Le chef du gouvernement, Habib Essid, a affirmé, hier, devant les députés, ne s'être jamais opposé à l'initiative relative à la formation d'un gouvernement d'union nationale, soulevant, toutefois, la difficulté de la conjoncture pendant laquelle cette initiative a été proposée. Il a estimé que cette initiative, qui est intervenue à un moment où le pays traverse une phase difficile, a entravé l'adoption de plusieurs projets et loi. Habib Essid a rappelé s'être, dès le début, prononcé en faveur de l'initiative présidentielle et disposé à la soutenir. Il a, également, affirmé être resté ferme sur ses positions, se disant étonné d'avoir été poussé à la démission, lors des concertations autour de cette initiative. « Si j'ai été nommé à la tête du gouvernement, c'est grâce au président de la République avec qui j'ai déjà travaillé et dont je connais la méthode de travail», a ajouté Essid, expliquant que ses différends avec Nida Tounès sont apparus, au moment de la nomination des cadres de l'Etat. Ce parti avait alors proposé d'y procéder sur la base des quotas partisans, alors que je me suis attaché au critère de la compétence, a-t-il dit. Il existe plusieurs autres façons de procéder au remplacement du chef du gouvernement, dont le dépôt d'une motion de censure contre le gouvernement ou le retrait de confiance par le parlement sur une demande du président de la République, a lancé Habib Essid, assurant que son choix de solliciter le vote de confiance a pour effet de conférer une valeur constitutionnelle à cette démarche et non pas de « vouloir se maintenir à la tête du gouvernement». Essid a, par ailleurs, estimé que le report de l'examen de certains projets de loi qu'il a qualifiés d'«importants», dont celui relatif à la loi électorale est « un mauvais choix », estimant que le report des élections municipales aura des « répercussions graves sur l'environnement». Réfutant le fait que son gouvernement œuvre sans un programme clair et préalablement défini, Essid a fait savoir que, contrairement, à ses prédécesseurs, son gouvernement a préparé un plan de développement quinquennal (2016-2020), dont l'élaboration a duré près d'une année avec l'implication d'une pléiade d'experts. «Ce programme aurait dû être discuté à l'Assemblée des représentants du peuple avant les vacances parlementaires, sauf que les députés s'y sont opposés sous prétexte d'être concentrés sur la situation sociale dans le pays», a-t-il souligné. Et de renchérir : «Le programme du gouvernement renfermait un ensemble de priorités dont la lutte contre le terrorisme et la vie chère, outre l'instauration de la paix sociale et la lutte contre la corruption». Une première dans l'histoire de la Tunisie De son côté, le président de l'Assemblée des représentants du peuple, Mohamed Ennaceur, a indiqué, hier, à l'ouverture de la séance consacrée au vote pour le renouvellement de la confiance au gouvernement Habib Essid, que cette plénière est «une première dans l'histoire de la Tunisie» moderne. «Solliciter un vote pour le renouvellement de la confiance à un gouvernement déjà en place représente une des formes d'expression de la démocratie », a-t-il dit. Il a rappelé qu'une correspondance est parvenue, le 20 juillet 2016, à l'ARP dans laquelle le chef du gouvernement a sollicité une demande de vote de confiance à son cabinet conformément aux dispositions de l'article 98 de la Constitution et l'article 150 du règlement intérieur de l'Assemblée. Le bureau de l'ARP a, ensuite, décidé de tenir une séance plénière consacrée au vote de confiance au gouvernement Habib Essid, a-t-il ajouté. La séance, présidée par Mohamed Ennaceur, président de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), s'est tenue en présence de 186 députés sur 217. Pour rester à la tête du gouvernement, Habib Essid doit impérativement obtenir 109 voix. Le président de la République, Béji Caïd Essebsi, avait proposé, le 2 juin 2016, la formation d'un gouvernement d'union nationale qui bénéficie de l'appui de la majorité des sensibilités politiques et sociales. Les concertations autour de l'initiative présidentielle avaient abouti, le 13 juillet, à la signature de l'accord de Carthage. Un document de synthèse qui définit les priorités du gouvernement d'union nationale. L'accord de Carthage a été signé par les partis de Nida Tounès, Ennahdha, l'UPL, Afek Tounes, le Projet de la Tunisie, le mouvement Echaâb, l'Initiative destourienne, le Parti républicain (Al-Joumhouri) et la Voie démocratique et sociale (Al-Massar) et l'Union générale tunisienne du travail, l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat et l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche.