Usine désaffectée puis grande surface, un espace de 12.000 m2 entame une nouvelle vie grâce à l'art. « Culturama » est le nom de ce grand projet dont la première unité, l'«Espace 77», a été inaugurée le 11 janvier par un spectacle théâtral. Le comédien et metteur en scène Moez Gdiri, directeur artistique du projet, s'est allié à deux hommes d'affaires férus d'art afin de concrétiser ce rêve qui va transformer le paysage urbain et la vie à Gammarth, où s'érige «Culturama». Arrivés sur les lieux où nous attendait Moez Gdiri, rien ne semble prédire sa future vocation, à part le grand bâtiment que l'on s'apprête à visiter. «Culturama»... «Espace 77»? Notre hôte réajuste notre boussole en nous expliquant qu'en attendant la fin des travaux, une partie du projet a été inaugurée, celle baptisée «Espace 77». On s'y introduit par le côté, longeant un mur orné d'un graffiti réalisé par des étudiants de l'Institut supérieur d'arts dramatiques (Isad). Leur contribution est grande dans ce projet, nous explique Moez Gdiri. «Ils ont beaucoup aidé à son lancement. Mes deux assistants et mon régisseur viennent de l'Isad. Ils sont payés au pourcentage, en attendant que le projet devienne rentable», nous déclare-t-il. II nous informe également qu'il met l'espace à la disposition des jeunes créateurs pour répéter leurs spectacles. Après l'accueil, «Espace 77» révèle une future salle de lecture dont les livres viennent de dons et de la bibliothèque personnelle de Moez Gdiri. Il y aura bientôt une buvette. Dans la continuité de la salle de lecture, derrière un rideau, la salle de spectacle équipée de 150 chaises. Un autre rideau révèle un futur cinéma de poche. «Nous avons opté pour cette séparation avec rideaux, à la française, afin de profiter de toutes les possibilités que peut offrir l'espace», explique Moez Gdiri. Et d'ajouter: «La salle de spectacle sera bientôt équipée en gradins. Nous y avons organisé l'inauguration le 11 janvier». Le 20 février, la scène de l'«Espace 77» va accueillir une représentation du one man show «100% tabou». L'activité la plus importante de l'espace reste les ateliers. «Le bouche à oreille a fonctionné et nous avons déjà 40 élèves», nous informe Moez Gdiri. Théâtre et danse pour enfants et adultes seront suivis d'une école de cirque et d'un conservatoire de musique. Sur ce, nous passons à la visite du reste de «Culturama». Les anciens bureaux deviendront des salles de classe et des bureaux pour les enseignants. Un espace de jeux et de garde pour les enfants dont les parents viennent voir des spectacles est prévu. Un parking de 400 places, restaurants et cafés, la culture est conçue dans sa vision globale, où l'art trouve sa place dans une grande surface, un lieu de sortie et de vie avec, au centre, des spectacles de différentes disciplines. 1.200 m2 seront consacrés à la grande salle de spectacle. «Elle sera également une salle d'exposition et de fêtes privées. A cette fin, ses 800 chaises seront mobiles», commente Moez Gdiri au cours de la visite. Selon ses prédictions, cette grande salle pourra être fonctionnelle en juin 2016. «Les travaux de l'Espace 77 ont pris six mois», ajoute-t-il. Le tout a été et sera fait avec des fonds propres. Moez Gdiri tient à son indépendance. «Depuis mes débuts, je n'ai fait que des spectacles sans subvention et je compte continuer», nous assure-t-il. Son programme pour l'année est en cours d'élaboration. Cela lui permettra de faire des partenariats pour enrichir le projet. «Il y a notamment une collaboration avec deux troupes françaises afin de mettre en place une résidence d'artistes. J'ai également reçu une proposition d'une institution publique», révèle notre interlocuteur. Les rendez-vous de 2016 à «Culturama» ne se feront pas attendre. Après la représentation de «100% tabou», le mois d'avril sera marqué par la tenue d'un festival de théâtre, organisé autour d'ateliers de création. Ces derniers auront lieu le jour, et la nuit, place à des troupes professionnelles. La clôture sera faite avec les produits des ateliers et le meilleur travail fera l'ouverture de la session d'après, selon les explications de Moez Gdiri. Tout un programme pour ce metteur en scène qui prépare en même temps sa nouvelle pièce. Le mot de la fin: «Ce lieu est ouvert à tous. Les jeunes y ont leur place et de nombreux artistes ont proposé d'y présenter gratuitement leurs spectacles afin de l'encourager. A suivre!».