Les opérateurs économiques tunisiens cherchent à diversifier leurs marchés d'implantation, certes, mais ils cherchent en même temps à fuir un climat d'affaires qui n'est pas au beau fixe en Tunisie. Afin de développer leur business, de plus en plus d'opérateurs tunisiens cherchent à s'installer au Maroc. Selon les observations de certains cabinets d'affaires marocains, cette tendance se confirme de jour en jour. D'après Wassim Benzarti, managing partner chez Westfield Morocco, «depuis plus d'un mois, nous sommes consultés par des opérateurs tunisiens qui cherchent des opportunités de croissance au Maroc. En tout cas, c'est un mouvement qui se confirme chaque jour davantage». Benzarti explique que bon nombre d'opérateurs tunisiens, opérant sur le marché marocain, «cherchent à y développer leurs activités», alors que d'autres sont actuellement à la recherche d'opportunités, notamment, dans les domaines du textile et du BTP. Ces derniers projettent de s'installer au Maroc, principalement à Casablanca. Ils sont à la recherche d'un climat d'affaires propice, alors que la situation économique en Tunisie n'est pas au top. Pour rappel, un haut cadre de la Banque centrale de Tunisie (BCT), sous couvert d'anonymat, a déclaré en 2013 à «Maghreb-Intelligence», que plus de 1.200 hommes d'affaires tunisiens auraient déjà ou seraient sur le point de déplacer leurs investissements vers le Maroc. Toujours selon la même source, une trentaine d'entre eux auraient déjà acquis des terrains et déposé des demandes d'autorisation auprès des autorités marocaines compétentes. Selon ce cadre, la BCT estime à plus de 500 millions d'euros les transferts d'argent vers le Maroc effectués par les investisseurs tunisiens. Témoignages Certains opérateurs cherchent à diversifier leurs marchés et «quoi de mieux pour ce faire que le marché marocain», affirme un opérateur tunisien spécialisé dans le textile. Il poursuit : «Pour les opérateurs tunisiens, la recherche d'opportunités d'affaires au Maroc est impulsée par la complémentarité entre les deux marchés. De plus, les entreprises cherchent aussi à conquérir un marché plus grand que celui de la Tunisie». Selon plusieurs opérateurs tunisiens, «être présents dans le Royaume permet aussi de compléter la capacité de production nationale et de répondre à des carnets de commandes plus conséquents». Selon Wassim Benzarti, le Maroc est dynamique en termes d'investissements privés, «cela n'est le cas pour la Tunisie actuellement». Il explique, par ailleurs, qu'une «présence au Maroc permet aux opérateurs tunisiens d'être proches de leur marché local, mais aussi de l'Europe». D'après ses dires, cette situation est idéale, notamment, pour certains secteurs, comme celui du textile. «Il est à rappeler que les deux marchés tunisien et marocain desservent le même client, en l'occurrence celui de l'Europe. Le pays baigne dans le flou En Tunisie, les opérateurs ne trouvent plus d'opportunités de croissance pour leurs business, car la situation économique du pays baigne dans le flou. Tous les opérateurs économiques ne cessent de tirer la sonnette d'alarme et réitèrent leurs profondes préoccupations face à la situation financière, qualifiée de critique. Selon eux, il est nécessaire d'accélérer la transmission de signaux clairs aux investisseurs locaux et étrangers quant au rétablissement du rythme de l'activité économique et des équilibres globaux et financiers, la consolidation de la gouvernance du secteur public, l'amélioration du climat des affaires et l'intensification des efforts d'investissement. L'ensemble des opérateurs économiques tunisiens espèrent un changement tangible de la situation économique, de la part de Najla Bouden Romdhane, qui aurait dû, selon eux, s'attaquer, depuis sa nomination, aux dossiers sérieux et, surtout, se montrer décisive afin de redynamiser l'économie et rassurer les investisseurs.