Des joueurs vendus plus chers que partout ailleurs, des « petits » clubs qui claquent des fortunes ou refusent des offres alléchantes : les droits télé en explosion ont rendu dingue le marché des transferts en Premier League. Explications autour d'un mercato estival qui ne marche plus comme les autres. Euro oblige, l'anecdote est passée inaperçue en France. Elle raconte pourtant le nouveau fonctionnement du marché des transferts. En début de mois,l'Udinese a refusé d'une offre de 9,2 millions de livres (11 millions d'euros) de Liverpool pour l'international polonais Piotr Zielinski. Juste avant d'expliquer au Napoli être prêt à le lâcher pour... le même montant (il devrait finalement rejoindre le Milan AC ou les Reds, qui n'ont pas lâché le dossier). Bienvenue dans un monde où l'argent des droits télé foisonne en Premier League bien plus qu'ailleurs. Et où le reste de la planète football a compris son avantage à rajouter une « taxe » chaque fois qu'un joueur doit traverser la Manche. Mamadi Fofana, agent français basé en Grande-Bretagne où il s'occupe notamment de Moussa Dembélé (Celtic Glasgow), explique la chose au Daily Mail : « Si je propose un joueur évoluant en France à un club italien, le club français va savoir que ce dernier a moins d'argent qu'un club anglais. Donc, ils me diront juste : ‘‘Si on obtient tel montant, le joueur peut partir''. Mais à partir du moment où je veux transférer le joueur en Angleterre, en Premier League, mais aussi parfois en championship (deuxième niveau, ndlr), ils savent qu'ils peuvent augmenter les prix. Cela paraît fou, mais les transferts ne se font pas seulement sur les qualités du joueur ou sa valeur marchande. Parfois, la localisation du club change tout. » Déjà quatre transferts à plus de 36 millions d'euros Ancien riche de plus en plus aisé, le championnat anglais vit une période unique. Après deux semaines officielles de mercato et à encore sept semaines de la fermeture du marché, quatre joueurs (Granit Xhaka, Michy Batshuayi, Sadio Mané, Eric Bailly) ont déjà rejoint la Premier League pour 30 millions de livres (36 millions d'euros) ou plus contre... cinq sur l'ensemble du mercato estival 2015. Avec déjà 360 millions de livres (432 millions d'euros) dépensés et plusieurs gros transferts en perspective, en premier lieu Paul Pogba qui pourrait devenir le joueur le plus cher de l'histoire en revenant à Manchester United, les clubs de l'élite anglaise devraient dépasser leur record de 814 millions de livres (977 millions d'euros) claqués l'été dernier. Watford refuse 46 millions pour... Odion Ighalo On l'a compris, avec son contrat télé aux droits XXL, le championnat anglais a changé la donne. A plus d'un niveau. Leurs revenus en hausse, les clubs ne sont plus dans l'obligation de vendre pour équilibrer les comptes. Résultat ? Devant les rejets, les clubs demandeurs augmentent les prix pour atteindre l'objectif espéré. Quand ce n'est pas le « vendeur » qui met son veto dans un calcul sur l'avenir. Comment expliquer, par exemple, le refus de Watford de lâcher son attaquant nigérian Odion Ighalo malgré une offre à 38 millions de livres (près de 46 millions d'euros) ? Une saison en Premier League rapporte bien plus qu'un transfert « Il a marqué 15 buts en championnat la saison dernière et a permis à son club de se sauver en Premier League, rappelle Tim Bridge, manager de la section Sports Business Group du cabinet Deloitte, toujours dans le Daily Mail. Watford se demande donc s'ils vont pouvoir trouver un attaquant aussi efficace même en récupérant tout cet argent. Alors que s'ils s'accrochent à Ighalo et qu'il remarque une quinzaine de buts, ils vont peut-être pouvoir passer une saison de plus en Premier League, ce qui leur rapporterait un minimum de 100 millions de livres (120 millions d'euros, ndlr) soit bien plus que le montant de son transfert. »