Une soirée de pure élévation et un festival qui remonte doucement la pente. Les avis semblent unanimes sur la reprise de plus belle du festival d'El Jem cette année. Elle coïncide avec la 31e édition de ce rendez-vous international dédié à la musique symphonique qui comporte sept soirées, entre le 9 juillet et le 20 août. L'ouverture a eu lieu samedi dernier avec l'orchestre de la radio nationale d'Ukraine, le même qui va accompagner, demain soir, Lotfi Bouchnak pour la première soirée du festival international de Carthage avec un programme spécial. Celui d'El Jem a drainé un grand public, éclectique, venu vivre un moment d'élévation aux rythmes de la cantate Carmina Burana, composée par l'allemand Carl Orff en 1936, et interprétée pour l'occasion en version orchestre et chœur. Deux grosses pointures de la musique symphonique se sont donc rencontrées. Le compositeur et l'orchestre n'ont fait qu'un en cette soirée où les âmes ont fusionné avec une musique à apprécier dans un silence solennel, avec la grandeur de l'amphithéâtre d'El Jem comme témoin. A la pointe de la précision, de la synchronisation et de la justesse de jeu et de chant, les membres de l'orchestre symphonique de la radio nationale ukrainienne sont dirigés par Volodymyr Sheiko et le chœur de la radio ukrainienne est dirigé par Yulia Tkach. Le concert a été marqué par la participation du chœur de l'Opéra de Tunis, dirigé par Hristina Hadjieva. Les moments forts de la soirée ont été offerts au public par les solistes de l'Opéra National ukrainien : la soprano Susanna Chakhoian, la mezzo-soprano, Alla Pozniak, le ténor Dmytro Kuzmin et le basso-baritono, Igor Mokrenko. Des présences et des voix grandioses qui ont illuminé et fait vibrer la scène et l'amphithéâtre par leur aura. Le tout a donné à Carmina Burana la splendeur qu'elle mérite. C'est une œuvre qui «mêle différentes langues (le latin, le moyen haut allemand et le très vieux français) pour aborder des sujets profanes presque universels : la fluctuation constante de la fortune et de la richesse, la nature éphémère de la vie, la joie apportée par le retour du printemps, les plaisirs de l'alcool et de la nourriture, le jeu, la luxure...», tel qu'elle est décrite dans sa présentation. Ce n'est pas pour rien que le titre complet de Carmina Burana est «Poèmes de Beuern: Chants profanes pour chanteurs [solistes] et chœurs, devant être chantés avec instruments et images magiques». Ce fut le cas à El Jem samedi dernier où la tradition a été respectée en ouvrant et en terminant le concert par le célèbre chœur «O Fortuna». La deuxième partie de la soirée a été dédiée à des musiques de films signées par de grands compositeurs, comme celles du «Titanic» et «Pirate des Caraïbes». La soirée s'est déroulée en présence de Mykola Nahornyi, ambassadeur d'Ukraine en Tunisie, la ministre de la culture tunisienne, Sonia Mbarek, et de M. Mohamed Ennaceur, ancien maire d'El Jem, ancien ministre et actuellement Président de l'A.R.P. Il est également le fondateur du festival international de musique symphonique d'El Jem, qui a vu le jour en 1986, et le président d'honneur de l'association qui l'organise. La soirée d'ouverture sera, on l'espère, de bon augure pour ce festival qui remonte doucement la pente. Sa place est importante parmi les festivals en Tunisie et même à l'international. Quant à El Jem, elle s'anime grâce à l'arrivée des festivaliers qui prennent d'assaut les restaurants et cafés de la ville et font le bonheur de ses petits commerces. A ces festivaliers, il faut donner des signes positifs en œuvrant pour une organisation impeccable, ce qui est encore à travailler vu le déroulement de l'ouverture. Dans le même temps, il faut noter que le festival est comme un ovni qui cohabite avec les habitants d'El Jem sans que les deux ne se mêlent vraiment, à part pour les membres de l'équipe d'organisation. Un aspect à ne pas négliger et qui peut être décisif dans la viabilité et pérennité du festival. Celui-ci se poursuit pour cette édition avec l'orchestre symphonique de Vienne le 16 juillet, l'orchestre symphonique tunisien avec le ténor Hassen Doss le 23 juillet), l'orchestre symphonique de Florence le 30 juillet, un concert de jazz et blues avec l'artiste américaine Melinda Doolittle le 4 août, le groupe sud-africain de musique classique Tchepo Komane le 6 août et une soirée «Mode, tourisme et musique classique» pour la clôture, le 20 août prochain.