Une approche participative est adoptée pour impliquer les cadres, les administrateurs et les professionnels dans un processus de bonne gouvernance dans leur environnement professionnel et pour être porteurs de changement. C'est un projet qui ambitionne de changer les mentalités vers la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption avec l'apport de tous les acteurs des différents secteurs La mise en place de systèmes de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption est entrée dans une phase plutôt pragmatique avec notamment des formations pointues et des programmes de suivi de certains projets qui impliquent les fonctionnaires et les professionnels, en attendant de voir certains cadres législatifs évoluer vers plus de transparence, et ce, outre les campagnes d'évaluation et de contrôle dernièrement lancées. En effet, le ministère de la Fonction publique, de la Gouvernance et de la Lutte contre la corruption a procédé à des programmes de formation en collaboration avec l'Académie internationale de la bonne gouvernance (Aibg), dont une première session vient de prendre fin dans sa deuxième phase. Cette toute première session de formation de l'Aibg a été élaborée dans une approche participative entre ladite académie, l'Assemblée des représentants du peuple, le secteur public, les établissements à caractère public, la société civile et le secteur privé. «La bonne gouvernance des marchés publics et la gestion des conflits d'intérêts dans le secteur de la santé», tel était le thème de la première session de formation de l'académie dont les bénéficiaires sont au nombre de 35 entre cadres, administrateurs et professionnels. Une formation qui sera suivie d'un «projet de changement» à mettre en application en collaboration avec les ministères de la Santé et de la Fonction publique, de la gouvernance et de la lutte contre la corruption et dont les bénéficiaires seront des agents de changement dans leur environnement professionnel... Focus sur la santé La cérémonie de clôture de cette session de formation, durant laquelle on a collaboré avec l'agence de coopération internationale allemande pour le développement (GIZ), a eu lieu hier à l'Ecole nationale d'administration, et ce, avec la participation des ministres de la Fonction publique, de la gouvernance et de la lutte contre la corruption, Kamel Ayadi, et de la Santé, Saïd Aïdi, ainsi que Mme Petra Dachtler, chargée d'affaires à l'ambassade d'Allemagne, et Me Thomas Fiegle, chef de mission à la GIZ, et plusieurs partenaires nationaux dont la Conect et d'autres organisations syndicales et patronales relevant du secteur de la santé. La session s'est étalée sur cinq mois de novembre 2015 jusqu'à mai 2016 avec 114 heures de formation, trois meetings régionaux, deux visites de terrain à des établissements de santé tunisiens et deux semaines de missions scientifiques passées par les participants en Allemagne afin d'observer l'expérience allemande en matière de gouvernance du secteur de la santé. Pour cette session, on a eu recours à 28 formateurs dont 25 tunisiens et 3 étrangers ainsi qu'à un coach. Parmi les participants, il y avait des cadres et des administrateurs de la présidence du gouvernement, des ministères de la Santé, des Finances, des Affaires sociales, du Développement et de la Coopération internationale, des pharmaciens, et autres professionnels de la santé. D'après le ministre de la Fonction publique, de la gouvernance et de la lutte contre la corruption, Kamel Ayadi, juste après la session, les participants ont procédé à l'élaboration d'un «projet de changement» qui a été présenté hier aux deux ministères et qui comporterait des propositions d'actions et de mesures à entreprendre par lesdits ministères pour effectuer un réel changement dans les administrations et établissements de la santé afin d'instaurer la bonne gouvernance. Le projet sera, dans une première étape, suivi par l'Aibg ainsi qu'un bureau d'expertise en la matière qui effectueront, par la suite, une évaluation du travail élaboré. Pour cette première session de formation, le ministre de la santé a affirmé que c'est son département qui a demandé qu'on la dédie au secteur de la santé et le conseil scientifique de l'Académie internationale de la bonne gouvernance a décidé de même tout en optant pour une formation sur la gouvernance des marchés publics et sur la gestion des conflits d'intérêts. Politique sectorielle Kamel Ayadi a affirmé que plus de 70% des cas de corruption reviennent à des situations de conflits d'intérêts. Et d'ajouter : «Dans notre projet et dans notre politique sectorielle, on tend à réduire ces conflits d'intérêts et à améliorer la gouvernance des marchés publics. Ce que nous avons effectué pour le secteur de la santé, nous allons le généraliser pour le reste des secteurs. Nous avons commencé il y a quelques semaines, avec un projet pilote, à aider un établissement public qui est l'Agence technique du transport terrestre pour qu'elle soit certifiée ISO 37001 qui concerne la lutte contre la corruption. Elle sera le premier établissement public dans le monde à avoir cette certification». D'après Ayadi, la lutte contre la corruption est un projet de tout le monde, dont le gouvernement, les responsables, les administrateurs, les agents des différents secteurs, de la société civile, mais aussi celui des citoyens. Il a pris l'engagement de soutenir les efforts tendant à rendre l'administration tunisienne plus transparente et favorisant l'accès à l'information, même si cela prendrait du temps... Concernant la campagne de contrôle de la présence des agents du secteur public sur les lieux de travail, il a affirmé que le rapport de son département sera remis dans la journée au chef du gouvernement avant de le présenter aux médias jeudi prochain. Le directeur général de l'Aibg, Hassan Soukni, rebondissant sur la formation des agents, cadres et professionnels de la santé, a affirmé qu'un mémorandum d'entente sera signé entre l'académie et les deux ministères autour du suivi et de l'évaluation du projet. Il a indiqué que les résultats de ce travail seront quantifiés dans un rapport qui sera publié par la suite. Soukni a ajouté que, lors de la formation, on a évoqué que certains textes juridiques régissant la bonne gouvernance des marchés publics et de la gestion des conflits d'intérêts devront être révisés. Il a affirmé que la prochaine session de formation de l'académie portera sur la bonne gouvernance des projets publics vu les problèmes observés dans leur réalisation et ce que cela engendre comme pertes d'emplois, de ressources financières et de développement. C'est un thème que le conseil scientifique de l'académie a adopté. Il a, par ailleurs, indiqué que des journalistes feront partie des participants aux formations de l'Aibg.