Dispenser aux étudiants une formation de qualité à même de répondre aux besoins du marché et aux attentes de la société à travers la consolidation des liens avec le monde professionnel « Le marché financier comme vecteur de développement économique » vient d'être au centre des travaux de la journée consacrée à la Bourse. Organisée à l'initiative de l'Ecole supérieure de commerce à Sfax (Escs), de l'Association des étudiants de l'institution, en partenariat avec la Bourse des valeurs mobilières de Tunis, la journée a été marquée par l'inauguration de la salle de marché de l'école. La salle de marché, qui constitue une première à l'échelle des institutions universitaires du sud du pays, a pour objectif « de dispenser aux étudiants de l'école une formation de qualité à même de répondre aux besoins du marché et aux attentes de la société à travers la consolidation des liens avec le monde professionnel», souligne son directeur, Rochdi Fékih, qui enchaîne : «La salle de marché (Trading Room) sera mise à la disposition aussi bien des étudiants que de la communauté universitaire et professionnelle de la région. Dotée de 16 postes connectés en temps réel avec la Bourse de Tunis, cette structure représente une réelle valeur ajoutée en matière d'enseignement et de recherche appliquée à la finance. Si, pour les enseignants-chercheurs, elle va constituer un véritable bassin d'idées et de recherche appliquée en finance, elle revêt une plus grande utilité pour les étudiants en finance de l'Escs, dans la mesure où elle va leur permettre d'accéder aux informations financières et boursières, d'être en contact direct avec la réalité des marchés financiers et d'apprendre ainsi à mettre en place des stratégies de gestion de portefeuille et de couverture de risques ». La salle de marché a également pour vocation de consolider les relations de l'Escs avec le monde de l'entreprise à travers l'amorçage de nouveaux rapports avec tous les partenaires et les professionnels, de plus en plus intéressés par les données financières et boursières, cherchant à s'informer et à comprendre l'évolution du marché financier et ses titres. Pour sa part, Khaled Zribi, président du Conseil d'administration de la Bourse de Tunis a mis l'accent sur la promotion de l'employabilité des futurs diplômés : « Le marché financier est aujourd'hui en fort développement en Tunisie en raison des besoins de plus en plus importants des entreprises en financement direct par le marché. Aussi bien au niveau des vendeurs (entreprises) qu'à celui des acheteurs ( investisseurs), on a besoin d'analystes financiers certifiés qui savent apprécier le risque, lire les chiffres, les faire parler et les interpréter. Cette fonction à très grande valeur ajoutée est aujourd'hui très fortement demandée du fait de l'énorme décalage entre l'offre et la demande. Il est recommandé, par conséquent, aux enseignants de déployer davantage d'efforts du point de vue pédagogique pour créer des troisièmes cycles spécialisés, comme les masters d'ingénierie financière avec une composante analyse financière, car on en a besoin pour créer de la richesse dans notre pays. Concernant les opportunités, il y a lieu de citer les traders et les gérants de portefeuille pour le compte des tiers, en l'occurrence des particuliers ou des fonds d'investissement, ce qu'on appelle les Opcm, les Sicars, les fonds communs de placement etc. Ces gérants doivent être certifiés par le Conseil du marché financier et par l'institut de formation de la Bourse de Tunis. » Outre la motivation de l'employabilité et l'attrait de la rémunération, qui sont de nature à inciter les étudiants à s'orienter vers de telles spécialités, l'homme d'affaires et expert Moncef Sellami exhorte les étudiants à opter pour des filières d'avenir : « Il faut qu'ils tiennent compte d'une donnée essentielle, c'est que d'ici 2020, plus de 40 % des métiers qui existent actuellement vont disparaître. Il y va de leur intérêt et de leur avenir de trouver d'autres métiers et de prendre leur essor à partir de ces nouveaux métiers». Concernant les compétences à acquérir en fin de cursus, Bilel Sahnoun, directeur général de la Bourse de Tunis, fait remarquer la nécessité du prérequis : « L'étudiant doit connaître un peu les préalables de l'introduction, particulièrement le jargon technique utilisé dans les beaux tableaux accrochés aux murs de la salle. Avant d'accéder à la salle, il faut que l'étudiant s'imbibe, s'imprègne de ces techniques-là. Une fois qu'il est dedans, une fois qu'il a acquis la maîtrise nécessaire, il peut devenir un futur conseiller pour les clients, apte à gérer leurs portefeuilles. Il peut émettre des avis et des analyses financières sur les sociétés cotées en fonction d'abord de leurs états financiers qui sont publiés mais également du comportement historique de leur cours et il peut donner des prévisions, des indications, à l'achat, à la vente ou au maintien ». L'ordre du jour de la journée organisée par l'Ecole supérieure de commerce à Sfax a comporté également des communications relatives à la Bourse de Tunis. Bilel Sahnoun a relevé à ce propos que l'institution compte 79 sociétés cotées, soit 19 milliards de dinars de capitalisation, ce qui représente à peu près 21% du PIB national, alors que dans les places développées le taux est supérieur à 100%. Il s'empresse de signaler quelques indicateurs positifs: « On a Tunindex qui se comporte très bien, en 2016, parce qu'on est à plus de 10 % en l'espace de cinq mois. C'est une belle performance et aujourd'hui les attentes de la Bourse pour améliorer ses chiffres et sa visibilité à l'international, c'est d'avoir plus de capitalisation car pour atteindre le premier club des places visibles à l'international, il faut que notre capitalisation soit multipliée par cinq. L'objectif est pour le moment difficile à réaliser avec des PME. D'où la nécessité d'avoir des sociétés, encore gérées dans le giron de l'Etat, qui présentent de grosses capitalisations comme les télécoms et qui doivent s'introduire en Bourse pour améliorer notre visibilité, notre capitalisation, et augmenter notre liquidité aussi».. Expliquant la réticence des les PME et des PMI à s'introduire en Bourse, aussi bien l'homme d'affaires Moncef Sellami que le directeur général de la Bourse de Tunis attribuent cette attitude à un déficit de communication dont résulte un défaut de culture boursière et de connaissances du processus de l'introduction. Les PME s'estimeraient, à tort d'ailleurs, handicapées par leur taille et par la complexité présumée de la complexité de l'opération : « Nous sommes tenus d'œuvrer à vulgariser, à démocratiser l'accès au marché et à faciliter cet accès en le rendant plus abordable et moins coûteux», indique Bilel Sahnoun. Où les PME et le PMI peuvent-elles trouver les financements dont elles ont besoin pour s'introduire en Bourse ?- C'est nous qui apportons le financement par le marché. Les banques souffrent, en effet, d'un manque de liquidités problématique qui exige une solution adéquate. Aujourd'hui, un marché financier qui se respecte doit financer au moins à hauteur de 30 % l'économie de son pays. On est encore très loin. D'un autre côté, il s'agit d'un aspect plutôt positif dans la mesure où les marges de progrès sont énormes, c'est à nous de les saisir», fait remarquer notre interlocuteur. A signaler, enfin, que le programme de la journée consacrée à la Bourse, à l'Escs, a offert aux étudiants, chercheurs et investisseurs présents, l'opportunité d'écouter les témoignages apportés par quatre dirigeants de grandes sociétés cotées et d'avoir une idée sur leurs parcours professionnel. Il s'agit de Moncef Sellami, Pgd de One Tech Holding, Bassem Loukil, Pdg du Groupe Loukil, Sofiène Sellami, PDG de Mpbs et de Karim Rejeb, de New Body Line, soit autant de récits édifiants de succès dont le moindre mérite est de communiquer aux jeunes un message d'espoir qui rompe avec le pessimisme, le fatalisme et la mentalité d'assistés qui paralysent l'esprit d'initiative et qui sont à l'origine de l'obsession de la fonction publique.