ISLAMABAD (Reuters) — Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon est arrivé, hier, au Pakistan et se rendra dans les zones sinistrées à la suite des inondations des deux dernières semaines, les plus graves dans le pays depuis 80 ans. A peine descendu de son avion, il a invité la communauté internationale à accélérer l'acheminement de l'aide sur place. Sur les 459 millions de dollars nécessaires aux premières opérations de secours, seul le quart est parvenu sur place, selon l'ONU. "Je suis ici (...) pour dire la sympathie et la solidarité des Nations unies au peuple et au gouvernement du Pakistan en ce temps d'épreuves", a-t-il dit. "Je suis venu, aussi, pour exhorter la communauté internationale à accélérer l'envoi de l'aide au Pakistan." Les inondations qui ont fait plus de 1.600 morts et deux millions de sans-abri touchent au total 20 millions de personnes, soit près de 12% de la population. Ban Ki-moon rencontrera le Président pakistanais, Asif Ali Zardari, très critiqué pour ne pas avoir écourté un voyage en Europe au plus fort des inondations, et le Premier ministre pakistanais, Yusuf Raza Gilani. Six millions de personnes n'ont toujours pas reçu d'aide et n'ont toujours pas accès à l'eau potable. Selon les Nations unies, près d'un tiers du territoire pakistanais est touché par les inondations, soit l'équivalent du territoire italien. L'ONU se montre de plus en plus préoccupée concernant les maladies liées à la contamination des eaux. Un cas de choléra a été confirmé dans un hôpital de la vallée de Swat, dans le nord du pays, et les organisations humanitaires ont pris des mesures pour prévenir une crise sanitaire. Le porte-parole des opérations humanitaires de l'ONU, Maurizio Giuliano, a fait état de 36.000 personnes souffrant de diarrhée aiguë. Lors d'un discours prononcé à l'occasion de l'anniversaire de l'Indépendance, le Premier ministre Raza Gilani a estimé que le Pakistan faisait face à des défis comparables à ceux soulevés par la partition de l'Empire des Indes en 1947. Le gouvernement, dépassé par l'ampleur du désastre, est sous le feu des critiques pour avoir tardé à réagir face à la crise, laissant l'armée et les organisations internationales gérer la situation. Le mécontentement grandit, laissant planer le risque de troubles sociaux mais, selon des analystes, l'armée est suffisamment occupée par la lutte contre les talibans pakistanais pour s'immiscer dans la vie politique et tenter de reprendre le pouvoir. Le chef de l'opposition, Nawaz Sharif, a promis de coopérer avec les autorités. "Les considérations politiques en ce moment sont ‘‘haram'' (interdites par l'Islam)", a-t-il dit lors d'une conférence de presse. Le coût économique de ces inondations va peser lourd sur le budget du Pakistan et le ministère des Finances a annoncé que l'objectif de 4,5% de croissance du PIB prévu cette année ne serait pas atteint. Le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, estime à un milliard de dollars le coût des destructions des récoltes et a annoncé que son organisme allait étudier le déblocage de 900 millions pour venir en aide aux Pakistanais.