Mandat d'amener contre cinq membres du syndicat mais ils n'ont pas encore été arrêtés, selon l'Ugtt C'est encore l'incompréhension à Sfax après l'arrestation, mardi dernier, d'Adel Zouaghi, secrétaire général du département universitaire de la santé de Sfax, en compagnie de quatre membres du bureau syndical de l'hôpital universitaire Habib-Bourguiba. Une arrestation ordonnée par le procureur général près le tribunal d'appel de Sfax. Les syndicalistes crient au scandale et au « bafouage du droit syndical », tandis que le ministre de la santé Saïd Aïdi ne recule pas et appelle à l'application sans concession de la loi qui interdit toute entrave à la liberté du travail conformément aux dispositions de l'article 136 du code pénal. Dans un communiqué de clarification, l'Ugtt a néanmoins démenti les informations selon lesquelles les syndicalistes avaient été effectivement arrêtés. « Il s'agit en fait d'un mandat d'arrêt mais les camarades de Sfax n'ont pas été arrêtés », a indiqué le communiqué. Le même document estime « illégal » le mandat, car celui-ci vient à la suite d'une plainte portée par le directeur de la santé, alors qu'il n'avait pas le statut requis pour le faire. « La plainte aurait dû être portée par le directeur de l'hôpital et dans ce cas, vu son statut militaire, l'affaire aurait été portée devant le tribunal militaire », indique le communiqué. Prétendue militarisation du service public Tout avait commencé lorsque le ministère de la Santé a nommé Chokri Tounsi, médecin colonel, à la tête de cet établissement hospitalier. Une nomination qui avait irrité le syndicat, qui a crié à la « militarisation du service public ». Depuis, la tension est montée et ni le syndicat ni Saïd Aïdi, vraisemblablement soutenu par son gouvernement et une partie de l'opinion publique, ne sont disposés à reculer d'un iota. Si le ministre ne cède pas, c'est en grande partie parce que la gestion de l'hôpital en question n'a pas, de tout temps, été irréprochable et Saïd Aidi le fait savoir publiquement. Un ministre qui veut vraiment faire le ménage et qui tient tête au syndicat (appuyé par la centrale syndicale), n'est pas chose courante, si bien qu'en cas d'échec, Saïd Aïdi devra bien s'expliquer devant l'opinion publique. Cette dernière, qui soutient généralement l'Ugtt dans son rôle joué dans l'apaisement de la crise politique, ne la soutient pas forcément dans les nombreux et successifs mouvements de protestations sociales. Dans tous les cas, la centrale syndicale ne semble pas avoir le choix et elle a exprimé son soutien aux syndicalistes de Sfax dans un communiqué publié mardi et dans lequel l'Ugtt « s'indigne et s'étonne de l'arrestation des syndicalistes ». La centrale syndicale considère par ailleurs que les personnes interpellées ne faisaient qu'exercer un droit octroyé par la constitution. Par ailleurs, la centrale syndicale a réitéré son « attachement à la nomination d'une personnalité civile à la tête de l'hôpital universitaire Habib-Bourguiba à Sfax ».