Démarrage jeudi soir au Rio du Festival du printemps avec un trio tuniso-syrien dont l'univers musical ne manque pas d'originalité. Il s'agit de la première édition de ce festival en Tunisie. Un festival qui débarque chez nous après avoir posé ses valises entre Le Caire et Beyrouth. Organisé par Al Mawred Al Thakafi, un fonds qui soutient la création artistique dans le monde arabe, ce festival se déroulera du 28 avril au 21 mai entre l'espace El Hamra et le Rio. Dans son mot d'ouverture jeudi soir, le directeur du conseil artistique de Al Mawred Al Thakafi, Abderrahmane Ellahi, a insisté sur l'hommage que ce festival tient à rendre à Ezzzedine Gannoun ainsi que sur les relations que ce festival entretient avec plusieurs artistes tunisiens. Suivra le spectacle qui a réuni le Tunisien Jasser Hadj Youssef et les Syriens Dima Orsho et Kinan El Azmeh. Une voix de femme, une clarinette et un violon voici les trois instruments qui ont animé ce spectacle. La soprano syrienne Dima Orsho ne nous a pas laissés indifférents. Une voix qui se situe entre la plainte et le chant doux, celui des berceuses mais une voix qui marque. Dès le deuxième morceau, cette voix a commencé à «jouer» avec la clarinette de Kinan El Azmeh. Et voici qu'entre la voix et l'instrument, on assiste à la naissance d'un fabuleux conte qui nous emporte. Et lorsque ces deux acteurs sont rejoints par le violon «guttural» de Jasser Youssef, on a l'impression d'être dans un univers onirique où la narration se construit pas à pas. Lente au début puis doucement envoûtante avant de s'installer de plain-pied dans l'univers du spectateurs .Notons que la soprano Dima Orsho et le clarinettiste Kinan El Azmeh sont deux amis d'enfance, formés à la musique classique arabe et qui se sont exilés aux Etats-Unis. Le tour de force de ce spectacle était donc de composer avec Jasser Hadj Youssef. Mais le trio a réussi dès le premier morceau cette osmose en jouant sur une diagonale musicale d'une originalité certaine. Un spectacle où certains ont trouvé un côté très spirituel tellement cette musique (pourtant sans percussions aucune ) avait un fort pouvoir d'invitation à ce genre de voyage. Et c'est là où réside à notre sens le succès de ce spectacle qui a fait l'ouverture du festival du printemps. C'est qu'il a trouvé les fabuleux ponts culturels entre les différentes musiques tout en produisant des images chez un spectateur qui se retrouve face à la découverte avec tout ce qu'elle a de plus étonnant et de plus évocateur. Le festival promet encore d'autres trouvailles entre théâtre, danse, musique et cinéma. Comme «47 soûl» Palestine/Jordanie . «Danseurs citoyens» Tunisie . «Identités» Tunisie/Liban . «Labess» (Algérie/Canada). Dans ces spectacles où les nationalités et les identités se mêlent et s'entremêlent en confrontant leurs expériences, on risque vraiment de tomber sur d'agréables surprises.