80 % des interviewés considèrent que la Tunisie est un pays démocratique et 58 % sont satisfaits du niveau atteint en termes de démocratie au cours des dernières années En ce 17 décembre 2015, date historique et symbolique, il est légitime de vouloir savoir davantage sur ce que pensent les Tunisiens de leur révolution, cinq ans après son déclenchement. Que leur rapporte-t-elle, en termes d'attentes et revendications, telles que scandées dès le départ ? Outre les libertés, acquises, qu'en est-il, aujourd'hui, de la jeune démocratie, encore en phase transitoire? Comment la définir et quel regard porte-t-on à son égard ? « One to one », ONG indépendante basée en Tunisie, a usé de son baromètre africain pour sonder l'opinion des Tunisiens quant à leur perception de la démocratie post-révolution, alors qu'elle est à ses premiers pas. Afin d'y répondre, l'échantillon adopté est aléatoire, ciblant 1.200 citoyens interviewés à domicile et répartis sur 141 délégations dans les 24 gouvernorats du pays. Cette large couverture démographique pour l'échantillonnage n'a pas épargné, aux côtés des grandes villes, les zones rurales les plus reculées. Le but est d'avoir suffisamment d'avis bien proportionnés à la population nationale. Les résultats de cette enquête menée auprès de personnes en âge de vote (18 ans et plus), ont été présentés lors d'une conférence de presse tenue, hier, à Tunis. Statistiques à l'appui, il en ressort que la majorité des interviewés, à hauteur de près de 80 %, considèrent certes que la Tunisie est un pays démocratique, mais, selon eux, la démocratie y est inachevée et parsemée d'embûches et de difficultés. N'empêche, plus de la moitié des sondés, soit 58 %, affichent leur satisfaction du niveau atteint par la démocratie, au cours de ces dernières années. La pratique démocratique laisse encore à désirer Selon ce sondage d'opinion, la démocratie est fort soutenue en tant que processus continu. Mais le degré de son exercice ne semble pas gagner en confiance totale. Ce qui confirme, d'ailleurs, qu'un tiers des Tunisiens expriment leur insatisfaction à cet égard. Toutefois, 78 % parmi eux lui ont donné une note positive. C'est qu'ils ont défini la démocratie par un ensemble de valeurs illustrant, en priorité, la liberté sous toutes ses formes. Soit quelque 57 % sont unanimes sur ce choix. Les autres définitions ont pris d'autres vocations sémantiques : l'égalité et la justice, le droit de vote aux élections, le pouvoir du peuple, le respect mutuel, la participation au pouvoir, le règne de la majorité et la primauté de la loi, le développement équitable et bien d'autres illustrations de l'exercice démocratique. A preuve, démontre l'enquête, presque 80 % des Tunisiens s'opposent fermement au règne de l'homme et du parti uniques, favorisant, majoritairement, le régime démocratique caractérisé surtout par l'alternance au pouvoir. 57 % des interviewés se sont déclarés, catégoriquement, contre le régime politique où le pouvoir est aux mains de l'armée. Du reste, la grande majorité (90%) voit dans les élections la meilleure voie d'accès au pouvoir. Seulement 9 % les ont rejetées, de peur des mauvais choix auxquels elles pourraient aboutir. En tout état de cause, les deux tiers des interrogés se sont déclarés pour la reddition des comptes au gouvernement, même si cela retarde sa prise des décisions. De même, ils sont pour la primauté de la loi. Un « oui » selon lequel nul n'est au-dessus de la loi, même s'il s'agit, là, du président élu en personne. Selon les résultats du même sondage, leur avis concernant les dernières élections tenues en octobre 2014 ne se diffère pas du reste des Tunisiens, les qualifiant de libres et transparentes. A noter que l'« Afrobaromètre » adopté dans l'enquête en question est un outil de recherche indépendant créé en 1999, et qui avait touché, jusque-là, plus de 35 pays africains. « One to one » se présente comme son partenaire aussi bien en Tunisie que dans les pays nord-africains. Il s'intéresse aux sondages d'opinion et aux études scientifiques sur des questions d'ordre local et international. L'enquête sur la démocratie en Tunisie a pour marge d'erreur estimée à 3%, avec un seuil de confiance de 95%.