Malgré un accroissement positif, des problèmes récurrents demeurent liés notamment à l'importation de la matière première et au respect des exigences environnementales. Bien qu'il affiche un taux d'accroissement positif de 135,3%, avec des investissements déclarés de 24 MD (millions de dinars) durant les 8 premiers mois de 2015 et l'entrée de 1.000 MD de devises par an, le secteur des industries du cuir et chaussures n'arrive pas encore à corriger certaines défaillances, liées notamment à la collecte des peaux brutes, à la gestion des stations d'épuration ou encore à l'implantation aléatoire et au commerce parallèle. Par an, la Tunisie importe l'équivalent de 450 MD de cuir fini, soit presque 65% des importations globales, contre l'équivalent de 80 MD d'exportations. Sur les sept derniers mois de 2015, d'après les derniers chiffres disponibles auprès du Centre national du cuir et chaussures, les exportations ont atteint 604 MD, contre 1.058 MD durant la même période de l'année précédente, face à 452 MD d'importations (804 MD en 2014). Les cuirs et peaux trônent en tête des produits importés, tandis que les exportations sont alimentées essentiellement par les chaussures, les tiges et les accessoires. Ce secteur compte 251 entreprises (de 10 ouvriers et plus), dont 184 totalement exportatrices, avec 12 tanneries, 167 entreprises de fabrication de chaussures, tiges et accessoires, 54 maroquineries et 18 autres opérant dans l'habillement en cuir. Une centaine d'entreprises sont à capitaux 100% étrangers et 37 sont à capitaux mixtes. Quelque 36.800 emplois sont générés par le secteur, toutes catégories confondues, dont 25.680 dans les chaussures et les tiges, 1.300 dans les accessoires et les composants et 8.320 dans la maroquinerie. Dans l'artisanat, ce secteur représente 10.000 emplois. D'après le Centre national du cuir et de la chaussure (Cncc), ce secteur souffre de plusieurs problèmes : une récession au niveau des exportations, un manque de matière première locale et de main-d'œuvre qualifiée, la propagation du commerce parallèle et les implantations anarchiques, la vente de chaussures usagées (friperie), la concurrence féroce de pays comme le Maroc et certains pays asiatiques et, enfin, le non-respect des législations environnementales et des exigences en matière de sécurité industrielle. «Actuellement, force est de s'orienter vers la création de zones industrielles communes aménagées pour abriter les stations d'épuration des eaux évacuées par les tanneries», souligne le directeur général du Cncc, Abdessatar Toumi. D'après lui, il s'avère impératif de bien «respecter les cahiers des charges pour tout ce qui est technologies propres, en essayant d'atténuer les charges polluantes, de recourir à des produits moins nocifs et d'opter pour le recyclage des eaux issues des tanneries. Il s'agit aussi d'intégrer davantage la matière première nationale et de s'orienter vers les industries innovantes moins énergivores». Le chef du Cncc recommande la réhabilitation de l'élevage et des abattoirs, le développement de la filière de la collecte et de la conservation des peaux, le renforcement du contrôle technique à l'importation et l'incitation des entreprises à migrer de la sous-traitance à la cotraitance. A titre d'exemple, les collecteurs de peaux brutes utilisent, le plus fréquemment, deux techniques : le séchage et le salage. Or la première technique affecte la qualité de la peau à raison de 60 à 20% et la seconde à 20%. Du côté de la commercialisation, la vente de chaussures usagées nuit de façon importante à tout le secteur, alors que ce type de vente est interdit par la réglementation en vigueur. Fin 2015, la Fédération nationale du cuir et de la chaussure comptait 1.500 employés à Sfax, alors que ce chiffre a atteint les 10.000 dans le passé. Afin de contribuer à la promotion de ce secteur, qui agit directement sur la balance des paiements du pays, le Cncc prévoit une série d'échéances dans le futur immédiat: entre autres, le concours «Créatif 2016» et une première édition du «Med Leather», deux événements phares du mois de mai prochain.