq Rahimi (Syngué sabour. Pierre de patience, 2008) et de Marie NDiaye (*) (Trois femmes puissantes, 2009), l'universalité du Prix Goncourt a été renvoyée aux calendes grecques pour laisser place aux plumes blanches style Michel Houellebecq (2010), Alexis Jenni ( 2011), Jérôme Ferrari (2012), Pierre Lemaitre (2013), Lydie Salvayre (2014) et Mathias Enard (2015). Pour l'édition de 2015, exit les favoris comme Petit piment d'Alain Mabanckou (Franco-congolais), 2084-La fin du Monde de Boualem Sansal (Algérien) et Les prépondérants de Hédi Kaddour (franco-tunisien). Manifestement, les plumes métissées ou de couleur ne font plus écho chez les membres du jury de ce prestigieux Award. Le Goncourt est-il devenu raciste ? (*) Marie NDiaye, femme de lettres française, née en France de père sénégalais et de mère française.