Ghazi Chaouachi : «La société Cotusal a tout intérêt à accepter des arrangements à l'amiable pour éviter de perdre le monopole sur le sel». La bataille risque de durer Il aura fallu un long combat de l'opposition et un rôle indéniable des médias qui ont révélé l'affaire il y a deux ans déjà, pour que le ministre de l'Industrie, de l'Energie et des Mines, Zakaria Hamad, annonce devant le Parlement la révision imminente du contrat de vente du sel tunisien qui lie le gouvernement à la Compagnie générale des salines de Tunisie (Cotusal). Un contrat qui n'a pas été révisé depuis 1949, c'est-à-dire avant l'indépendance de la Tunisie. Depuis plus de 60 ans, la compagnie exploite, en effet, le sel des régions de Sfax et de Zarzis, avec un prix de vente proche de zéro. Samia Abbou, député du Courant démocratique, en a fait son cheval de bataille, en demandant depuis quelques temps déjà la résiliation pure et simple du contrat. «C'est une entreprise qui exploite le sel de notre pays depuis cinquante ans avec un contrat encore en franc français», a-t-elle déclaré à l'Assemblée lors d'une récente séance plénière. Le contrat en question était à ce point indiscutable qu'il a été reconduit à deux reprises pour une durée de quinze ans sans qu'aucun des termes usités dans le contrat ne soit révisé. Alors est-ce à dire que l'opposition est contente de la récente annonce du ministre de l'Industrie ? Pas si sûr, puisque pour le moment, le gouvernement n'a pas encore donné la feuille de route pour la révision du contrat en question. «Si l'on s'en tient au contrat, l'Etat devrait adresser un préavis de 10 ans à la société Cotusal, avant de pouvoir décider de rompre le contrat et de lancer un nouvel appel d'offres», explique le député du Courant démocratique Ghazi Chaouachi. Pour lui, c'est un peu trop. «Il faut invoquer auprès de cette société, dont la situation douanière est quelque peu suspecte, la non-équité du contrat pour réviser les termes de l'exploitation», propose Ghazi Chaouachi. Une procédure qui pourrait passer par les sentiers compliqués de la justice internationale. Mais selon l'opposition, la société Cotusal a tout intérêt à accepter des arrangements à l'amiable pour éviter de perdre le monopole sur le sel. La Cotusal, qui affiche un chiffre d'affaires annuel de 30 MD, pourrait devoir réviser ses ambitions à la baisse, au risque de perdre définitivement la poule aux œufs d'or.