L'Assemblée des représentants du peuple (ARP) a adopté, hier, le budget du ministère des technologies de la communication et de l'économie numérique avec 115 voix et 14 abstentions. Le ministre des Technologies de la Communication et de l'Economie numérique, Nooman Fehri, a rappelé que son département vise, dans le cadre du programme Tunisie numérique, à fournir 50 mille emplois au profit des sociétés internationales et 50 mille emplois dans les start-up. Dans sa réponse aux interrogations des députés, il a fait savoir que 12 sociétés tunisiennes et étrangères ont signé des conventions, à ce propos, pour créer 3.100 emplois en Tunisie. Fehri a annoncé qu'un conseil ministériel sera tenu afin d'examiner les moyens de payement du permis d'exploitation du service 4e génération (4G). Il a souligné que les régions de l'intérieur auront la priorité d'exploitation du réseau 4G, et ce, dans le cadre de la discrimination positive, conformément au cahier des charges qui exige des sociétés des télécommunications la couverture de 20% de ces zones. Le ministère œuvrera à augmenter le nombre de bureaux de poste mobiles dans les petits villages connaissant un manque de services postaux, a annoncé Nooman. Il a souligné que le ministère s'attelle en coordination avec le ministère des finances à activer l'utilisation des financements disponibles dans le Fonds de développement des communications bénéficiant d'allocations de 100 millions de dinars. Lutte contre le terrorisme Concernant la lutte contre le terrorisme, Fehri a avancé que son département est un élément efficient et essentiel dans la stratégie nationale de lutte contre le terrorisme aux côtés des ministères des Affaires étrangères, de l'Intérieur et de la Défense ainsi que la présidence de la République. Il a affirmé que le ministère réagit fortement avec l'efficacité et la célérité requises contre les sites électroniques des terroristes, tout en respectant la loi. Pour ce faire, a-t-il expliqué, le ministère a adopté deux approches relatives respectivement à la suppression des sites et l'infiltration. S'agissant de «Lycamobile» et son introduction dans le cadre d'un partenariat avec TT, le ministre a soutenu que «cette question est soumise à l'attention du conseil d'administration de la société qui a obtenu l'accord de principe de l'Instance nationale des télécommunications au début de 2015». TT œuvre, à travers ce partenariat, à répondre aux demandes d'une catégorie de citoyens désirant profiter des services qu'offre «Lycamobile», a ajouté le ministre. Noomen Fehri a souligné qu'il est impossible de nationaliser Tunisie Télécom (TT) après la cession de 35% de son capital au partenaire Emirati. Toutefois, a-t-il dit, dans sa réponse aux interrogations des députés sur l'avenir de la société, le droit des Tunisiens dans l'infrastructure de TT ne sera pas cédé. Et d'ajouter que des décisions sur la situation de la société seront prises à partir de 2016. Plusieurs députés ont demandé, hier, des éclaircissements au ministre Nooman Fehri sur l'avenir de la société Tunisie Télecom (TT), à la lumière de la concurrence accrue dans le secteur et la détérioration du niveau des services de cette société. Ils se sont également interrogés, lors de la discusion du budget du ministère pour l'exercice 2016, sur les garanties offertes en Tunisie pour assurer la réussite de l'entrée de la quatrième génération 4G des services de la communication et Internet. L'offre 4G Le député Yad Dahmani a évoqué la question de la volonté d'une société internationale dans le domaine de la communication «Lycamobile» de commercialiser ses services en Tunisie à travers TT, relevant la non-efficience de cette opération. Dahmani a imputé ses craintes au vu du refus des autres opérateurs Internet privés («Ooredoo» et «Orange») en Tunisie d'établir un partenariat avec cette société étrangère en raison du faible rendement de cette opération consistant en l'entrée des opérateurs virtuels dans le domaine des télécommunications en Tunisie. Il a, par ailleurs, fait remarquer que la hausse de la valeur totale de l'offre 4G s'élève à 450 millions de dinars, exigeant par conséquent des investissements de près de deux millions de dinars, ce qui va se répercuter sur les prix de ce service présenté à la clientèle. La députée Emna Ben Hamid a signalé les difficultés que rencontre le service Internet 3G en Tunisie, alors que le ministère œuvre à lancer la 4G, relevant l'absence de certains services de télécommunications dans certaines régions. Le député Imad Daimi a passé en revue les projets bloqués du ministère dont la réforme de Tunisie Télécom. Il a mis l'accent, par ailleurs, sur les protestations contre les nominations partisanes, ajoutant que le conseil stratégique de l'économie numérique (9 chaises secteur public et 9 chaises secteur privé) reflète une volonté des lobbies de dominer le secteur des télécommunications en Tunisie. Ce type de conseil comprend, dans d'autres pays, des experts, des parlementaires et des représentants de la société civile, a-t-il dit, appelant également au développement de l'administration numérique. Le député Nizar Amamou a recommandé de développer le secteur de la poste en accordant notamment l'intérêt requis au contrôle. Il faut également permettre aux régions de l'intérieur du pays de tirer profit de la révolution numérique et de faciliter l'accès de tous les élèves à Internet. Pour sa part, Hajer Bouzemi a souligné le gap numérique et l'absence de couverture de certaines régions par le réseau. Le député Jilani Hammami a pointé du doigt la marginalisation du secteur de la poste et son rôle dans l'épargne nationale, appelant au développement de la capacité de la poste tunisienne à mobiliser l'épargne. L'Assemblée des représentants du peuple (ARP) avait adopté, mardi, à la majorité de 113 voix contre 17 abstentions, le projet du budget du ministère de la Formation professionnelle et de l'Emploi au titre de l'année 2016. Le budget du ministère au titre de l'année 2016 est estimé à plus de 659 millions de dinars contre 645 millions de dinars pour l'année 2015, soit une hausse de 2,2%. Le budget du ministère de l'année 2016 est réparti comme suit : budget de gestion : 279 millions de dinars, budget de développement : 13 millions de dinars, fonds de trésor : 367 millions de dinars Les interventions des députés se sont articulées autour de nombre de questions, dont le nouveau programme de l'emploi «Forsati», la carte régionale de la formation professionnelle et l'évaluation du rendement du département de la formation professionnelle et de l'emploi ainsi que ses différents programmes. S'agissant du programme d'emploi «Forsati», les députés se sont interrogés sur les objectifs, les catégories ciblées par ce programme ainsi que sa contribution à la réduction du taux de chômage en Tunisie. Forsati, un programme au profit de 50 mille jeunes A cet égard, le député Haykel Kacem a mis l'accent sur la nécessité d'identifier les moyens appropriés permettant de promouvoir l'esprit d'intitiative chez les jeunes et de les encourager à s'installer pour leur propre compte. De son côté, le député Fayçal Tebini a proposé de dresser une liste précise des recrutements au sein de la fonction publique pour les cinq années à venir. Traitant du volet de la formation professionnelle, le député Ridha Dalaï a fait état d'un déséquilibre flagrant au niveau des centres de formation professionnelle en termes d'équipements et de ressources humaines, appelant à ce propos à la nécessité d'accorder un surcroît d'attention à ces centres de manière à leur permettre d'offrir une formation de qualité. Pour sa part, la députée Zohra Idriss a évoqué la question du décrochage scolaire, faisant remarquer que plus de 110 mille élèves ont quitté les bancs de l'école. Il est impératif, a-t-elle dit, de prévoir une stratégie cohérente pour encadrer cette catégorie. Le député Mongi Rahoui a appelé à dévoiler les dossiers de corruption dans le ministère, plaidant en faveur de la révision des recrutements au sein de la fonction publique. Le spectre du terrorisme n'était pas absent des débats de la plénière de mardi. C'est ainsi que le député Kamel Hraghi a recommandé d'identifier des solutions urgentes en vue de booster le développement dans les zones frontalières menacées par le terrorisme et d'accorder toute l'attention requise aux jeunes de ces régions, en proie au chômage et à la marginalisation. Prenant la parole, Zied Laadhari, ministre de la Formation professionnelle et de l'Emploi, a indiqué que le programme d'emploi «Forsati» entrera en vigueur à partir de l'année 2016, faisant remarquer qu'il ciblera en première étape 50 mille jeunes sans emploi. En vertu de ce programme, le demandeur d'emploi sera partie prenante et acteur agissant, a assuré le ministre, soulignant qu'il ciblera, notamment, les jeunes des zones frontalières et les sans-emploi dans les quartiers populaires et marginalisés. Laâdhari est revenu sur la question des menaces terroristes qui pèsent sur la Tunisie. Afin de contrer le terrorisme, il est plus que jamais nécessaire d'adopter une approche globale qui prend en considération les volets sécuritaire, éducatif et socioéconomique, a-t-il soutenu.