S'il est un sujet tabou, brûlant à jamais et surtout insoluble depuis 2011, c'est, bien entendu, celui de la production du phosphate dans la région de Gafsa. Les chiffres communiqués par la société sudiste confirment ce casse-tête qui dure depuis 2011. La raison est simple : les sites de production sont pris en otages par des personnes et réseaux d'influence régionaux qui bloquent, pour diverses raisons, la production ordinaire. Et à chaque fois que l'on reprend un «trend» de production normal et utile pour la compétitivité internationale du pays, les revendications sociales, incontrôlées et outrageuses, finissent par obtenir gain de cause. Sur les 4,5 millions de tonnes de production prévues, on en est à 2,8 depuis début 2022. Seuls les sites de Metlaoui et Mdhila sont opérationnels, alors que ceux de Omm Laârayes et Redayef sont à l'arrêt quasi total depuis plus d'un an ! La raison, des sit-in sauvages des sans-emploi de la région, sans oublier également les menaces sur les rails et les routes qui acheminent le phosphate produit vers les ports pour exportation ou vers le Groupe chimique tunisien pour transformation. Et finalement, combien va-t-on attendre pour lever cette entrave majeure illégale sur les unités de production du phosphate ? Après des années de perte de marchés internationaux faute de flux de production et d'exportation continus, cette reprise timide mais concrète de l'exportation, depuis deux années, risque de se dissiper. Et ce gouvernement et ceux d'avant, ne bronchent pas pour résoudre ce problème. Si les revendications d'emploi sont légitimes pour ces Tunisiens qui réclament leur droit au travail, bloquer les sites de production et l'acheminement des stocks élevés mais restés sur place, est un crime. Ça touche la sécurité et l'ordre nationaux. L'autorité de l'Etat, émanant de la loi, est obligatoire pour mettre fin à cet imbroglio. Ce qui est frappant, c'est que l'Etat n'a pas bronché pour appliquer la loi et protéger une source considérable de revenus au moment où l'on est contraint de s'endetter en devises pour financer notre économie désarçonnée. Cette passivité publique, ce silence qui dure, cette incapacité à offrir des solutions à ces gens, tout en mettant fin au comportements hors-la-loi sont intrigants. Le phosphate devient un sujet tabou, une illustration de ce laisser-aller qui donne envie à quiconque de mettre en péril la souveraineté du pays. On n'a jamais vu dans le monde développé des actes de blocage des sites de production du pétrole ou du gaz, c'est un crime sévèrement puni. Et tant que les cartes sont brouillées et que les gouvernements qui ont défilé ont eu peur de prendre les mesures nécessaires pour reprendre la cadence ordinaire de la production du phosphate, ce problème ne va pas se résoudre bientôt.