Le gouverneur de la BCT a affirmé que cette monnaie pourrait être utilisée pour financer le terrorisme Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Chedly Ayari, a catégoriquement refusé l'entrée de la monnaie électronique décentralisée «Bitcoin» sur le marché tunisien. Cette monnaie électronique utilisée sur le réseau Internet, qui a conquis le monde, depuis les dernières années, est utilisée pour les opérations de vente et d'achat. Intervenant lors d'un forum arabe sur les crimes financiers, organisé, hier à Tunis, par l'Union internationale des banquiers arabes, Ayari a indiqué que «cette monnaie est plus complexe que celle traditionnelle car elle peut être utilisée pour financer le terrorisme ». Et d'ajouter, que cette monnaie virtuelle Bitcoin qui utilise des technologies sophistiquées, très difficiles à discerner, constitue un refuge idéal pour financer les opérations terroristes, d'autant plus que les gouvernements ne peuvent sévir contre, en raison d'un manque de moyens. Pour le gouverneur, le système de veille qui assure le suivi des crimes d'argent et le financement du terrorisme, a été finalisé après la mise en place, il y a deux semaines, de la commission nationale de lutte contre le terrorisme qui mettra à la disposition des autorités plus de moyens de contrôle. Ayari a, par ailleurs, souligné que plusieurs banques tunisiennes ont refusé d'accorder l'autorisation de gestion de quelques comptes bancaires relevant de pays étrangers, sans toutefois donner de plus amples informations sur ces comptes ou les montants qui y sont déposés. Il a, dans le même cadre, rappelé que cette position s'inscrit dans le cadre de la concrétisation des décisions des Nations unies qui visent à geler cet argent. Le forum qui se tient les 04 et 05 avril, examinera la question de l'utilisation du financement du terrorisme et le blanchiment d'argent, les moyens à même de lutter contre l'utilisation illégale de l'argent, en présence de plusieurs spécialistes et d'experts en finances. L'objectif du forum est d'assurer davantage de coordination entre le système bancaire arabe et de tirer profit de la législation internationale, à l'instar des accords de Bâle. Daech : un million de dollars par jour « Les opérations terroristes, à l'instar de celle du 11 septembre 2001, ne demandent pas de grands financements, alors que la lutte contre ce phénomène requiert des efforts colossaux », a affirmé de son côté le secrétaire général de l'Union internationale des banquiers arabes (Uiba), Wissam Fattouh. Fattouh a ajouté dans une déclaration en marge du forum que «les pays arabes ont besoin de développer la coopération pour éradiquer ce phénomène à travers le développement économique et social ». Des financements importants sont reçus par les organisations terroristes, à l'instar de l'Organisation de l'Etat islamique «Daech», dont les revenus sont estimés à un million de dollars par jour, a-t-il dit . Les réseaux terroristes disposent de compétences dans le domaine du blanchiment d'argent et du commerce illicite, ce qui exige des Etats d'interdire la circulation de cet argent au niveau des circuits organisés et à travers les frontières, selon Fattouh. «Les banques arabes appliquent les normes internationales dans le domaine financier », a-t-il dit, affirmant que l'Uiba attendra les résultats des enquêtes concernant le scandale de « Panama Papers », avant de prendre des décisions. Le responsable a souligné l'importance de la coopération et de la coordination entre les banques publiques et privées ainsi que sur la coordination avec les services sécuritaire et judiciaire pour faire face au blanchiment d'argent. Le forum, organisé en collaboration avec l'Association tunisienne des banques et des établissements financiers, étudie des questions liées aux délits financiers et au financement du terrorisme.