Atef Maâtallah, Alaeddine Slim et Fakhri el Ghazel ont été libérés en appel. Non-lieu pour vice de procédures. Trois artistes tunisiens ont été arrêtés, le 19 novembre à Nabeul, suite à une descente basée sur des soupsons d'activités terroristes. La police oriente, alors, leur dossier vers une affaire de stupéfiants. Ils écopent, le 8 décembre, de mille dinars d'amende et d'un an de prison chacun pour détention de cannabis. Atef Maâtallah, Alaeddine Slim et Fakhri el Ghazel ont été libérés en appel. Non-lieu pour vice de procédures. Leur comité de soutien y est pour beaucoup. Composé entre autres de familles, d'amis, d'artistes, de journalistes, ce comité s'est exprimé dans un communiqué, via les réseaux sociaux et les médias. Sa mobilisation a engendré une vague de soutien en Tunisie et à l'éxtérieur du pays, comme en Algérie où des artistes ont adressé une lettre de soutien aux trois détenus, et en France où une exposition a eu lieu le 21 décembre. Le communiqué du comité de soutien pointe du doigt la loi 52 tout en attirant l'attention sur le statut particulier des trois artistes. «Fakhri El Ghezal est photographe et plasticien. Ses œuvres artistiques ont figuré dans des dizaines d'expositions, de festivals et de manifestations artistiques de par le monde. Alaeddine Slim est réalisateur, scénariste, monteur et producteur de cinéma. Il a remporté l'une des distinctions les plus importantes du documentaire tunisien, le Grand Prix du festival international FIDMarseille en 2012. Atef Maâtallah est peintre et dessinateur. Fondateur en 2012 avec Fakhri El Ghezal du collectif d'artistes Politiques. Il a obtenu le 2e prix du salon international DDessin consacré au dessin contemporain», nous informe ce communiqué. Nous ajoutons que ce sont des artistes citoyens, impliqués dans les mouvements sociaux du pays, par le biais de l'art. Alaeddine Slim a formé des jeunes au journalisme citoyen. Fakhri el Ghazel et Atef Maâtallah ont vécu et narré par la photo, la vidéo et le dessin, le projet «La ligne d'une tentative» des jeunes de Redeyef. Des œuvres de cette expérience et d'autres projets des trois artistes ont été montrés au MadArt vendredi dernier. Une projection et une exposition de soutien ont été organisées par le comité. On a pu y voir le coup de crayon de Atef, les photographies de Fakhri et des vidéos de Ala. Emus, les membres du comité de soutien ont condamné l'injustice qu'ont subie leurs amis avant de laisser place à la projection de «L'automne» de Alaeddine Slim et «Ghouroub» de Fakhri el Ghazel. Rencontré dans l'espace de l'exposition, le cinéaste Ismaël, l'un des porte-parole du comité de soutien, a l'air abattu. Il n'est pas optimiste quant au changement de cette loi mais garde espoir pour la libération de ses amis. Il nous informe que l'instance d'appel aura lieu le lundi 21. A ce moment-là, il ne savait pas qu'ils auraient gain de cause. Même si les artistes ont été blanchis, la fameuse loi 52 a encore frappé. Atef Maâtallah, Alaeddine Slim et Fakhri el Ghazel sont l'arbre qui cache la forêt des citoyens victimes de cette loi et de ses injustices. Ils sont, en effet, plus de 8000 prisonniers, pour la plupart des jeunes, dont nos amis Adnène Meddeb et Amine Mabrouk, condamnés, le 4 décembre, à un an de prison ferme pour la simple détention d'un paquet de feuilles à rouler. Ils rentraient d'une longue journée de travail au sein du comité d'organisation des Journées cinématographiques de Carthage, et avaient dépassé le couvre-feu d'à peine vingt minutes... Nous n'irons pas plus loin dans les accusations de cette loi. Aux politiciens de faire leur travail. N.T.