La galerie «Ghaya» invite pour l'occasion Chacha Atallah, Karim Ben Amor, Haythem Zakaria, Mourad Ben Brika, Max Boufathal, Rym Karoui, Feryel Lakhdar, Mehdi Melhaoui et Noutayel à matérialiser en trois dimensions leur vision de la figure. Cette exposition tend à donner les outils de compréhension du timide développement de la sculpture contemporaine dans les pays arabes tout en mettant en lumière le talent de sept artistes tunisiens et deux artistes franco-marocains. Une famille de coqs rouges, ergots dressés, superbes vous accueille. Rym Karoui a fait fort pour cette première exposition de sculptures à la galerie Ghaya, une exposition qui accueille plus d'un artiste arabe. Pour minimalistes qu'ils soient, ces coqs n'en sont pas moins triomphants et cocoriquants. Ils en feraient presque oublier ses chiens qui furent pourtant ses premiers succès, et son lapin marsupilami emblématique. Feryel Lakhdar, elle aussi, s'épanouit dans la troisième dimension, et offre à ses nanas plus de propension et de respiration dans l'espace. Elles jaillissent de leur cadre, poupées de chiffons en goguette, merveilleuses aux dentelles frivoles avides d'espace, curieuses d'un ailleurs, prêtes à toutes les aventures. Noutayel, cet ingénieur un peu fou, un peu poète, n'oublie pas ses chiffres, mais les utilise pour créer d'étonnantes créatures qu'il fait grimper aux murs, et voler pour peu que vous insistiez. Cela faisait longtemps que l'on n'avait rencontré Mourad Ben Brika et ses personnages bibliques, marcheurs rêveurs, poètes solitaires, venus d'on ne sait où, allant vers nulle part et qu'on a envie de suivre. Chacha Atallah revient avec son «machin», curieux amalgame d'atomes semble-t-il, de disques de bois imbriqués, sorte de puzzle devenu fou qui ne sait plus où il commence et où il s'arrête, et qui avait fait du pavillon tunisien à la Dubaï Design Week le pavillon le plus couru. Du Maroc, puisqu'il s'agit d'une exposition de sculpture arabe, nous viennent deux artistes : Max Boufathal a été choisi pour l'image de l'exposition, celle du catalogue et de l'invitation. Ce n'est pas par hasard : son chien d'or, créature onirique à tête de crocodile, est constitué de divers matériaux, dont un tressage de sachets de plastique or, sacralisant ainsi le symbole des déchets et de la gaspi. Mehdi Mehlaoui est peut-être le plus mystérieux, et ses sculptures intriguent autant qu'elles interpellent. «Donner des âmes à ce que l'on crée est un des leitmotive de l'artiste».