PANAMA CITY, Floride (Reuters) — Barack Obama a relativisé, avant-hier, des propos par lesquels il avait paru approuver la veille le projet de construction d'un centre culturel musulman près du site des attentats du 11 septembre 2001 à New York. Lors d'un déplacement en Floride, il a déclaré, avant-hier, ne soutenir que le droit des organisateurs de construire le centre. Vendredi, lors d'une réception à la Maison-Blanche, le Président avait déclaré que "les musulmans doivent bénéficier du droit de pratiquer leur religion comme n'importe quel autre ressortissant du pays". "Cela comprend le droit de construire un lieu de culte et un centre communautaire sur une propriété privée dans le bas de Manhattan, dans le respect des règlements et du droit local", ajoutait-il en présence de diplomates de pays islamiques et de représentants de la communauté musulmane américaine. Le projet de centre musulman, soutenu par le maire républicain de New York, Michael Bloomberg, suscite une vive opposition des élus conservateurs mais aussi de nombreux habitants de la ville. L'édifice aurait treize étages et comprendrait des salles de réunion, un espace de prière, un auditorium et une piscine. Il se situerait à deux pâtés de maisons du lieu où se dressaient naguère les tours jumelles du World Trade Center. Ses propos ayant été critiqués, Obama s'est employé, avant-hier, à les clarifier. "Je n'évoquais pas et je n'évoquerai pas le bien-fondé du fait de décider de construire une mosquée à cet endroit", a-t-il dit aux journalistes en Floride. "J'évoquais très précisément ce droit (...) qui remonte à notre fondation. Notre pays, c'est cela." Près de 2.750 personnes avaient péri le 11 septembre 2001 dans les attentats d'Al Qaïda qui avaient provoqué l'effondrement des deux tours du sud de Manhattan. Un porte-parole de la Maison-Blanche a précisé, avant-hier, que les commentaires de Barack Obama ne constituaient pas une remise en cause des propos qu'il avait tenus lors du dîner de vendredi. "Le Président ne se rétracte en aucune manière après les commentaires qu'il a faits hier soir", a indiqué Bill Burton dans un courriel adressé à la presse. "Ce qu'il a dit hier soir, et réaffirmé aujourd'hui, est que si une église, une mosquée, une synagogue ou un temple hindou peut être construit sur le site, vous ne pouvez pas nier le droit de ceux qui veulent la construction d'une mosquée", a-t-il ajouté. Un sondage réalisé pour CNN montre que l'opposition au projet transcende les clivages politiques partisans dans l'opinion publique américaine. Près de 70% des Américains y sont opposés, dont 54% des démocrates et 82% de républicains et 70% des indépendants. Le leader républicain à la chambre des représentants, John Boehner, a qualifié de gênant le "soutien" d'Obama à la construction de ce centre musulman près du site de Ground Zero. "Le fait qu'une personne puisse exercer un droit ne signifie pas que cela soit une bonne chose", a déclaré Boehner dans un communiqué. "Ce n'est pas un problème de droit, qu'il s'agisse de liberté religieuse ou de plan d'occupation des sols. C'est une question de respect d'un moment tragique de notre histoire", a-t-il ajouté. Pour Gary Bauer, président de l'association conservatrice American Values, Barack Obama a perdu le contact avec ses concitoyens. "Cette dernière décision est la preuve évidente que le président ne comprend pas les valeurs et les sentiments du peuple américain, en particulier à un moment où nous sommes toujours en guerre contre les djihadistes", a jugé Bauer dans un communiqué.