Vernissage de l'exposition collective « Let me be your hero » (Laissez-moi être votre héros). Une des premières expositions de collage en Tunisie dévoilant les collages d'artistes tunisiens et internationaux sur la thématique du héros, visible depuis jeudi dernier à la galerie Ghaya à Sidi Bou Said. A travers une série de collages, les artistes collagistes, Ymen Berhouma, Meriem Bouderbala, Rym Karoui, Feryel Lakhdar, Taher Jaoui et Mourad Salem (Tunisie), Jorge Chamorro et Max-o-Matic (Espagne), Zinga(Suisse), Alexey Luka (Russie), Ashkan Honarvar(Iran) et Toma L. (France), donnent à voir une nouvelle image du héros, cette figure récurrente dans l'Histoire de l'art. A travers une représentation picturale de papiers superposés puis déchirés, soigneusement collés et traités, mêlant plusieurs histoires de héros et de héroïnes, qu'ils soient classiques, grecs, sculpturaux ou modernes, mystiques et actuels, les artistes nous invite, chacun à sa manière, de reconsidérer l'image du héros. Ce héros, que nous cherchons tous à nommer et auquel on s'identifie en tant que figure rassurante afin de vaincre nos peurs, peut prendre l'apparence d' une mère, d'un personnage imaginé, une star, un artiste, un vendeur de cigarettes, un meilleur ami, un animal de compagnie ou tout simplement nous-mêmes. Pourquoi, donc, laisser la société nous imposer «les images parfaites» d'un héros qui ne nous représente pas ? C'est dans ce sens que les artistes collagistes nous dévoilent un nouveau visage de la figure du héros. Ils font face à nos interrogations tout en modifiant notre perception de ce personnage contemporain, par l'assemblage, par la déconstruction et par l'intervention quasi «chirurgicale» sur le papier. On découvre, donc, des collages originaux, révélant un autre aspect du travail plastique basé sur des recherches esthétiques d'assemblage de formes ou d'effets. Ymen Berhouma crée ses œuvres en collant, déchirant et appliquant des aplats de couleurs en surface pour produire des textures faites d'aquarelles et de papiers. Dans les œuvres de Taher Jaoui, les êtres humains qui animent ses collages se confondent, dans un désordre assumé, avec les chevaux ou des figures totémiques et des corps dénudés. Quant à Maxo-o-Matic, il représente les héros anonymes de notre société contemporaine, déclamant en silence des rires et des expressions de la vie quotidienne à la manière d'un poète macabre. Le collage kaléidoscopique de l'Iranien Ashkan Honarvar tire de l'épure un univers hallucinatoire et complexe. Il nous invite à discerner le bien du mal et le scientifique du divin. Rym Karoui, pour sa part, tente de trouver son propre héros. Invisible et pourtant si reconnaissable : Habib Bourguiba, son héros, se manifeste à travers des compositions colorées et fantastiques. Plusieurs histoires de ses héros sont racontées simultanément, chaque morceau délimité par des déchirures dévoilant ce qui se cache en dessous. Dans une même œuvre se côtoient des scènes indépendantes, chacune sur une surface déchirée, puis soigneusement collée. Tout en maniant aussi le décalage, en superposant l'image d'une personne, des membres d'un corps ou d'une composition végétale avec celle d'un objet ou un autre corps. Face à ses œuvres, le spectateur est confronté à un ensemble apparemment arbitraire de fragments, comme devant une énigme à résoudre, une image à interpréter, et chaque lecture leur confère un sens nouveau. C'est l'un des aspects du travail de montrer que la libre interprétation dépend de l'observateur, qu'elle est fragile et fugace, variable avec le temps, les circonstances et les individus. Il appartient à chacun, d'aller forger sa propre image du héros dans la richesse de ces œuvres qui égayent le grand hall de la galerie.