L'Institut arabe des chefs d'entreprise organise aujourd'hui et demain, au sein de la Maison de l'entreprise, la quatrième édition du Tunis Forum, un événement international qui se consacre annuellement à la promotion des stratégies de coopération internationale. Suite au lancement officiel des négociations en octobre 2015, l'Iace a choisi comme thème pour cette quatrième édition: «Tunisie-Aleca: gouvernance des négociations et résultats de la libération». L'objectif assigné étant de «soulever les conditions qui feront de l'Aleca un instrument s'alignant et répondant aux préoccupations actuelles de la Tunisie». Le programme sera focalisé sur trois problématiques, à savoir les pré-requis des négociations et leur gouvernance. Une étude élaborée par l'Iace dresse une liste de filières économiques, selon le gap de compétitivité mesuré par rapport à l'Europe, sera présentée. «La démarche consiste à travers divers indicateurs qualitatifs et quantitatifs d'attribuer des scores, pour ensuite dresser des listes des filières selon qu'elles puissent supporter une libéralisation immédiate, qu'elles requièrent des mesures d'encouragement ou qu'elles soient retirées des négociations parce que jugées trop fragiles ou trop stratégiques». Mise à niveau agricole L'Iace organise exclusivement et pour la première fois, lors de cette édition, une après-midi «tribune libre» pour donner la voix aux acteurs du terrain, tels que des leaders d'opinions, des chefs d'entreprise, des représentants de la société civile afin d'expliquer sur la scène publique leurs opinions et leurs attentes face aux enjeux que représente l'Aleca. Le débat sera approfondi lors des assises de ce forum portant sur la libéralisation des deux secteurs concernés par les négociations, dont le secteur agricole et celui des services. Concernant les services, seront traités les cas des professions libérales et du secteur de la santé. La question de mise à niveau du secteur agricole est une des problématiques majeures qu'il est primordial de traiter. Réformer l'agriculture tunisienne est une obligation, en dehors même de l'Aleca. «Elle devient encore plus impérieuse dans cette perspective d'ouverture à la concurrence et d'adaptation réglementaire. La certification pour pouvoir concurrencer le produit déjà existant sur le marché européen doit être de même abordée». «Une affaire nationale» Au programme, également, des présentations d'expériences internationales, notamment moldave, roumaine, géorgienne, ukrainienne, marocaine et espagnole, en présence des ministres tunisiens de Commerce et de l'Artisanat, de la Santé et d'imminents invités, dont l'ancienne négociatrice économique de Roumanie pour les accords de libres échanges avec l'Union européenne. Il est à signaler que la négociation de l'accord de libre échange complet et approfondi communément connu sous l'appellation Aleca est «une affaire nationale pour tous, et qui ne doit pas rester entre les seules mains des politiques et des gouvernants. Il s'agit d'un accord sectoriel, qui touche directement ou indirectement l'économie du pays et toutes les couches sociales». Les négociations s'étaleront sur plusieurs années avec un calendrier à définir et des champs d'application à déterminer, «mais cela doit nécessairement converger avec la stabilisation de notre économie, qui traverse une période de fortes instabilités budgétaires et où les opérateurs économiques sont menacés par l'économie informelle, la contrebande et les risques sécuritaires». L'accord Aleca, s'il aboutit, sera un projet structurant pour l'économie tunisienne, qui «mérite qu'on s'y prépare en mettant en place les mécanismes de concertation les plus larges et les plus transparents afin que cette opportunité soit réellement profitable».