Une juridiction internationale, le TAS, est devenue le coûteux dernier recours proposé aux clubs de football du pays. Depuis l'assemblée générale extraordinaire de la FTF, le 6 novembre dernier, le Comité national d'arbitrage sportif est passé de vie à trépas. Par un amendement des statuts de la fédération, celle-ci ne reconnaît plus le Cnas comme troisième degré de juridiction sportive, pilotant les clubs vers une structure internationale établie à Lausanne, en Suisse, le Tribunal arbitral du sport. Déjà, pour espérer voir cette instance examiner un recours, il faut s'acquitter d'un montant de 20 mille dinars. Sans parler de la traduction des documents et pièces composant un dossier, et ses frais, et les lenteurs de la procédure, le TAS n'ayant pas à examiner les seuls litiges du football tunisien. Les présidents des clubs qui ont adopté l'amendement des textes avaient prétexté l'argument des lenteurs observées par le Cnas pour condamner définitivement celui-ci. Or que voit-on aujourd'hui? Un club comme le CS Sfaxien en est encore aux «préliminaires», c'est-à-dire à attendre la réception du texte des référés du jugement rendu par le comité national d'appel afin de le traduire et l'adresser au TAS. En troquant le Cnas contre le TAS, qu'ont pu gagner réellement les présidents des clubs? Et les associations les plus démunies disposent-elles de suffisamment d'argent pour s'offrir ce qui était devenu un luxe, un privilège des nantis ? La procédure formulée par Grombalia Sport et son président Mahmoud Baroudi auprès du TAS contre les décisions des assemblées générales de la FTF en date du 29 juillet et du 6 novembre derniers apporte une réponse quant à l'impasse dans laquelle s'engouffrent le foot tunisien, tête baissée, la fédération et derrière elle les clubs qui jouent les «suiveurs» aveugles, les béni-oui-oui insoucieux. Le droit sacro-saint à trois degrés de juridiction sportive est ainsi confisqué à la majorité écrasante des clubs du pays qui vont y réfléchir par deux fois avant d'engager une procédure — coûteuse et compliquée — devant le TAS. En amont, cela pose la question de la légèreté avec laquelle le Cnas a été d'un seul trait rayé du paysage du foot national, et le «sacrifice» consenti par le Comité national olympique tunisien, lequel a laissé bousiller sa structure de juridiction sportive au prétexte que la Fifa n'admet aucune intervention des autorités publiques et que les clubs, souverains, ont voté pour la dissolution du Cnas. Justement, il est peut-être temps que le ministère intervienne pour mettre un frein au manège des guerres et déchirements qui secouent depuis quelques années le corps mortifié du sport-roi dans le pays.