Plus de détails sur le programme et sa section exclusivement tunisienne «Abbara». Dès ce soir et jusqu'au 21 mai, au Rio et à El Hamra, se tient la première édition du festival du printemps en Tunisie. Les deux espaces sont les partenaires de l'organisation régionale Al Mawred al thaqafi (La ressource culturelle), —un fonds régional de soutien à la création artistique dans le monde arabe—, qui organise ce festival tous les ans en avril (date de sa création), depuis 2004, au Caire et à Beyrouth. Tunis rejoint l'aventure avec vingt spectacles entre danse, théâtre, musique et cinéma, et sous le signe de l'hommage à feu Ezzeddine Gannoun, metteur en scène, directeur du théâtre El Hamra et membre fondateur de la Ressource culturelle, décédé en mars 2015. «Avec la volonté de s'ouvrir à d'autres pays arabes, nous avons choisi la Tunisie avec laquelle nous avons plus d'un lien, à travers de nombreux artistes et projets locaux que nous soutenons et la présence de plusieurs membres tunisiens à Al Mawred», nous explique Abderrahmane Ellahi, le directeur du conseil artistique de l'organisation. C'était à l'occasion d'un point de presse tenu mardi dernier afin de présenter quelques artistes participants au festival du printemps. Les spectacles du programme sont placés sous quatre volets différents : un programme principal, la section «Tazamon» pour l'échange entre artistes soutenus par La ressource culturelle, la section «Red Zone» autour du thème de la liberté d'expression et la section «Abbara» où les spectacles sont ceux d'artistes et institutions locaux bénéficiaires du fonds qui porte le même nom d'Al Mawred al thakafi, pour lesquels le point de presse de mardi a été consacré. Une précédente conférence de presse, tenue le 15 avril, avait révélé le programme complet de cette première édition tunisienne du festival du printemps (consultez notre article du 17 avril : http://bit.ly/1NSpHsW). Rappelons que l'ouverture se fera aujourd'hui 28 avril avec un concert du Tunisien Jasser Haj Youssef, avec les Syriennes Dima Orsho et Kinan El Azmeh et la clôture, le 21 mai, avec le spectacle musical « Soriana » du Syrien Bassel Rajoub. Les spectacles, entre danse, théâtre et musique viennent de 10 pays. Quant au programme cinéma, il rend hommage à l'Irak avec trois films : «Homeland», de Abbès Fadhel, «Lettre au roi», de Hichem Zaman et «Sous le sable de Babylone», de Mohamed Darraji. Des spectacles à la spécificité culturelle locale Bahri Ben Yahmed, Rafik Omrani et Moëz Mrabet sont venus présenter leurs projets, mardi dernier. Des projets tunisiens soutenus par La ressource culturelle et qui sont programmés uniquement dans la version tunisienne du festival du printemps. «A Beyrouth, au Caire comme à Tunis, il y a des spectacles qui tournent et d'autres qui ne sont programmés que dans un seul pays. Pour la Tunisie, ce sont des spectacles qui portent une spécificité culturelle locale, qui sortent de l'ordinaire ou qui manquent de moyens», nous décrit Abderrahmane Ellahi. Bahri Ben Yahmed du collectif danseur citoyen, qui a lancé l'espace culturel Lang'Art, a rendez-vous avec le public le jeudi 12 mai pour le spectacle «Le noir est une valeur». «C'est un work in progress, une opérette avec du rap, du hip hop et de la danse contemporaine qui parle de cohabitation et de racisme en Tunisie. Elle est montée comme un spectacle de rue et sa première se tiendra d'ailleurs en juillet, devant le Parlement, afin de présenter un projet pour inscrire le patrimoine des noirs tunisiens officiellement dans le patrimoine national», nous déclare-t-il. Rafik Omrani est, quant à lui, le responsable de l'incubateur de projets «Debbo 52», dans lequel a été développé le spectacle «Chama» de la troupe Sarab. «Leur musique est une fusion à la base de flamenco, avec trois guitares, des percussions et deux chanteurs», précise Rafik Omrani. Et, enfin, Moez Mrabet présente «L'escale 32» à Dar Bach Hamba le 14 mai, une pièce de théâtre innovante, faite pour des espaces ouvertes, où le spectateur est appelé à suivre les comédiens. En somme, «un programme destiné au grand public, qui vise à faire connaître les expressions artistiques contemporaines arabes et qui veut mettre de la couleur dans le paysage culturel Tunisie», comme l'a décrit Habib Belhedi, le directeur du Rio. «Notre objectif principal est d'ériger un pont entre les créateurs arabes», ajoute Abderrahmane Ellahi. Le festival ne propose pourtant que des spectacles. Sur ce point, Bahri Ben Yahmed nous répond : «C'est une première édition et on découvre ce festival. Les possibilités de rencontres viennent sûrement quand il y a des espaces de rencontres. Il y a toujours des possibilités et il faut savoir les créer».