Tous les indicateurs épidémiologiques sont au rouge. La Tunisie fait face au pire scénario longtemps redouté. Les signaux d'alarme lancés par les différents médecins et spécialistes n'ont pas évité au pays la nette dégradation de la situation épidémiologique avec une forte hausse du nombre de contaminations et de décès. Seulement mardi 13 avril dernier, 86 victimes ont été recensées, un triste bilan jamais enregistré depuis plusieurs semaines. C'est dans ce contexte que la directrice de l'Observatoire national des maladies nouvelles et émergentes (Onmne), Nissaf Ben Alaya, a tiré la sonnette d'alarme. Pour elle, la situation est devenue «extrêmement dangereuse». Elle précise d'ailleurs que le niveau d'alerte est désormais «très élevé» dans 15 gouvernorats et «élevé» dans 7 gouvernorats et 111 délégations. Elle souligne aussi que tout le danger réside dans le nombre d'hospitalisations qui a atteint 2.270, dépassant le nombre enregistré durant la deuxième vague de janvier dernier. Cette forte hausse du nombre d'hospitalisations ne cesse de menacer le système hospitalier qui a déjà atteint les limites de ses capacités. Le compte à rebours a-t-il commencé ? Le ministre de la Santé Faouzi Mehdi a fait état d'une hausse de tous les indicateurs épidémiologiques, notamment en ce qui concerne le nombre de décès et de contaminations. Evoquant la pression sur les hôpitaux, Mehdi a reconnu que la situation est très grave, affirmant que 90% des lits de réanimation sont occupés. Une donne qui confirme les craintes de plusieurs médecins qui avaient mis en garde contre l'effondrement du système hospitalier en Tunisie. Les services de réanimation débordés Jalila Ben Khelil, membre du comité scientifique de lutte contre la Covid-19, a indiqué dans ce sens que les lits de réanimation sont occupés à hauteur de 100% dans certaines régions, mettant en garde contre la propagation de la Covid-19 et plus particulièrement du variant britannique qui touche une population plus jeune et peut donner des cas graves chez les 40-60 ans. En effet, le nouveau variant britannique du coronavirus serait, selon les explications des spécialistes, la principale cause de la nette détérioration de la situation épidémiologique en Tunisie. Sauf que selon Nissaf Ben Alya, «au total, 192 variants de la Covid-19 ont été détectés en Tunisie. L'alerte, par conséquent, est à son point culminant dans 15 gouvernorats et dans 111 délégations». A la lumière de cette situation, plusieurs délégations ont été fermées par les autorités pour limiter la propagation du coronavirus. Il est notamment question de Teboursouk à Béja et de Kébili Nord dans le gouvernorat de Kébili qui ont été totalement bouclées. La situation dans le milieu scolaire n'est pas meilleure, surtout à la lumière de l'absence de protocole sanitaire. La Fédération générale de l'enseignement secondaire a proposé au ministère de l'Education de suspendre les cours pendant dix jours pour casser les chaînes de contamination. Une proposition qui sera étudiée, répond le département qui confirme la difficulté d'appliquer le protocole sanitaire dans certains établissements éducatifs. La campagne de vaccination est à la traîne. Après un mois de vaccination, la Tunisie n'a même pas vacciné 200 mille personnes, très peu selon les médecins et spécialistes. Le conseiller auprès de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Souhail Alouini, a estimé qu'à ce rythme, la Tunisie ne parviendra à vacciner sa population qu'en 2025. Rappelons dans ce contexte que l'Office national des aéroports au Maroc (Onda) a décidé la suspension des vols à destination et en provenance de la Tunisie. Cette décision, précise l'Onda, entrera en vigueur à partir d'aujourd'hui, 15 avril, et concerne les passagers voyageant de la Tunisie à travers un autre pays.